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Moi, maman ! La mère réelle

Chose promise, chose due ! Voici l'article dont je te parlais. Mais attention, je te préviens : aujourd'hui, c'est jour de fête. Pour compenser l'auto-flagellation de la dernière fois, je m'offre un article de congratulations !

Depuis dix-huit mois, je ne me reconnais pas. Non pas que je me sois perdue au milieu des couches, ou entre mon lit et la chambre de ChérieChou lors d'un énième réveil nocturne, non non. Quoique… Mais ceci est une autre histoire, que j'ai déjà longuement partagée avec toi.

Non, je ne me reconnais pas, tout simplement parce que je me redécouvre. La m'a changée. Je ne suis plus la femme que j'étais, et je ne le serai jamais plus. Je ne parle pas là de ma silhouette qui, certes, je te l'accorde, en a pris un coup. Je parle de quelque chose de plus subtil, de plus fin, qui s'est installé insidieusement et qui, doucement, au fil des mois, a fait de moi une maman.

Comme je te le disais la dernière fois, je suis une maman imparfaite, loin de l'idéal que je m'étais forgé ! Mais si je regarde avec un peu de bienveillance mon parcours de maman, je peux dire que c'est carrément moins mauvais que ce que je craignais.

C'est l'histoire typique, bien sûr. Moi qui étais une jeune femme dynamique et ambitieuse qui ne tenait pas en place, je me surprends à rechigner au moindre déplacement professionnel, à hésiter à profiter d'une soirée entre amis si je ne peux pas y emmener ma fille. Moi qui ne me posais jamais plus d'un soir par semaine, et qui courais sans cesse à droite et à gauche pour aller à toutes mes activités, je me surprends à choisir les soirées au calme, à la maison, à regarder béatement ma fille gazouiller. Je me résous même, bon gré, mal gré, à adapter mes vacances, qui jusqu'à présent, se résumaient à parcourir les quatre coins du globe.

Bref, je ne suis plus moi, et mon moi d'avant n'existe plus.

Mais lorsque je prends le temps de regarder en arrière, je me rends compte que l'arrivée de ma fille dans ma vie a fait émerger des pans entiers de ma personnalité dont je ne soupçonnais pas l'existence…

Devenir mère qualités

Crédits photo (creative commons) : Giorgio Montersino

La patience

On m'a répété toute mon enfance que la patience, décidément, ce n'était pas mon fort. Et pour être honnête, c'était bien vrai ! Pour moi, il faut que tout aille vite : quand je décide quelque chose, j'ai beaucoup de mal à attendre. La preuve ? On s'est mariés à peine sept mois après la demande de Mister F.

Même dans le cadre professionnel, je ne suis pas réputée pour ma patience : je veux que les choses avancent vite et bien, et si ce n'est pas possible, il faut m'expliquer pourquoi, preuves à l'appui ! (Non, ne pars pas en courant, je suis une collègue sympa, aussi, en vrai !) Pendant ma , je regardais les semaines défiler avec une lenteur exaspérante : que c'était long !

Alors pourquoi, dès l'instant où j'ai eu ma fille dans mes bras, cette attitude a-t-elle changé ? Je ne comprends pas d'où viennent ces trésors de patience que j'ai réussi à déployer, jour après jour (et surtout nuit après nuit, dans les premiers temps !) pour bercer ma fille, pour l'apaiser, ou pour jouer avec elle (car non, au début, ce n'est pas très interactif, un bébé !!).

Même encore maintenant, je sens bien que les apprentissages se font avec le temps et qu'il est important pour elle qu'on lui répète inlassablement les mêmes choses, que ce soit pour les interdits (« Non, pour la millième fois de la journée, ne touche pas à la prise ! ») ou pour les petites tâches de la vie quotidienne. La patience s'est invitée dans mon quotidien, et je goûte avec joie cette nouvelle qualité, qui me permet de profiter de ma fille.

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L'endurance

Car oui, il en faut, de l'endurance, pour être parent ! Là encore, moi qui suis plutôt du genre à renoncer au moindre effort physique, dès que ça devient un peu difficile, me voilà, par la force des choses, à porter à bout de bras ma fille (presque neuf kilos, tout de même), les courses (avec le pack de lait de la semaine !), et le sac de linge de la crèche (vingt-quatre bavoirs et douze gigoteuses, sans compter les gants de toilette et autres accessoires indispensables pour nous rendre nos petits pas trop barbouillés le soir)… Bref, me voilà costaude, pleine de crampes, mais très fière de moi !

Idem quand, la nuit, il faut se lever pour la énième fois et se déplacer au radar, pour aller remettre la tétine dans le bec de la bête (j'aime ma fille), ou bercer ses neuf kilos somnolents, le temps qu'elle retrouve son (si précieux) sommeil.

Je ne pensais pas que j'en serais capable. D'ailleurs, je ne l'ai pas toujours été, et j'ai eu un sacré passage à vide, pendant lequel Mister F. a dû prendre le relais, le temps que je me refasse une santé. Mais au final, on y est arrivés ! Le corps a vraiment des ressources insoupçonnées, c'est fou !

La tolérance

Quand on passe de l'autre côté de la barrière, on réalise tous les efforts qu'il faut déployer à longueur de journée, notamment pour gérer les frustrations, ou simplement les besoins de son petit.

Du coup, moi, stéréotype de la mauvaise fille râlant (intérieurement, je te rassure : je sais me tenir en société) contre le parent indigne qui laissait son enfant hurler dans le métro en en faisant profiter tous les passagers, je suis devenue cette maman compatissante, qui remercie le dieu des bébés parce que, pour cette fois, ce n'est pas la mienne qui est en train d'exercer son talent de cantatrice à destination de toute la rame. Voilà voilà, mea culpa.

De la même manière, moi qui étais prompte à juger lorsque j'étais témoin de certaines situations (exemples au hasard : l'enfant scotché à l'écran du smartphone de son papa pendant un trajet en train, ou la maman qui ne réussit pas à juguler le trop-plein d'énergie de ses enfants, coincés dans l'espace exigu du wagon), je réalise que chacun fait ce qu'il peut, au jour le jour, pour concilier son idéal éducatif et les réalités du quotidien.

À toi, chère lectrice (et même à toi, cher lecteur, soyons fou !), je peux te l'avouer : moi, j'ai cédé. C'est petits biscuits à volonté dans les transports. Et le soir, avec la fatigue de la journée, je ne cherche même pas à négocier : c'est direct quignon de pain enfourné dans la bouche en sortant de la boulangerie. Bienvenue dans le monde réel de la parentalité !

L'inventivité

Là encore, il en faut pour pouvoir survivre face à son enfant :

  • entre les diversions qui tombent à pic (« Oui, je sais, tu veux rester jouer au square, mais il fait -12°C et la nuit tombe, alors il faut rentrer… Oh ! Regarde, Médor est dans la cage d'escalier, quelle chance, on va se dépêcher d'aller le caresser ! »),
  • les solutions de repli indispensables (« Regarde, tu vas pouvoir te construire une super cabane avec ce beau et gros carton, pendant que Maman s'absente cinq minutes pour raison technique. » Oui, une maman aussi, ça fait pipi…),
  • et les négociations nécessaires à chaque instant (« Si tu restes sage dix secondes, le temps que je te change la couche, je te promets de te mettre pour la dixième fois de la soirée Mon âne, mon âne a bien mal à sa tête, et même de danser avec toi comme une petite folle ! »)…
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Il faut savoir se montrer réactif et inventif ! Un enfant, ça ne se laisse pas berner si facilement !

Et là, je dois dire que notre crèche parentale nous aide bien : on voit comment les puéricultrices arrivent à gérer les situations délicates, et j'aime prendre le temps de discuter avec elles, histoire d'être capable de mieux gérer celles de notre quotidien une prochaine fois.

Mon prochain défi : réussir à faire manger ChérieChou toute seule sans qu'elle finisse par tout jeter par terre une fois rassasiée… Easy, non ?

La curiosité

Voir ma fille grandir et évoluer me fascine littéralement. Je note chaque semaine ses petits progrès dans un carnet : quel bonheur de le parcourir et de réaliser que tel ou tel apprentissage est déjà si ancien (le temps passe vite quand on ne s'ennuie jamais !).

C'est bien simple, avant, je trouvais que les petits bébés, avant le début du langage, c'était mignon et attendrissant et toussa toussa, mais que, quand même, on s'ennuyait vite sans interactions. Et là, je découvre les milliers de choses que les bébés apprennent et acquièrent au fil des jours. Je me souviens encore de la fierté de ma fille quand elle a réussi à ramper vers l'avant pour la première fois !

Je lis, j'échange avec les puéricultrices de la crèche, avec les mamans de mon entourage réel ou virtuel (l'entourage, pas les mamans, bien réelles, les mamans !), avec ma maman, ma belle-maman, mes belles-sœurs, mes collègues. On en discute aussi énormément avec Mister F. J'adore confronter nos points de vue, nos regards qui parfois diffèrent sur certaines situations : je trouve ça très enrichissant pour tous les deux. Quelle belle aventure que de voir cette personnalité en construction, jour après jour, et d'avoir la chance d'y assister de si près !

Je pourrais encore continuer cette liste, et te citer d'autres exemples de situations où je me suis surprise moi-même. Mais je te vois venir : tu vas me dire que j'ai tout simplement découvert l'amour parental, et qu'il donne des ailes. Oui, c'est vrai ! Mais là où c'est magique, c'est que ces qualités que j'ai développées en étant mère m'ont été utiles dans d'autres pans de ma vie de tous les jours. Et ça, franchement, je trouve ça top !

Alors oui, la maternité m'a changée. Il y a des aspects que je regrette, notamment ce manque de dynamisme qui me colle à la peau, résidu douloureux de cette première année agitée à veiller sur le sommeil compliqué de ma fille. Mais il y a aussi des aspects que je ne soupçonnais pas et qui me rendent fière. Fière de la femme que je suis devenue, fière de la maman que ma fille a réussi à façonner au fil des jours.

Je t'avais prévenue que c'était un article d'auto-congratulations, histoire de me faire un peu de bien ! Alors, déchaîne-toi, toi aussi, et raconte-moi toutes les belles surprises que tu as découvertes en toi, en te surpassant pour devenir maman !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !