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A la une / Vie de maman

La motricité libre : mon expérience

Avant de devenir maman, je n’avais jamais entendu parler de motricité libre. Je suis tombée sur ces mots un peu par hasard, en traînant sur la blogosphère parentale. La motricité libre a en effet le vent en poupe : comme l’allaitement, le portage ou la DME (diversification menée par l’enfant), elle est à la mode en ce moment. Mais la motricité libre, qu’est-ce que c’est ?

C’est une façon bien précise – quoique très simple – d’interagir avec son bébé et de stimuler – ou pas – sa motricité générale. Il s’agit en fait de respecter un seul principe : ne jamais le mettre dans une position qu’il ne parvient pas à atteindre par ses propres moyens.

Concrètement, ça veut dire ne pas asseoir son bébé avant qu’il ne sache s’asseoir de lui-même, ne pas mettre un bébé debout avant qu’il ne sache se redresser de lui-même, ne pas faire marcher un bébé en lui tenant les mains avant qu’il ne sache marcher tout court, etc. Il y a plein d’autres petites choses associées de près ou de loin à la motricité libre, comme le fait de privilégier le pied nu jusqu’à l’acquisition complète de la marche. Et comme toutes les théories éducatives, on peut l’appliquer à la lettre ou simplement s’en inspirer.

Motricité libre

Crédits photo (creative commons) : Torrey Wiley

Si j’ai choisi de te parler de ce sujet aujourd’hui, c’est parce que j’ai pratiqué la motricité libre de façon presque exclusive avec mon fils, qui a désormais 18 mois. J’ai donc un peu de recul sur le sujet. Il me semble par ailleurs que cette façon de faire, bien qu’elle soit en train de se répandre, reste assez méconnue et marginale en France. En Allemagne où j’habite, en tout cas dans mon Land, elle est en revanche très majoritaire.

Je souhaite toutefois préciser quelque chose : si j’écris cet article, c’est juste pour t’informer, et pourquoi pas te donner envie d’essayer, si tu sens que ton bébé et toi pourrez y être réceptifs. Je ne crois pas que ce soit la seule, ni la meilleure façon de faire. Chaque bébé est différent, et chaque parent aussi. Ça ne me choque ni ne me dérange en aucune façon que d’autres fassent différemment. D’ailleurs, ma propre mère m’a assise et fait marcher, et je n’en ai gardé aucun traumatisme sévère ! Et puis, qui sait, les théories en la matière évoluent si rapidement ! Peut-être que dans vingt ans, ça semblera totalement rétrograde !

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Bref, j’en viens à mon sujet : la motricité libre, mon fils et moi. Je disais tout à l’heure que j’avais découvert le terme de motricité libre sur la blogosphère. Le terme oui, mais pas la méthode. Celle-ci m’a été expliquée par la kiné qui s’occupait de mon fils les premiers mois. Mon fils est né avec deux petites particularités normalement sans gravité : un torticolis congénital, et un pied en dedans (métatarsus varus pour les intimes). En dehors des exercices spécifiques qui lui étaient prescrits, notre kiné nous a vivement conseillé cette façon de faire, afin de favoriser son bon développement musculaire.

Concrètement, ça veut dire que les premiers mois, je laissais mon enfant très régulièrement par terre, sur une simple couverture. Plus tard, nous ne l’avons jamais assis entouré de coussins. Nous le laissions au sol, sur le ventre désormais. Encore plus tard, lorsqu’il a eu 1 an, nous ne l’avons pas fait marcher en lui tenant les mains. Nous avons attendu plus ou moins patiemment qu’il se lance de lui-même, ce qu’il a finalement fait à 15 mois. Nous n’avons jamais eu de trotteur et ne lui avons acheté aucune paire de chaussures avant ses 15 mois. Voilà, en gros, en quoi ça a consisté pour nous.

Et maintenant, le retour d’expérience tant attendu… Et alors ?

On dit beaucoup de choses sur la motricité libre et, comme sur d’autres sujets, ses adeptes me semblent parfois un peu exagérer. J’ai ainsi souvent lu que la motricité libre renforçait l’estime de soi chez l’enfant, celui-ci parvenant de lui-même à atteindre la position convoitée. Très honnêtement, je ne suis pas certaine d’être d’accord avec ça – ou alors dans une très faible mesure. La base de l’estime de soi, à mon sens, elle se niche dans la bouche et le cœur des parents, dans leur capacité à féliciter et à valoriser leur enfant. Est-ce que mon fils aura plus tard davantage confiance en lui qu’une petite fille qu’on aura assise à 6 mois ? Je ne crois pas.

Cependant, je vois certains avantages, c’est vrai, à cette méthode.

Le premier (et tu vas découvrir que je suis une maman fainéante), c’est qu’elle rend ton enfant autonome. C’est-à-dire qu’elle l’habitue dès le début à faire sans toi. J’ai déjà croisé des bébés qui réclamaient sans cesse qu’on les fasse marcher en leur tenant les mains. Mon fils n’y étant pas du tout habitué, il n’a jamais eu cette idée. Et je dois dire que j’ai trouvé ça très pratique : ça a préservé mon dos et ma tranquillité.

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Le second, c’est qu’elle permet de réduire le nombre de chutes et d’accidents. J’ai entendu beaucoup de récits d’enfants mis en position assise qui ont soudainement perdu l’équilibre et se sont cognés. Bien sûr, aucun d’entre eux ne s’est fait vraiment mal. Mais l’avantage de la motricité libre, c’est qu’elle permet à ton enfant de ne faire que ce qu’il maîtrise vraiment.

Et c’est vrai que Pierre n’est presque jamais tombé. Il a marché relativement tard, mais spontanément avec beaucoup d’assurance et d’équilibre. Et lorsque, par hasard, il trébuche, il sait parfaitement bien tomber, en amortissant le choc avec ses mains ou ses fesses. Il a d’ailleurs su marcher et se relever en même temps. Et je crois que je peux associer ça à la méthode pratiquée.

J’y vois cependant un désavantage aussi, et je souhaite le mentionner en toute transparence : avec la motricité libre, sauf exception, ton enfant ne fera jamais partie des premiers.

Alors que tu verras tous les petits de tes amis souriants et assis à 6 mois, il y a de fortes chances pour que le tien soit encore en train de râler sur le sol à plat ventre. Alors que tu liras sur toutes les notices de chaises hautes qu’elles sont utilisables à partir de 6 mois, la tienne restera encore de longues semaines dans son emballage. Car un enfant est rarement en capacité de s’asseoir seul – ce qui demande une force importante dans les bras pour se relever entièrement – avant 8 mois.

Idem pour la marche : ne pas faire marcher son enfant, c’est souvent accepter qu’il fasse du quatre pattes plus longtemps, et même après 1 an. Ce n’est pas insurmontable, mais je mentirais si je te disais que ça ne m’a pas parfois un peu démotivée. C’est toujours tellement plus facile d’être comme tout le monde, voire en avance !

Voilà, tu en sais plus sur la motricité libre. J’espère t’avoir donné envie d’essayer, car c’est une approche très intéressante de la motricité à mes yeux. Et puis, si ta belle-mère s’étonne : « Mais tu le laisses comme ça, sur une couverture ? », puis un peu plus tard : « Mais tu ne le fais pas marcher ? », tu n’auras qu’à lui répondre : « Mais non, voyons, c’est la méthode allemande ! »

Et toi ? Tu as pratiqué la motricité libre ? Quels avantages y as-tu vus ? Quels inconvénients ? Viens nous raconter…