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Le bilan de ma reprise du travail

Chère lectrice, cela fait quelques temps que nous ne nous sommes pas parlé, toi et moi. Oui, c'est vrai, je t'ai un peu abandonnée. Mais crois-moi, c'était pour la bonne cause puisque j'ai bossé à mort pour cet article.

En effet, figure-toi que j'ai infiltré le monde du travail pendant un mois. Après un an et demi sans travailler, je reviens te raconter, en toute objectivité (bien sûr), ce que ça fait de reprendre le boulot.

Les avantages

  • L'argent. Eh oui, le nerf de la guerre ! Pour notre foyer, passer de 1200 (les bons mois) à 2000€ (au bas mot) de revenus mensuels, ça change tout ! Ça permet surtout de moins s'inquiéter des fins de mois, de pouvoir ré-envisager de se faire un peu plaisir de temps à autre. Pour élever un enfant, vivre confortablement, ce n'est pas essentiel (non non, je te jure !) mais c'est rassurant.
  • Le changement. C'est vrai que le travail, surtout dans une grosse boîte, ce n'est pas forcément l'éclate totale tout le temps. Mais ça reste une distraction par rapport à la maison. Pas de cri, pas de pleurs, pas de bataille pour enfiler les chaussures ou donner la dernière cuillère du petit pot, de vraies discussions entre adultes et des objectifs demandant une réelle implication intellectuelle. Le paradis du parent esseulé.
  • Le plaisir de se retrouver. Je ne peux pas, et ne veux pas, parler des fameux « moments de qualité » qu'on est censé avoir avec son enfant quand on le voit moins. Ça sous-entendrait que les parents au foyer n'ont pas une relation de qualité avec leurs enfants, ce qui est à mon sens absurde. Mais il est vrai que, quand on voit moins son enfant, l'enthousiasme de le retrouver nous rend sûrement plus patient, moins à cran. Après une journée passée à réfléchir à diverses problématiques au travail, régler un souci de couche mouillée ou de sucette égarée, ça semble juste du gâteau.
  • La sociabilité. Je ne sais pas pour toi, mais moi, quand je ne travaillais pas, je ne tenais pas pour autant salon tous les jours. Et n'étant pas un club vacances, je n'organisais pas non plus de sorties quotidiennes. C'est tout bête, mais amener quatre ou cinq jours par semaine son enfant à son lieu de garde lui permet de voir très régulièrement des personnes extérieures au foyer. Depuis qu'elle a une nounou, j'ai pu constater que ma fille allait beaucoup plus facilement vers les gens, qu'elle était beaucoup moins méfiante. Coïncidence due au fait qu'elle grandisse ou réel bienfait de la séparation ? Dur à dire.
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Les inconvénients

  • Le retour de flamme. Cela peut sembler un peu prétentieux, mais depuis ma , j'ai l'impression que ma fille est en manque de moi. Au point que quand je suis là, c'est une vraie glu : où que j'aille, elle me suit, elle veut manger et dormir avec moi, elle cherche sans cesse à téter (et pourtant elle boit des biberons pendant mon absence !), si je la pose, elle pleure, si elle ne me voit plus, elle panique… comme si elle avait constamment peur que je parte. Elle a toujours été un peu comme ça (tu connais les BABI, bébés aux besoins intenses ?), mais il me semble que notre séparation forcée a amplifié le phénomène au lieu de l'atténuer. Ennuyeux.
  • La diminution du temps passé ensemble. Quand on travaille loin de son enfant, ben on le voit moins (sept ans d'études, la fille !). Et tu sais, le temps n'a pas le prix. Ces moments que je ne passe pas avec mon bébé, personne ne va me les rendre. Si pour le deuxième, je prends un long congé parental comme c'est mon souhait, je me serai consacrée plus intensément au petit frère qu'à ma première. Pour moi qui suis (aussi) une aînée, habituée à être sacrifiée au profit de mes frères et sœurs, la pilule est dure à avaler.
  • Le manque de temps en général. Tu travailles à temps plein, tu n'as pas d'enfant et tu as l'impression d'avoir pleeein de temps libre ? Non ? Imagine alors ce que ce serait si, en plus, tu avais un gnome qui t'attendait chez toi (enfin, « chez toi », chez sa nounou, plutôt : pas lavé, pas en pyjama, encore moins couché bien évidemment…) quand tu rentres crevée à 20h30. Le ménage ? Hi hi. Un blog ? Ha ha.
  • L'étranger. Ou plutôt, la plupart du temps, l'étrangère. Cette personne que tu ne connais ni d'Ève ni d'Adam qui va prendre soin de ton enfant quand tu n'es pas là (du moins tu l'espères), tout en ne prenant pas ta place dans son cœur (du moins tu espères que non). Faire confiance tout en faisant taire la crainte du remplacement ? Un défi de plus pour WWM (Wonder-Working-Mum) !

Voilà, j'ai rempli ma mission, je t'ai livré mon bilan de maman qui travaille à l'extérieur. Maintenant que j'ai la satisfaction d'avoir pondu un bel article, je vais pouvoir retrouver la quiétude de mon foyer.

Alors oui, c'est vrai, je t'avais promis l'objectivité, et mon article est orienté. Par l'ordre avantages-inconvénients qui te laisse sur une note négative (rhétorique mon amour). Par ma sensibilité, qui a toujours été dans le sens des parents au foyer. Par le fait que la situation était temporaire et que je n'avais aucune envie de chercher à m'en accommoder.

Sache tout de même, Maman qui va reprendre le travail, que c'est souvent moins terrible que ce qu'on imagine. Les bébés ont une grande sensibilité et il serait cruel de la nier en les décrivant comme malléables à souhait. Cependant, ils ont aussi une formidable capacité d'adaptation, qui leur permet de se nourrir, de dormir, de jouer et même d'être heureux (outch, le coup est rude pour nous !) quand nous ne sommes pas là.

Je mentirais en disant qu'un bébé se moquera complètement d'être confié pour la première fois à un ou une étranger(ère), mais il aura en lui les ressources nécessaires pour surmonter cette épreuve et en prendre son parti (quitte à te le faire payer un peu plus tard, mais enfin, depuis quand a-t-on aboli le droit aux contreparties ?). Nos bébés ne sont pas des boules de pâte à modeler dont on peut faire ce qu'on veut, ce sont au contraire de petits êtres dotés d'une grande force mentale et d'une intelligence pratique redoutable. C'est sur cette force et cette intelligence qu'il nous faut compter quand vient le moment de se séparer.

Et tout se passera bien. Promis.

Et toi ? Tu vas reprendre le travail sous peu et tu appréhendes ? Tu as repris le travail et tu en tires un bilan positif ? Ou au contraire l'expérience a été très dure à vivre ? Tu ne te sens pas prête à sauter le pas ? Ou alors tu n'attends que ça ? Raconte !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !