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MAMAN…
Deux voyelles, trois consonnes, cinq lettres. Cinq petites lettres qui ont ces deux dernières années à la fois porté l'espoir, l'envie, le besoin mais qui une fois prononcées ont parfois (souvent) eu un goût humide, celui de la souffrance. Serai-je un jour maman ?

En janvier 2019, quand nous décidons avec Chéri d'arrêter la pilule, tout est évident. Nous aurions un bébé rapidement. Après tout, plusieurs voyants consultés quelques années plus tôt m'ont toujours prédit des enfants… Et puis pour mes copines c'est arrivé tellement vite ! En moins de trois mois, toutes étaient tombées enceinte. Et puis bon, j'ai toujours cru en ma bonne étoile ! Je suis de celle que l'on peut détester. Scolarité studieuse, diplôme prestigieux, deux belles histoires d'amour seulement avant de trouver THE ONE à 23 ans. Et quand je dis THE ONE c'est vraiment THE ONE. Le coup de foudre, l'évidence, l'homme parfait, gentil, doux, attentionné et beau comme un Dieu ! S'en suivent de beaux voyages, le mariage idyllique et la mutation dans le Sud dans la foulée. J'étais donc persuadée en jetant cette dernière plaquette de pilule que le bébé arriverait tout naturellement dans les mois qui suivent. Et puis les statistiques parlaient pour moi. 60% des couples obtiennent une dans les six premiers mois, 75% dans les neufs. Sacrées statistiques…

Les essais débutent. Nous trouvons en parallèle rapidement l'appartement de nos rêves avec un beau jardin, la chambre pour accueillir bébé. Un mois passe, un deuxième, puis un autre et encore un autre. Mes cycles sont à rallonge, je n'arrive pas à comprendre ma phase d'ovulation mais je ne m'inquiète pas.
Puis mes règles tardent. 30 jours, 40, 50, 60… et ce test toujours négatif. Je décide en juin de me rendre chez la gynéco pour faire un point. Elle me fait une échographie et c'est là qu'elle m'annonce : « vous savez que vous avez les ovaires polykystiques ?  » « Les ovaires quoi ? » Elle ajoute : « ce n'est pas grave mais vous risquez de mettre plus de temps à avoir un bébé ». Puis elle m'inonde de mots inconnus qui deviendront mon nouveau dictionnaire : drilling, clomid, stimulation…

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Ce que je retiens de ce rendez-vous ? J'ai un problème. Je ne suis pas comme toutes ces filles. Ce sera compliqué d'être maman ! Je sors en pleurs pour appeler Chéri et lui annoncer la nouvelle. Pour moi c'est l'échafaud.
Ma vie a ensuite a été conditionnée par ce verdict. Aucune explication claire du médecin, un autre consulté qui me met sous progestérone pour six mois sans me dire à quoi cela va m'aider à avoir un bébé. Je suis dans le flou alors comme tout le monde je consulte les forums. Sacrés forums. On y lit de tout. Des gens qui y arrivent, des gens qui n'y arrivent pas. Et moi dans tout ça ? Je pleure. Une amie au courant de ma situation ne trouve rien de mieux deux semaines après cette annonce que de m'annoncer en joie, la découverte de son test pipi positif. Sacrées amies… je pourrai en parler des heures.

Encore une qui ne voulait pourtant pas d'enfant il y a 6 mois qui tombe enceinte dans les trois mois. Plus que mon problème en soi, c'est mon rapport aux autres qui m'a fait souffrir. Voir dans mon entourage toutes ces filles pour qui c'était facile et regarder parallèlement mon ventre infertile. Me sentir incapable, inutile, vide. Voir les poussettes dans la rue, tous ces ventres ronds. Et le mien désespérément plat.

Un an et demi plus tard, j'aimerais m'adresser à cette Madame M. de juin 2019, la rassurer, lui dire que ce n'est pas une pathologie si grave, qu'il y a des choses à faire avant de baisser les bras ! La science a avancé, les médecines douces peuvent aider mais surtout j'aimerais lui dire ne t'inquiètes pas dans un an et demi, ton rêve sera exaucé. Tu porteras la vie et ce ventre que tu crois aujourd'hui désespérément vide sera deux fois plus rempli.

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