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Devenirs parents au lycée : 5 ans après

Il y a maintenant presque 6 ans, je suis tombée enceinte de mon premier enfant. Quand je l'ai appris beaucoup d'émotions et de questions se sont se mélangées en moi. Comme beaucoup de femmes en somme. Sauf que j'avais 17 ans et que j'étais lycéenne.

Le ciel qui me tombe sur la tête

Je me rappelle comme si c'était hier du jour où j'ai appris ma . Je n'avais aucun symptôme, juste un léger retard de règles. Je prenais la pilule, pourquoi m'inquiéter ?

Mais voulant en avoir le cœur net, j'ai fait un test un vendredi soir, en rentrant chez moi, avant que mes parents ne rentrent. Et là, deux barres sont apparues rapidement… le CHOC ! Que faire ? Que penser ? Je suis restée figé quelques minutes, abasourdie. Puis, reprenant mes esprits, j'ai vite caché le test dans mon sac avant que mes parents ne tombent dessus.

J'ai gardé ce secret tout le weekend. Je ne voulais pas y croire. Si je n'en parlais pas, ce n'était pas réel. Le lundi, pourtant, en sortant du bus pour aller au lycée, je me suis effondrée en larmes. J'ai appelé ma meilleure amie pour qu'elle me rejoigne devant le lycée. Je lui ai tout expliqué et nous avons refait un test ensemble, évidemment encore positif. Je ne pouvais plus nier l'évidence.

Je l'ai dis le soir même à mes parents et à mon copain, avec qui j'étais depuis à peine un an. Tout s'est enchaîné très vite : prise de sang, échographie de datation, rendez-vous au planning familial. Tout était clair pour tout le monde, j'avorterais.

Un choix difficile

Sauf que j'ai fais l'échographie de datation avec ma maman, et là, tout s'est bousculé dans ma tête. Surtout quand l'échographe a dit « Un avortement ? mais c'est trop tard. Il est bien trop formé là ! ». Après lecture de l'échographie, il s'est avéré que j'étais déjà à 10 semaines de grossesse. (J'ai eu mes règles « anniversaire » en début de grossesse, et aucun symptôme, c'est pourquoi je ne me suis pas inquiété avant.)

Il me restait donc à peine 2 semaines pour me décider. 2 semaines pour décider du reste de ma vie. C'est court ! Et long à la fois. Ces 2 semaines ont été très difficiles. Tout le monde me poussait à avorter, personne ne m'écoutait, y compris le futur papa…

J'ai eu droit à des paroles très blessantes de la part de mes proches. Ils m'emmenaient aux rendez vous du planning familial et mon avortement était programmé. Je subissais les entretiens. Mais en parlant avec la psychologue, elle a bien compris que ce n'était pas mon choix. Elle m'a dit que c'était à moi et moi seule de choisir, peu importe mon âge. Elle m'a soutenu devant mes parents, qui se sont donc disputés avec elle. J'étais perdue. Un jour, je me rangeais du côté de mes parents, et l'autre je voulais garder cet enfant.

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J'ai pris mon courage à deux mains, et je suis allée au centre communal de ma ville pour prendre des renseignements si je gardais cet enfant. Je voulais avoir toutes les cartes en main pour me décider. Nous avons longuement parlé avec le papa. Nous avons pesé le pour et le contre, puis annoncé notre décision ferme à nos parents. La pilule a été dure à avaler, mais finalement ils ont accepté.

photo de couple mur peint

Crédits photo (creative commons) : theaudettes

Être maman et lycéenne : impossible ?

Une fois la décision ferme, ma mère et moi avons pris rendez-vous avec le conseiller principal de mon lycée. Je lui ai expliqué ma situation. Il a été très compréhensif. Il en a ensuite discuté avec mes professeurs. Les personnes de ma classe l'ont également appris. Je n'ai eu quasiment que des bons retours en face à face. Bien sur, j'entendais des chuchotements ou des regards insistants à mesure que les mois passaient et que mon ventre s'arrondissait.

En revanche, c'est du côté de mes « amis » que ça a été l'hécatombe. Au moins, ça a permit de savoir sur qui on pouvait compter. Nous étions en décalage avec eux. Nous n'avions plus les mêmes centres d'intérêt. Même nos parents ont perdu des « amis ». C'est pour dire la méchanceté des gens !

Jusqu'à 8 mois et demi, j'ai mené ma petite vie de lycéenne quasiment comme tout le monde. Je prenais le bus tous les jours, j'allais en cours, je révisais, je continuais à avoir de bonnes notes, tout en sentant les coups de mon petit loup. Mon chéri aussi allait au lycée, et il avait prévenu ses profs qu'il pouvait quitter le cour à tout moment si je devais accoucher.

À 3 semaines du terme, je me suis arrêtée. Mes profs m'ont alors envoyé les cours par mail pour que je ne loupe rien. Je pouvais donc me reposer en vue du grand jour, tout en continuant d'apprendre à l'approche du bac.

J'ai accouché d'un merveilleux petit garçon. J'ai ressenti un amour inconditionnel quand je l'ai vu, tout comme son papa. Mes parents et mes beaux parents en sont devenus complétement gagas et se sont excusés de leur comportement lors de ma grossesse.

Après mon accouchement, nous nous sommes installés chez mes beaux-parents. J'ai repris le lycée. Ça me déchirait le cœur de laisser mon bébé si petit. Mais je voulais à tout prix décrocher le bac, pour rendre fiers mes parents et mon fils, pour moi aussi bien sûr, mais aussi pour montrer que j'étais capable d'assurer de front mon rôle de mère et mon rôle de lycéenne.

Mes journées étaient bien remplies. Le matin, je donnais le biberon à mon bébé, puis je passais le relais à ma belle-mère. Je me préparais puis allais au lycée. Là, je redevenais une ado comme les autres, puis je rentrais et je reprenais mon rôle de maman (bain, jeux, biberon, coucher). Une fois qu'il était au lit, je pouvais faire mes devoirs.

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Mon chéri et moi avons obtenu notre bac, non sans fierté. Nous sommes resté un an chez mes beaux-parents. La cohabitation a parfois été difficile, mais je ne les remercierais jamais assez pour leur aide ! (Je ferais peut-être un article sur ce sujet plus précis.)

Et maintenant ?

5 ans après la naissance de notre fils , nous faisons un métier qui nous plait, nous sommes mariés et avons agrandit la famille avec un deuxième enfant. Ça a fermé le clapet à certaines personnes qui ne donnaient pas cher de notre couple. Mais nous avons réussi à construire notre couple en même temps que notre famille.

On entend encore quelques réflexions du style « Quoi ? À 22 ans, vous avez 2 enfants ? Vous n'avez pas perdu de temps ! ». Malgré tout, nous ne regrettons rien. C'est sûr, nous n'avons pas la même jeunesse que la plupart des jeunes de notre âge. Parfois on est en décalage, mais on a su s'entourer, cette fois d'amis compréhensifs. Alors on ne fait pas souvent de sorties en boite ou dans un bar, mais on fait des soirées chez nous ou nos amis, et on emmène nos enfants. Ils sont les seuls enfants, alors ils sont très chouchoutés du coup ! Et quand on veut sortir sans eux, on les laisse parfois aux grands-parents, qui sont ravis de pouvoir les garder.

J'ai mis du temps à sortir sans culpabiliser de laisser mon aîné, ou simplement que quelqu'un le prenne dans ses bras, lui donne à manger etc., car je me disais : « J'ai choisi d'avoir cet enfant, il faut que je l'assume entièrement. ». Je ne voulais surtout pas qu'on puisse me reprocher quoi que ce soit. Je voulais prouver que malgré notre jeune âge, on savait s'occuper de notre fils et le rendre heureux et équilibré.

Malgré tout, je ne fais pas l'apologie des jeunes mamans. Je sais que j'ai la chance d'avoir une famille présente, un chéri merveilleux. Ce qui n'est malheureusement pas le cas de toutes les jeunes filles et de tous les couples.

Si un jour, tu découvres, catastrophée, que tu es enceinte, ne laisse personne décider à ta place. Prends le temps de la réflexion, pèse le pour et le contre. Ce choix appartient à toi et ton conjoint. Et inversement, si c'est une personne de ton entourage, essaye de la soutenir au maximum quelque soit sa décision, sans l'influencer pour un choix ou un autre. Quoi qu'elle choisisse, elle aura besoin de ton soutien, pas de ton jugement.

Et toi ? Tu as découvert une grossesse imprévue un peu tard pour avorter ? Tu as fait un choix que personne ne comprenait à l'époque ? Tu as dû mener de front études et bébé ? Raconte !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !