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5 conseils pour bien vivre ton don d’ovocytes

Dans mon dernier article, je t'ai raconté pourquoi, et comment, j'avais fait un don d'ovocytes.

Même si j'ai abordé cette démarche de manière très sereine, je l'ai finalement trouvée assez éprouvante.

Aujourd'hui je viens donc te donner quelques conseils pour bien vivre ton don, des conseils que j'aurais bien aimé recevoir avant de me lancer !

1. Sois au clair avec toi même.

Un don d'ovocytes est rarement une démarche que tu fais de manière complètement spontanée, comme un don du sang par exemple. C'est quelque chose de plus intime, et de plus lourd. Elle vient notamment interroger ton rapport à la filiation et à ton patrimoine génétique.)

Pour moi les choses étaient très claires : je donnais uniquement des cellules… et surtout de l'espoir. Un don n'aboutit pas forcément à un enfant, on dit qu'il faut “deux donneuses pour une naissance”. Et si un bébé naissait (ce que je souhaite sincèrement aux parents) je ne le considérerais pas du tout comme mon enfant “caché” ou un frère de Petit Viking… Je considère que la mère est celle qui attend son enfant et qui l'élève.

Mais, comme tu le liras plus loin, en discutant avec plusieurs personnes pendant mon don, je me suis rendue compte que les choses peuvent être perçues très différemment par les autres. Le fait d'être vraiment au clair avec ce que je ressentais m'a beaucoup aidé.

2. Choisis une période où tu es disponible.

On ne va pas se mentir, le don d'ovocytes prend pas mal de temps. Entre les rendez-vous préparatoires, les rendez-vous de contrôle, les piqûres le soir et la ponction en elle-même, cela impacte l'organisation quotidienne. De mon côté cela signifiait arriver plus tard au travail mais surtout jongler pour déposer Petit Viking chez la nounou le matin !

Je te conseille donc de choisir une période où ton conjoint et/ou des proches peuvent te dépanner et où tu n'as pas trop de grosses échéances au boulot.

J'ai fait mon don en décembre, période où je suis toujours un peu sur les nerfs et où L'Amoureux était souvent en déplacement. Clairement ce n'était pas la bonne idée. Être à l'hôpital un samedi matin à 7h30 quand tu n'as personne pour te garder ton bébé peut vite te rajouter du stress !

3. Choisis une période où tu es bien dans ta tête et dans ton corps.

La stimulation hormonale peut jouer sur ton humeur et ta sensibilité. Ce n'est pas le cas pour toutes les femmes mais ce fut le cas pour moi et j'ai été à fleur de peau pendant toute cette période. Si les piqûres ne font pas mal ce n'est pas le moment le plus agréable du siècle et clairement, à la fin de la stimulation, j'avais l'impression d'avoir une équipe de foot qui jouait au ballon dans mes ovaires !

J'ai réalisé, après coup, que je ne m'étais clairement pas laissé assez de temps pour bien vivre ce don et que je l'avais fait rentrer au chausse-pied dans mon emploi du temps déjà blindé.

Pour le deuxième don, je pense que je prendrai plus de temps pour moi, pour me chouchouter et prendre soin de mon corps qui le mérite bien car c'est quand même une petite épreuve à traverser.

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4. Choisis avec soin les personnes à qui tu vas parler du projet

Comme je le disais plus haut, c'est une démarche assez intime. J'ai été étonnée du nombre de personnes autour de moi qui ne comprenait pas du tout ma démarche, voire qui en étaient choquées. En effet, selon les convictions des personnes, leur religion et/ou leur rapport à la filiation, le retour peut être un peu violent.

Assez rapidement, j'ai donc arrêté d'en parler autour de moi et je me suis appuyée uniquement sur les personnes proches qui soutenaient la démarche, notamment L'Amoureux, ou mes parents, qui m'ont répété tout au long du parcours à quel point ils étaient fiers de moi.

J'en ai également parlé à mon équipe au boulot. J'aurai pu ne rien leur dire, mais cela les impactaient (retard le matin, journée d'absence pour la ponction, etc.) donc j'ai trouvé que le plus simple était de leur expliquer. Je leur ai dit que je faisais un don, sans donner plus de détails. Certains sont venus me voir pour en savoir plus et globalement ça a été très bien perçu.

5. Pratique l'auto persuasion !

Entre l'organisation logistique et les retours mitigés des proches, il y avait une autre difficulté que je n'avais pas anticipée : la solitude de la démarche.

Contrairement à la , ce n'est pas une démarche de couple. J'étais en tête à tête avec mes ovaires. L'Amoureux n'était pas présent pendant les rendez-vous bien sûr, mais en plus la période tombait mal. Il n'était pas très bien dans sa tête à ce moment-là et du coup pas forcément très disponible pour m'écouter. Mes amies n'étaient pas très intéressées par le sujet et à force d'avoir des retours “négatifs” de la démarche j'ai rapidement arrêté d'en parler autour de moi.

Enfin, j'ai toujours eu beaucoup de mal avec les hôpitaux et je me suis sentie perdue dans ces immenses couloirs, où rien n'est indiqué, où il faut demander à 4 personnes différentes pour avoir une information, où j'ai patienté de longues minutes dans des espaces d'attente avant qu'on me dise que je n'étais pas au bon endroit… Les prises de sang et les échos n'étaient vraiment pas agréables et clairement le personnel médical faisait ça à la chaîne. Alors certes, je suis là parce que je le veux bien, mais un peu de bienveillance quand on me triturait les ovaires à 7h du matin, ça ne m'aurait pas fait de mal… Je me souviens particulièrement d'un interne qui m'a martyrisée pendant une éternité avec la sonde et que j'ai eu très envie d'envoyer chier.

Du coup, après un petit coup de déprime et de “mais pourquoi je fais ça” j'ai compris que c'était à moi de donner du sens à mon geste, ou plutôt de me souvenir de pourquoi je faisais cette démarche.
Je me suis donc remotivée toute seule :
• J'ai fait part de mes états d'âme à mes copines Tribulettes qui, comme d'habitude, ont été hyper présentes
• Je me suis répétée en boucle que ce que je faisais était un beau geste
• Je suis allée lire des témoignages de personnes qui avaient bénéficié d'un don d'ovocytes et qui étaient devenues parents
• J'ai beaucoup pensé à Petit Viking et à tout le bonheur qu'il m'apportait

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Crédit photo : Pixabay

Et au final, la fin de la procédure s'est beaucoup mieux passée. Lors de la dernière écho, en salle d'attente, je me suis assise à côté d'un couple qui était en attente d'un don depuis un petit moment et qui allait bientôt bénéficier d'un transfert. Les voir tous les deux m'a fait un bien fou.

La ponction s'est très bien passée. Je redoutais vraiment cette étape et le personnel a été aux petits soins, que ce soit les infirmiers, l'anesthésiste, les chirurgiens… la responsable du service est passée me voir après dans ma chambre et m'a longuement remerciée pour ce que j'avais fait. Ça m'a beaucoup touché.

Et puis contre toute attente j'ai reçu plein de messages ce jour-là, de personnes à qui je n'avais pas parlé de la démarche mais qui l'avaient appris par mes parents ou par L'Amoureux et qui m'ont beaucoup encouragé.

Après la ponction, je suis rentrée chez moi avec le ventre comme une pastèque mais très sereine et surtout reconnaissante. Je me sentais tellement déjà chanceuse d'être devenue Maman et je me suis sentie encore plus chanceuse d'avoir pu redonner un peu de ce que j'avais reçu.

Et L'Amoureux dans tout ça ?

Je t'ai beaucoup parlé de mon ressenti, mais assez peu du sien. S'il n'a pas été très présent durant la procédure c'est, d'une part parce qu'il avait d'autres choses en tête, mais aussi parce que je considérais ce projet comme un projet personnel. C'était mon choix en tant que femme et en aucun cas un choix de couple. Et il l'a très bien compris et accepté comme ça.

Quand je lui ai parlé du projet la toute première fois, il était un peu inquiet, plus par méconnaissance qu'autre chose. Il avait peur par exemple que la procédure compromette notre chance d'avoir d'autres bébés. Une fois rassuré, il m'a encouragé tout au long de la démarche, en me répétant régulièrement à quel point il était fier de moi et ça m'a fait beaucoup de bien !

Il en a beaucoup parlé autour de lui, presque un peu trop, et j'ai dû le freiner au bout d'un moment car je ne voulais pas que la terre entière soit au courant. Il est venu me chercher après la ponction car je ne pouvais pas rentrer toute seule. Et même si j'aurai pu prendre un taxi j'étais quand même bien contente qu'il soit là à ce moment-là.

Le bilan :

Bref, je me répète et tu l'auras compris, si j'ai trouvé la démarche épouvante je suis prête à recommencer dès demain. Et je n'aurai qu'un seul VRAI conseil à te donner, si tu es intéressée pour donner, fonce ! Il y a très peu de donneuses en France et beaucoup d'attente pour les couples et chaque don fait vraiment une différence.

Et toi ? Tu as reçu un don d'ovocytes ? Tu en as fait un ? Comment l'as-tu vécu ?