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A la une / Vie de maman

Mon rôle de représentante des parents en crèche

Cette année je vis une expérience intéressante : je suis devenue représentante des parents en crèche. Je ne m’y attendais pas vraiment mais ce sont les éducatrices qui me l’ont proposé en début d’année. J’ai été très touchée, et ayant un attrait certain pour l’engagement j’ai accepté.

Je ne sais pas s’il existe la même chose en France, comment cela est organisé. Ici les crèches (même si la traduction est inadéquate) accueillent en fait les enfants jusqu’à leur scolarisation à six ans. Elles sont donc aussi des écoles maternelles, je t’en reparlerai le moment venu.

Au début je ne savais pas trop à quoi m’attendre et je trouve finalement cette expérience très enrichissante… Alors j’ai décidé de venir te la raconter. Etre représentante de parents dans une crèche, ça veut dire quoi ?

Crédits photo : thumprchgo

La partie « comité des fêtes »

Je suis responsable de gérer une petite caisse commune pour acheter des cadeaux aux éducatrices pour leur anniversaire par exemple. J’organise aussi parfois des sorties entre parents, pour apprendre à nous connaître. Nos enfants passent toutes leurs journées ensemble, ça peut valoir le coup ! Je participe enfin à l’organisation de la fête de fin d’année et de la grande action de revente organisée chaque automne. C’est peut-être une spécificité allemande aussi : chaque année en septembre, presque toutes les crèches (KiTa pour être précise) organisent un marché aux puces au sein de l’établissement. Les parents d’enfants plus grands y vendent leurs affaires aux parents d’enfants plus petits. C’est un grand évènement qui permet de faire un peu de publicité à la structure et aussi de ramasser quelques fonds. On en profite toujours pour vendre des gâteaux et des boissons et pour faire une petite collecte, cette année pour financer un nouveau toboggan par exemple. J’aime bien cette partie. Je suis expatriée, assez extravertie et suis toujours contente de faire de nouvelles rencontres.

La partie « organisation »

Je vais te donner un exemple simple : les parents étaient déçus que la structure ne mette pas de fruits frais à disposition des enfants pour le goûter qu’elle fournit. Nous avons donc décidé entre nous que nous allions nous relayer et chaque semaine un couple de parents apporte un cageot de fruits pour tous les enfants, que les éducatrices se chargent de distribuer avec le goûter. C’est une petite chose toute bête qui demande quand même, tu t’en doutes, une petite organisation. Je suis donc chargée de planifier tout ça et de vérifier que tout le monde joue le jeu (même si sur ce point il n’y a jamais eu aucun souci finalement, au contraire les éducatrices doivent souvent gérer un surplus).

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La partie « politique »

C’est la partie la plus intéressante pour moi évidemment. En tant que représentante des parents, je suis conviée à plusieurs instances décidantes. Ces instances représentent généralement les financeurs (la ville et mon employeur) et les gérants de la crèche. Pour tout te dire, l’enfance et l’éducation ne sont pas du tout mes thèmes de prédilection. Je n’y connaissais pas grand chose avant d’avoir moi-même un enfant. Alors les sujets dont nous discutons pendant ces réunions, souvent, je n’y avais jamais réfléchi avant. Mais j’aime cela, apprendre, écouter, peser les avis de chacun pour finalement forger mon opinion et donner ma voix. J’essaie aussi de ne jamais oublier que je ne suis que la représentante des autres parents. Je peux avoir un avis personnel sur un sujet mais j’essaie toujours de penser à l’intérêt général du groupe avant.

Il y a trois sujets sur lesquels j’ai dû réfléchir récemment et que j’ai trouvés vraiment passionnants.

  • Le premier est la définition des critères d’attribution des places. En Allemagne comme en France, peut-être encore plus qu’en France, obtenir une place en crèche est extrêmement difficile. Alors entre dix postulants il faut choisir et tenter de déterminer des critères objectifs pour le faire. Lorsque j’ai lu la liste des critères proposés une chose m’a sautée aux yeux : selon ces critères je n’étais pas du tout prioritaire. Il y était question de difficultés économiques ou familiales, de problèmes d’intégration, à aucun moment du fait que les deux parents travaillent. Spontanément je n’ai pas trouvé ça normal. Je me suis dit qu’il fallait l’ajouter, pour favoriser l’emploi des mères qui est encore tellement à la traîne ici. Et puis j’ai changé d’avis. Je me suis dit que si j’essayais de prendre un peu de hauteur, entre un enfant dont la famille est en difficulté financièrement ou socialement et notre fils, il valait mieux en effet accueillir le premier. Parce que même si cela oblige mon mari ou moi à revoir nos plans de carrière, cela ne met pas notre fils en danger. J’ai donc voté une liste de critères d’attribution qui me plaçait au dernier rang. Je t’explique comment mon avis a évolué sur le sujet en y réfléchissant, mais je ne suis pas dogmatique. Je serai ravie de savoir ce que tu aurais fait à ma place en commentaires !
  • Un deuxième sujet maintenant : l’accueil des enfants de réfugiés. Tu n’es pas sans savoir que l’Allemagne a accueilli environ un million de personnes l’an passé. Or ces personnes ont souvent des enfants, qui doivent être accueillis. Etant donné qu’une crèche ne se construit pas en quelques mois, la ville a du gérer leur prise en charge comme elle le pouvait. Dans notre établissement, cela s’est traduit par l’accueil supplémentaire de dix enfants : ils étaient cinq groupes de dix, ils sont désormais cinq groupes de douze. Le personnel a été forcément mécontent de ce changement et je les comprends. Pour elles, c’est une énorme surcharge de travail sans aucune indemnisation. Il faut ajouter à cela que beaucoup d’enfants et de parents ne parlent pas allemand ce qui ne facilite pas leur travail. Les locaux n’ont pas été aménagés non plus en fonction, il y a donc plus d’enfants dans des salles encore petites. En tant que représentante de parents, je me suis trouvée un peu entre deux. Bien sûr touchée par la nécessité d’accueil de ces nouveaux arrivants, et d’un autre côté soucieuse de préserver l’accueil des présents – dont mon propre enfant. Nous avons longuement discuté et débattu avec la direction de tout cela. Finalement nous avons trouvé un compromis : faire de cette année une période test. En janvier, un organisme indépendant va procéder à une évaluation de la qualité d’accueil. En fonction de ses résultats, il sera décidé de maintenir ou pas cette mesure exceptionnelle.
  • Un troisième sujet, plus léger peut-être : faut-il donner de l’eau du robinet ou de l’eau en bouteille aux enfants ? La crèche accueille les enfants à partir d’un an, ils sont donc à priori tous en âge de boire de l’eau du robinet. Cela présente des avantages écologiques (moins de déchets et de transport) et économiques évidents. Mais l’eau du robinet est-elle vraiment d’aussi bonne qualité que l’eau en bouteille pour de petits enfants ? Nous avons eu à notre disposition plusieurs rapports d’analyse sur la qualité de l’eau de robinet de notre région. Je ne suis pas biologiste et j’ai eu du mal à les consulter (en allemand en plus tu imagines !). Sur ce sujet très sincèrement je peinais à avoir un avis… Finalement je me suis rangée aux côtés de la majorité qui a voté pour l’eau en bouteille. Là encore je serais intéressée de savoir ce que tu en penses, la question finira peut-être par se reposer !
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En tout cas tu vois, on ne chôme pas en tant que représentant de parent, on planche aussi sur du sérieux ! Mais je dois dire que ça me plait. C’est un petit engagement microscopique mais concret qui me donnerait presque envie de faire mieux et plus grand.

Et toi, tu as déjà eu l’idée de t’engager pour l’éducation de tes enfants ? En France, ça se passe comment ?