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Comment gérer la période difficile des 3 ans : colères, jérémiades et opposition

« Thomas (3 ans) est dans une période super difficile en ce moment. Le moindre truc de travers le met dans un état pas possible et il hurle et tape (pas sur les gens, heureusement) de colère et de frustration.

Je pense que c'est en rapport avec l'école, qu'il a commencé en septembre et où il se fait parfois taper dessus dans la cour, et probablement aussi le fait qu'il a eu un petit frère il y a quelques mois. Je ne veux pas donner de fessées mais parfois c'est juste insupportable et je ne sais pas trop quoi faire d'autre. Des conseils ? »

Elodie, maman de Thomas, 3 ans, et Alban, 8 mois.

enfant en colère

Crédits photo (creative commons) : Allan Donque

Disons-le tout de suite, la période des 3 ans est difficile. Très souvent à cet âge, les enfants passent par une phase d'opposition, la fameuse « crise des 3 ans », je suis sûre que tu en as déjà entendu parler. C'est tellement pénible parfois que certains ont même surnommé cette période la « petite adolescence ». (Et en effet, c'est tout pareil. Manque juste le téléphone portable, les pieds qui puent et la musique à fond.)

Pendant cette phase, qui dure de 2 à 4 ans environ, ton enfant grandit. Il rentre à l'école, prend de l'autonomie et comme il le fera à nouveau lors de l'adolescence, veut décider de ce qui se passe dans sa vie. (Bin oui, quoi, il est « grand » maintenant, non ?)

Sauf que bon, il n'a que 3 ans et son champ d'autonomie, en vérité, est plutôt limité. Entre nous, on sait bien qu'il ne peut quasiment rien faire tout seul et que c'est rarement lui qui décide de quoi que ce soit. Alors forcément, cela engendre énormément de frustration, difficile à gérer pour un si petit bonhomme.

Cela peut se traduire par une violence accrue, comme ce que tu décris, ou par un geignage incessant. (Je remarque en passant que la violence est plus souvent présente chez les garçons et le chouinage incessant chez les filles. Peut-être parce qu'ils ont ces exemples à l'école, où filles et garçons sont très différenciés dans leurs comportements ?)

Une période essentielle

La première chose dont il faut être consciente : cette période difficile est très utile puisqu'elle te permet d'apprendre à ton enfant à gérer la frustration.

Super !

Après tout, c'est une compétence indispensable dans la vie. Il est clair que pour devenir un adulte adapté à la vie en société, il faut apprendre à ne pas taper sur la table quand on n'a pas ce qu'on veut. (Même si bon, on a tous dans notre entourage un monsieur un peu « soupe au lait » qui peut tout à fait se mettre à cogner sur la table parce que le serveur ne lui a pas donné ce qu'il avait demandé. Mais c'est une autre histoire.)

Apprendre à gérer la frustration n'est pas évident. Etre frustré, ça veut dire ressentir de la colère ET de la tristesse en même temps. Colère contre la personne (souvent c'est toi, pas de bol) qui l'empêche de faire ou d'avoir ce qu'il veut, et tristesse de ne pas faire ou avoir ce qu'il veut. Colère et tristesse, ça fait beaucoup d'émotions !

Savoir que c'est normal

Je sais, je commence tous mes articles par ce même conseil, mais mon dieu que c'est important ! La première fois que mon fils de 2 ans et demi s'est mis à se rouler par terre en plein milieu d'un magasin, j'étais atterrée. Qu'avais-je donc fait pour rater son à ce point ? Et tous ces gens qui me fixaient de leur regard réprobateur en attendant que je réagisse ? Aaaaargh !!!

(Depuis, je sais qu'un certain nombre de ces passants devaient se dire plutôt « pfiou, je suis bien contente que mon fils n'ait plus 3 ans, qu'est-ce que c'était pénible !! » ou « la pauvre, ça doit pas être facile pour elle ». Oui bien sûr, il y a toujours des gens qui jugent, mais ce n'est pas tout le monde et c'est bon de le garder en tête. Mais je m'égare.)

C'est normal pour un enfant d'avoir du mal à gérer la frustration au début. Après tout, il faut bien commencer quelque part. On ne nait pas en sachant dire « bonjour », « merci » et « ah mince, je suis vraiment déçue, mais bon, regardons le bon côté des choses ». Ce sont des choses qui s'apprennent.

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Alors quand ton fils se mets à hurler et taper, plutôt que de voir ça comme une preuve de ta mauvaisemèritude (ou un exemple de sa mauvaifilsitude), tu peux choisir de considérer ce moment comme une occasion de lui apprendre à gérer sa frustration.

(Oui, je sais, plus facile à dire qu'à faire. C'est pourquoi nous passons tout de suite à « comment faire ».)

Recadrer systématiquement

Il a 3 ans, tu es l'adulte et tu es en charge de son éducation. C'est donc à toi qu'il revient de faire respecter les règles. (Quand je dis « toi », je veux bien évidemment dire « tous les adultes en charge de l'éducation de cet enfant » et pas juste toi, mais c'est tellement plus court de dire juste « toi » et j'ai la flemme d'écrire tout ça à chaque fois. Tu me pardonnes ?)

Tu peux lui demander son avis sur une règle avant d'en décider, tu peux aussi décider des règles en accord avec lui (c'est d'ailleurs souvent une très bonne idée), mais au final, c'est bien à toi qu'il revient de faire respecter ces règles, systématiquement.

Prenons un exemple. Imagine que chez toi, les règles stipulent qu'il faut mettre ses vêtements dans le panier à linge sale quand on se déshabille le soir. Si un soir ton enfant a tout laissé en plein milieu de sa chambre et qu'il est parti jouer, alors c'est à toi de le faire revenir, de lui rappeler la règle et de lui demander de la respecter. Ce qui ne veut pas forcément dire le punir ou le menacer.

  • Tu peux aller le chercher et le remettre dans sa chambre devant son linge sale, fermement mais sans violence, jusqu'à ce qu'il respecte la règle.
  • Tu peux aussi de lui expliquer le pourquoi de la règle pour qu'il comprenne ce qui fait que c'est si important (= tu n'es pas Shiva).
  • Tu peux aussi le faire avec lui pour « l'aider ».

Bref, faire respecter une règle peut prendre plein de formes. L'essentiel est que ton enfant sache que les règles sont systématiques, comme un cadre autour de lui dans lequel il peut avoir confiance et surtout, qu'il peut prévoir. Car une frustration que l'on peut prévoir est tellement plus facile à gérer.

(Un peu comme quand tu démarres un dîner en sachant que tu ne vas PAS craquer sur un dessert. C'est beaucoup plus facile à gérer que si tu t'attendais au dessert et qu'on te dit « ah non, y en a plus » !! C'est pour ça que personnellement, je choisis toujours mon dessert en premier quand je vais au restaurant. Mais me voilà qui m'égare à nouveau.)

Ecouter sans juger

Tu as donc le droit (le devoir !) de faire respecter les règles. Mais lui, de son côté, a le droit de ne pas être content ! Il a le droit d'exprimer qu'il est en colère et qu'il est triste.

Certes, parfois ça peut être déroutant de le voir se mettre dans un état pas possible parce que son petit frère a cassé son Playmobil rouge alors que juste à côté il y en a un autre identique mais bleu. (D'un autre côté, il a trois ans et c'est normal que vous n'ayiez pas les mêmes centres d'intérêts ni les mêmes frustrations.)

« Je comprends que tu sois en colère. C'est triste que ton Playmobil soit cassé. »

Nommer ses émotions ainsi aide déjà ton enfant à faire le tri dans ce qu'il ressent. (« Ce sentiment de chaleur qui fait que j'ai envie de tout casser, c'est de la colère ? Ça ne veut pas dire que je vais exploser ? Ah d'accooooord. »)

Mais surtout, accueillir ses émotions lui indique qu'il a le droit de ressentir ce qu'il ressent. Parce que tu peux lui expliquer par a + b que c'est idiot de se mettre en colère pour un Playmobil, ça ne changera pas le fait qu'il est en colère.

On ne contrôle pas ses émotions, on contrôle uniquement ses actes.

Devenir un « grand » ne veut pas dire qu'il faut arrêter de sentir la colère et la tristesse. Cela veut dire qu'il faut savoir agir correctement avec et malgré des émotions comme la colère et la tristesse.

(C'est ça qui fait que plus tard on arrive à s'empêcher de tabasser l'automobiliste qui vient de nous rentrer dedans même si c'est vraiment un idiot de £&*$%. Et c'est aussi ça qui fait qu'on peut faire le deuil des gens qui nous quittent prématurément et continuer à vivre nos vies. Bref, c'est très important.)

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Faire des retours détaillés

Tu te souviens quand ta maman te disait « ah oui c'est joli » mais que toi, dans ton coeur d'enfant, tu savais très bien qu'elle avait à peine regardé ce que tu avais fait et qu'elle disait « c'est joli » de manière automatique ? (Alors que mince ! Toi et moi, on sait bien qu'il était trop trop beau, ton dessin avec le petit gribouillage jaune à droite et la mer verte et marron en bas !! Du Picasso junior, sans aucun doute !)

Féliciter un enfant, c'est bien. Donner une appréciation positive et détaillée, c'est mieux. Si ta maman t'avait parlé de ton dessin en remarquant la mer verte et marron et le petit gribouillage jaune, tu aurais su qu'elle l'avait vraiment regardé.

Tu as remarqué que ton fils a réussi à être poli à table ce soir ? Au lieu de lui dire juste « bravo », dis-lui « je vois que tu as réussi à demander de la soupe calmement et en disant s'il te plaît. Quand tu fais ça, ça me donne vraiment envie de te la donner rapidement, et en plus ça me donne envie de te faire plein de sourires ! ».

Oui, je sais, c'est beaucoup plus long à dire, mais non seulement il saura que tu a vraiment remarqué son effort, mais en plus, cela lui donne des armes pour comprendre exactement ce que tu attends de lui. Il saura que la prochaine fois, s'il veut te faire plaisir, c'est « demander de la soupe calmement en disant s'il te plait » qu'il faut faire.

Inverser le cercle vicieux

Souvent, quand les enfants sont dans une phase difficile, on a du mal à les supporter. C'est normal. C'est humain.

Quand ma fille chouinait en per. Ma. Nence dès qu'elle ouvrait la bouche, les rares fois où elle était calme, je n'avais qu'une envie, c'était de m'isoler dans le canapé pour lire tranquillement. Surtout, ne pas déclencher de nouveaux contacts avec elle qui pourraient déboucher sur davantage de geignage. Pitiééé !

De son côté, je pense qu'elle avait compris que si elle voulait mon attention, la bonne solution était de chouiner. Effectivement, dès qu'elle commençait ses jérémiades, je répondais/criais/expliquais/éduquais/hurlais (rayer la mention inutile en fonction de mon état de fatigue du moment). Bref, elle avait mon attention.

Il m'a fallu un moment pour le comprendre, mais quand j'ai enfin commencé à lui proposer de l'attention (un livre, un jeu) justement aux moments où elle était calme, ça a tout changé.

Permettre l'autonomie

Comme je te disais, les enfants de cet âge veulent se prouver (et nous le prouver à nous aussi par la même occasion) qu'ils sont vraiment « grands » et qu'ils peuvent « faire tout seul ».

Être le plus autonome possible dans leur vie quotidienne leur permet ça. Et fait descendre d'un cran le niveau de frustration. D'une pierre deux coups.

Donc dès que possible, laisse-lui décider ce qu'il veut faire en lui proposant des choix :

  • le pantalon rouge ou le bleu aujourd'hui ?
  • une brioche ou une tartine pour le goûter ?
  • Dora ou Tchoupi ?

(Par contre, évite les « tu veux quoi ? » complètement ouverts. Mauvaise idée. Sauf si tu es vraiment open à l'idée de lui concocter une tarte au citron avec un glaçage aux fraises tagada pour le goûter.)

Et dès que possible, laisse-lui faire seul les choses dont il est capable. A titre d'exemple, un enfant de 3 ans est en général tout à fait capable de s'habiller et se déshabiller seul, de choisir ses vêtements seul, de se servir seul à table, de se savonner seul, d'appuyer seul sur play après avoir choisi seul son dessin animé, ranger seul ses chaussures, mettre seul ses vêtements au sale et plein d'autres choses encore.

Si tu peux lui faciliter la tâche, c'est encore mieux, avec un petit marche-pied pour qu'il puisse accéder au lavabo ou encore un porte-manteau à sa hauteur pour qu'il puisse accrocher son manteau.

Et toi, tu as d'autres pour gérer cette période délicate ? Comment ça se passe chez toi ? Raconte !