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A la une / Récit d'accouchement

Mon accouchement gémellaire

Lors de mon dernier article, je t'avais laissé alors que j'étais à 35SA, c'était un mercredi.

Le vendredi et le samedi, j'ai des douleurs étranges au niveau du pubis, à gauche. Ce ne sont pas des contractions, ça dure 20min environs et ça fait un mal de chien, je sens que quelque chose se passe. J'ai rdv lundi à la , j'en parlerai à la sage-femme.

Cette douleur me réveille à 5h du matin la nuit de samedi à dimanche, je souffre énormément. Je me dis que dans la matinée, on montera avec mon mari à la maternité pour vérifier que tout va bien, cette douleur commence à être trop présente et ça m'inquiète quand même. Je réussis à me rendormir et à 7h, je me réveille, je sens qu'un liquide chaud commence à couler  , je me lève en catastrophe et là, c'est l'explosion, je me vide complètement , j'ai perdu les eaux et en plus le liquide est un peu rouge. Je panique complètement, j'ai peur de la rupture utérine, j'ai peur pour mes bébés ! Il y en a plein la chambre, on se croirait dans un épisode de Dexter.

Mon mari me rassure et appelle la maternité, ils nous attendent.

Ma valise n'est pas finie, je pensais tellement avoir le temps. Je cherche mes papiers rapidement et j'attrape la valise des bébés. Heureusement, elle était faite, je rajoute quand même tout mon stock de vêtements naissance et j'enlève le 1 mois, on ne devrait pas en avoir besoin. Ma belle-mère arrive et nous voilà partis.

Je ne suis pas prête à accoucher, je pensais tellement avoir le temps, je suis un peu perturbée par les évènements. D'ailleurs, notre fille n'a toujours pas de prénom et on va devoir se décider dans la précipitation, ce que je ne voulais pas. Chéri, lui, est serein, comme à son habitude !

crédit photo: Parentingupstream

On arrive à la maternité, les sage-femmes nous attendent, on nous installe dans une salle de travail.

L'une d'elle nous confirme que j'ai bien rompu une poche (sans blague !) et que la naissance, c'est pour aujourd'hui, mais on ne sait pas encore comment, on attend la décision du médecin. Elle nous rassure en nous expliquant que le sang dans le liquide, c'est parce que le col a saigné et que tout va bien pour tout le monde. Le monito indique que les petits vont bien et que j'ai des contractions, 3 toutes les 10min que je ne sens pas, je commence à rêver à un accouchement sans péridurale surtout que mon col est ouvert à 1 cm et que le travail est lancé!!

Chéri est toujours serein, il envoie des messages pour expliquer à nos proches qu'on est à la maternité.

L'interne arrive pour faire une écho, notre fille a toujours la tête en haut et notre fils, la tête en bas. Elle nous explique que la douleur intense ressentie est la tête de notre fils qui appuie, rien de grave. Je suis persuadée que c'est comme ça qu'il a rompu sa poche  (j'apprendrais plus tard que c'est en fait ma fille qui a rompu sa poche).

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La gynéco de garde arrive et brise mon rêve, ça sera une césarienne. Elle me dit que comme notre fille est en siège et que je n'ai pas eu de radio du bassin, on ne sait pas si le passage est possible, même si elle va être de petit poids. Surtout qu'il va sûrement falloir faire une grande extraction ( aller la chercher et la retourner), et ils n'aiment pas faire ça sur un utérus cicatriciel.

Bref, je suis déçue et toutes mes craintes reviennent, la douleur, la difficulté à me sentir mère et le temps que j'ai mis à m'attacher…

Je demande quand même si mon mari peut y assister, elle se renseigne auprès de l'anesthésiste de garde mais elle me laisse peu d'espoir.

On nous installe dans ma chambre en attendant de me descendre, une césarienne est en cours, je suis la prochaine, il y a apparemment beaucoup de naissance aujourd'hui dans cette maternité.

On me pose la sonde urinaire, là, dans ma chambre. Je pensais que ça se faisait au bloc, une fois la rachi posée, mais apparemment, pas dans cette maternité ! Je suis déçue, je demande à mon mari de ne pas regarder . ça fait mal et je sens ce tuyau qui est incroyablement gênant,j'ai juste envie de l'arracher !!

Elle continue en me rasant, toujours sur mon lit d'hôpital et nous annonce que chéri ne pourra pas assister à la césarienne. Grosse déception, je vais vivre ça seule, je vais les découvrir de mon côté et mon mari du sien . Il ne pourra pas me rassurer, me serrer la main fort si j'ai peur… je vais mettre au monde nos bébés toute seule.

Lui, il n'est pas déçu, il me dit que ce n'est qu'une question de temps et que nous serons bien vite réunis (mon mari et son pragmatisme !).

Je descends au bloc, c'est une équipe entièrement féminime qui va m'accompagner. J'aime bien cette idée, que seules des femmes vont être présentes pour mon accouchement, un peu comme avant.

Le personnel est vraiment très à l'écoute, elles me parlent, me rassurent, plaisantent. Elles sont toutes maman et je pense qu'elles comprennent ce que je ressens. L'une d'elles à même eu des jumeaux. J'ai bien évidemment droit aux éternelles questions : c'est des vrais ?c'est naturel ? Et toujours la même surprise quand je raconte que mon mari et moi, nous avons tous les 2 une jumelle !

L'infirmière qui reste de mon côté est géniale, elle me parle d'une voix douce et m'explique ce qui se passe de l'autre côté du drap. La seule qui ne parle pas trop, c'est la gynéco et j'ai su plus tard pourquoi (j'en parle à la fin de l'article, si tu à tendance à être angoissée, ne le lis pas.)

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A 11h52, on m'incise. C'est un peu plus long pour atteindre l'utérus car il y a des adhérences causées par ma césarienne. C'est aussi pour ça qu'ils n'aiment pas pratiquer plus de 4 césas sur une maman (ok, ok, je m'arrête à 2 de toute façon !)

A 12h01, Notre fils est né, on me dit qu'il est costaud, ça me rassure un peu… on le pose brièvement sur moi. Il pleure, il ne semble pas si petit que ça finalement pour un bébé prématuré et je pleure aussi. De joie, de peur… La sage-femme repart avec lui et à 12h03, c'est au tour de notre fille . Elle semble minuscule, je cherche des ressemblances mais je n'en trouve pas. On fait un bref câlin et elle part aussi, voir la pédiatre.

Quelques minutes plus tard, on les ramène pour un 1e câlin à 3, ils sont en pleine forme, comme si ils étaient nés à terme. Je trouve ça incroyable, j'ai mis au monde 2 bébés, ils sont là et ils vont bien. Le câlin ne dure pas trop parce que mon fils  gémit, on m'explique à ce moment là qu'il a froid.On finit la césarienne et je pars en salle de réveil, chéri me retrouve. Je ne me souviens pas de ce qu'on s'est dit, ça me paraissait tellement surréaliste que nos bébés soient nés, j'avais peine à y croire, tout a été trop vite finalement, je n'ai pas eu le temps de réaliser pleinement ce qui venait de se passer.

La puéricultrice vient chercher chéri parce que notre fils  gémit toujours, elle pense que du peau à peau lui ferait du bien. Je les imagine tous les 2, partageant ce moment et je suis béate, heureuse !

Avec du recul, je suis contente d'avoir eu une césarienne. Mes enfants étant prématurés, ils ont eu besoin d'un petit coup de pouce après la naissance. Je me dis que si ils avaient dû subir des contractions et un accouchement par voie basse, ils auraient peut-être eu plus de difficultés. J'ai eu une équipe au top, qui m'a entouré, chouchouté et les suites de couches ont été bien plus faciles que pour ma 1e césarienne. Je n'ai absolument aucun regret, j'en garde un excellent souvenir.

PS : j'ai connu plus tard la raison de ma césarienne. Le jour où j'ai accouché, une maman a mis au monde un bébé de 600g, elle était à 25SA, elle ne le sentait plus bougé et ils l'ont césarisé en urgence.Le bébé n'a vécu qu'une semaine. La gynéco a été très touché par cela et a préféré ne pas prendre de risque avec moi, elle voulait une maman en pleine santé entourée de ses bébés.