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Quand le deuil périnatal survient en fin de grossesse

Le périnatal est passé chez moi. Je ne l'ai pas vu venir, il est arrivé sur la pointe des pieds, mais il a fait un bruit fracassant en partant. J'ai toujours pensé que, passés les fameux 4 mois de , hors cas exceptionnels, rien ne pouvait plus arriver à Bébé.

Erreur monumentale. Mon ange Milan s'est envolé à 38 semaines de grossesse et 4 jours. Pourquoi ? Triple circulaire du cordon… Ce soir-là, quand je me suis rendue à la pour un monitoring de contrôle (Bébé n'avait pas bougé de la journée), je me suis dit que j'allais encore passer pour une mère qui panique pour un rien.

lit de bébé vide

Crédits photo (creative commons) : US CPSC

Hélas, j'avais eu raison de paniquer. Après de longues minutes à chercher les battements de son cœur, la sage-femme propose une échographie. Pour moi, rien d'inquiétant, il était mal placé, il fallait toujours une écho pour le trouver. Mais au moment où, elle m'a dit « vous savez, je ne suis pas très douée , » une alarme a clignoté au point que je ne voyais qu'elle.

Mon gynécologue est entré silencieusement. Trop silencieusement, il est du genre joyeux et expansif d'ordinaire, mais pas là… Là, il a un air grave. Mes pensées se bousculent, je sais ce qu'il va m'annoncer, je ne veux pas l'entendre ! Il regarde l'écran, très concentré, le tourne vers lui… Je sais ce qu'il va dire, je ne veux pas qu'il prononce ces mots, je veux qu'il se taise, qu'il me dise juste que tout va bien, que j'ai paniqué pour rien !

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Il presse mon genou de sa main, et me dit juste « Désolé, le cœur ne bat plus… » . Le mien s'emballe. J'entends hurler, un hurlement sauvage, primitif, qui n'a presque rien d'humain ! Mais c'est moi ? Moi qui pousse ce rugissement venu de mes entrailles… Mes yeux ne veulent plus rien voir, mes mains serrent ce ventre où mon bébé est encore, impuissantes, mais elles serrent très fort, comme pour lui dire de revenir.

Je suis là, allongée sur la table d'examen, vide et emplie de ce bébé à la fois. Je ne sais pas si tout ça est réel, non, ça ne peut l'être, c'est un cauchemar de grossesse hein ?

Puis la réalité revient, il y a la foule d'examens qui suivent cette annonce, l'échographie qui montre son cœur à l'arrêt, le second gynécologue qui valide son décès, les prises de sang, d'urine, une lame vaginale… Et là, il faut rentrer, rentrer annoncer aux frères de mon bébé qu'ils ne le verront jamais, que sa chambre doit être débarrassée, car elle ne servira pas.

Son papa à l'air alors comme hébété, anesthésié. La procédure du départ de mon bébé hors de mon corps ne nous sera expliquée que le lendemain, à mon retour à la maternité. Maternité, drôle de mot pour nous, quand je vais à la maternité pour perdre définitivement cet enfant, alors que je devrais y être pour l'accueillir dans ma vie…

J'ai mis 5 jours pour lui donner le jour qui ne sera que nuit, je nai pas envie qu'il parte de mon ventre, même s'il n'y est déjà plus… Tout ce chemin à faire pour accepter qu'il parte, pour accepter de le voir, pour le toucher.

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Je ne regrette rien, j'ai compris pourquoi il fallait que j'accouche comme ses frères, même si l'idée était rédhibitoire au départ. Ça m'a permis d'accepter l'idée de le voir, de le prendre dans mes bras, de l'embrasser, et surtout de le laisser partir

Pourquoi parler de ce moment difficile ? Car hélas, depuis ce jour, je sais que beaucoup trop de parents sont touchés, qu'ils sont comme nous isolés dans une peine difficilement compréhensible pour autrui. Voilà, je veux en parler, je veux que les parents dans ce cas sachent que nous sommes là les uns pour les autres.

Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !