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Le suivi de grossesse en Allemagne

Avant de te raconter la suite de mes aventures, je souhaiterais te faire partager les particularités du en Allemagne. Il y a peut-être quelques expatriées qui traînent ici. Et puis, je trouve intéressant de noter les différences avec la France. Souvent, elles révèlent beaucoup de choses sur nos cultures, notre façon de voir la vie même à son tout début. J'avais ainsi été stupéfaite de lire sur ce blog qu'en Irlande, l'alcool restait exceptionnellement autorisé !

Généralités

Est-ce parce que le taux de natalité est si faible ici que les pouvoirs publics investissent à fond sur la ? Le suivi allemand m'a en tout cas semblé particulièrement intense et pointilleux.

Pour rappel, l'Allemagne a l'une des démographies les plus faibles d'Europe, avec un indice de fécondité de seulement 1,4 enfant par femme. C'est vécu par les habitants et la classe politique comme un drame national : sans grand changement ou vague migratoire, la population allemande ne pourra vraisemblablement que vieillir et décroître dans les années à venir. A l'inverse la France caracole en la matière en tête des classements européens, avec un indice de fécondité de 2 enfants par femme (et donc un renouvellement presque assuré de sa population).

Le suivi est notamment très médicalisé, jalonné de nombreux examens poussés et systématiques : échographies endo-vaginales, monitoring etc. L' s'effectue toujours en présence d'un gynécologue obstétricien.

Dans ce domaine, la différence de formation des sages-femmes doit être notée. En France, les sages-femmes sont des professionnels de santé durement sélectionnés qui doivent effectuer cinq années d'étude après le bac. En Allemagne en revanche, elles s'apparentent plutôt à des auxiliaires. Elles n'ont pas systématiquement le bac, et sont formées en trois ans. Elles ne peuvent par exemple pas prescrire de médicaments, ni prendre en charge un accouchement dans sa totalité.

carte d'Europe Allemagne

Crédits photo (creative commons) : Mark

Mon expérience

Dès mon test de grossesse positif réalisé, je me suis rendue chez ma gynécologue. A la suite d'un entretien détaillé et de plusieurs examens, celle-ci m'a remis mon carnet de grossesse. Il porte un nom mignon je trouve : « Mutterpass » ce qui signifie littéralement « passeport de maman ». C'est un super document, très pratique, qui va me suivre tout au long des neuf mois et même un peu après. Tous les résultats de tous mes examens y seront consignés : tension, poids, compte-rendu d'échographie, plus tard compte-rendu d'accouchement, tout y est. Il ne faudra bien sûr jamais l'oublier pour les rendez-vous de suivi, il est même recommandé ici de l'avoir toujours sur soi pendant la grossesse.

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J'ai ensuite été conviée tous les mois à un rendez-vous de suivi avec ma gynécologue. Lors de ce rendez-vous se succèdent toujours une analyse d'urine, une pesée, une prise de tension et une échographie détaillée (avant trois mois endo-vaginale, après normale). Je suis ravie pour ma part de voir mon bébé si souvent ! Ça m'aide beaucoup à me rassurer. En fonction des mois viennent s'ajouter une prise de sang, un contrôle du col ou un monitoring.

En plus, il est possible de bénéficier du suivi d'une sage-femme. La mienne m'a toujours rendu visite à domicile, environ toutes les six semaines pendant la grossesse. Elle reviendra après l'accouchement vérifier l'évolution du poids du bébé et de notre relation. Elle ne procède à aucun acte médical, mais répond à toutes mes questions (même les plus saugrenues, et dans le cas d'une première grossesse, on en a forcément). Elle complète en quelque sorte la consultation médicale, souvent très rapide, par un accompagnement plus centré sur la prise en charge psychologique de la maman.

A partir du dernier trimestre, il est recommandé de s'informer sur les maternités environnantes et d'en choisir une. Les maternités de ma ville se font beaucoup de concurrence et organisent chacune des visites détaillées (et presque alléchantes) pour les parents. Si on le souhaite, on peut y bénéficier d'une petite consultation avant l'accouchement. Cela dit, aucune inscription n'est demandée : jusqu'au jour J, on peut encore changer d'avis !

Au cours du dernier trimestre également, sept cours de préparation à la naissance sont proposés. Ce sont généralement des cours en petits groupes très sympathiques, animés par une sage femme. Ils sont en revanche assez standardisés, et à vrai dire je n'y ai pas appris grand-chose. Je n'ai jamais entendu parler ici de sophrologie ou d'haptonomie et je l'ai un peu regretté. Peut-être que ça existe dans de grandes villes comme Berlin, mais pas dans notre petite bourgade.

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L'ensemble des prestations que je viens de citer sont prises en charge à 100% par la sociale lorsqu'on est salariée. Inutile d'avancer les frais : en Allemagne, les professionnels de santé sont rémunérés directement par l'assurance maladie. En gros donc, quand on est salariée, c'est vraiment gratuit, et ça fait tout drôle.

Les différences avec la France

Au niveau des grandes différences avec la France j'ai donc noté :

  • L'absence d'échographie charnière du troisième mois, la fameuse échographie des 12 SA bien connue des françaises.
  • Ici, elle est intégrée au suivi normal classique. La clarté nucale et le test sanguin pour la trisomie n'est pas pratiquée systématiquement, mais uniquement lorsqu'on présente un risque particulier. Les allemands considèrent que le risque de faux positifs (qui génèrent une inquiétude injustifiée) est trop élevé. Je crois que c'est un sujet de débat entre médecins…
  • L'absence de dépistage systématique de la toxoplasmose. J'ai du demander à le faire, et payer pour ! Je ne sais pas ce qui explique cela, en France toutes mes amies enceintes en faisaient presque une obsession… J'ai juste ma petite idée : traditionnellement, on mange nettement moins de crudités, de viande saignante et de fromage à base de lait cru en Allemagne. Cela suffit peut-être à faire chuter le risque ?
    • Le dépistage systématique du diabète et des infections vaginales. Dans ce cas, c'est l'Allemagne qui fait preuve de plus de prudence que la France. Mais bien sûr, ça a un coût et on en revient sans doute au thème de l'investissement de départ.

Les différences entre les deux pays s'accroissent davantage (et même résolument) en matière d'accouchement, de congé , de congé parental et de modes de garde. Le moment venu, ce sera peut-être l'occasion d'écrire d'autres articles !

Et toi ? Tu as vécu ta grossesse à l'étranger ? Tu as été surprise des différences par rapport à ce que tu connaissais en France ? Raconte !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !