En anticipation de menaces potentielles de rachat non sollicitées, la famille Bolloré met en place des stratégies défensives pour renforcer sa position au sein de Havas. Parmi ces stratégies, des changements notables de gouvernance et de structure juridique sont programmés pour protéger le groupe de publicité français contre des offensives externes, marquant ainsi un tournant stratégique majeur pour l'entreprise. Détails.
Défense accrue à travers la modification des structures juridiques
Le groupe Havas, jadis coté à la Bourse de Paris, et son principal actionnaire, la famille Bolloré, adoptent une approche proactive face à la spéculation d'une possible offre publique d'achat (OPA) hostile. Après avoir quitté la cote parisienne, Havas s'apprête à faire son entrée à la Bourse d'Amsterdam le 16 décembre. Ce changement de cotation intervient simultanément à la transformation de Havas d'une société anonyme (SA) à une société par actions simplifiée (SAS). Ce nouveau statut complique toute acquisition hostile, exigeant l'approbation unanime des actionnaires pour tout rachat, un mouvement défensif non négligeable.
Introduction d'une fondation pour verrouiller le contrôle
Plus audacieuse encore est la création d'une fondation de droit néerlandais, prévue pour détenir une action singulière de Havas sur plus de neuf-cent millions. L'objectif de cette fondation est double : maintenir l'indépendance du groupe et prévenir toute prise de contrôle hostile. Cette initiative a suscité des réactions mitigées parmi les investisseurs et des acteurs du marché, certains y voyant une barrière dissuasive pour des offres bienveillantes potentielles.
La réaction des marchés et acteurs sectoriels
La révélation de ces modifications n'a pas laissé les marchés indifférents. Notamment, le fonds Ciam, connu pour son activisme, s'est publiquement opposé à ces changements structurels redoutant des impacts négatifs sur la liquidité du titre en bourse. Malgré cela, la position de Vivendi, relayée par son entourage, est claire : ces dispositions bloqueraient une OPA hostile mais resteraient ouvertes à des offres amicales.
Réactions compétitives et futures possibles alliances
Parallèlement, les rumeurs de collaborations ou fusions n'ont pas cessé. En effet, malgré le verrouillage effectué par Bolloré, l'industrie spécule sur un possible rapprochement entre Havas et des géants comme le japonais Dentsu ou l'américain Interpublic (IPG), ce dernier étant considéré comme le plus probable vu la complémentarité des présences géographiques des deux groupes. Toutefois, ces potentialités restent à confirmer, les stratégies défensives de Bolloré pouvant repousser des candidats à la fusion ou à la reprise.
Implications à long terme pour Havas et le groupe Bolloré
Ces mesures de défense, notamment les droits de vote multiples programmés pour évoluer sur plusieurs années, et la création d'une fondation, soulignent la volonté de la famille Bolloré de maintenir un contrôle substantiel sur Havas. Ce verrouillage pourrait être perçu comme une indication de la vulnérabilité du groupe dans un secteur où l'instabilité peut rapidement altérer les dynamiques de marché. Pour Havas, l'enjeu est maintenant de balancer entre protection contre des acquisitions hostiles et ouverture au marché pour continuer à croître dans l'industrie globale de la publicité et des relations publiques.