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J’ai fais une dépression post-partum tardive (enfin je crois)

Pour remettre un peu dans le contexte parce qu’on ne se connaît pas toi et moi ^^)

Je m’appelle Lyv et j’avais 26 ans. Futur Papa Clown et moi nous sommes rencontrés en Bretagne. Pour des raisons professionnelles, nous avons débarqués (futur Papa Clown, Chatou et moi) en région parisienne. Moi qui m’imaginais avec effroi devoir vivre dans une barre d’immeuble, à deux heures de la première plage, étouffée par la ville et la pollution, nous avons trouvé un coin tranquille des Yvelines. Mes inquiétudes de « provinciales » se sont estompées. J’ai vite trouvé du travail dans un centre social en tant qu’animatrice alors que Futur Papa Clown commençait à exercer en tant qu’ingénieur. Nous avons assez rapidement pris la décision de nous engager l’un envers l’autre par le plus grand engagement qui soit : faire un enfant ensemble. Quelques mois plus tard, je suis enceinte et heureuse.

 

Très rapidement : la grossesse, l’accouchement et la reprise

Au comble du bonheur (et d’inquiétudes aussi, il ne faut pas se leurrer, c’est mon premier enfant), j’ai travaillé jusqu’au bout du bout. En tant qu’animatrice, j’étais au contact d’enfants, je gérais des bénévoles, les membres de l’équipe d’animation était une grande famille. J’ai été chouchoutée, dorlotée, couverte de petits cadeaux et d’attentions (ceci est important pour la suite). Je suis partie en congé maternité pour me reposer, parce que, quand même, ma fille commençait à peser lourd. J’ai accouché en avril 2019 d’une petite crevette. Je te raconterai peut-être mon premier accouchement dans une prochaine chronique. Avec les jours de congés maternité réservés à après l’accouchement, mes congés payés et un peu de négociation avec le centre social, j’ai réussi à ne revenir travailler qu’en septembre 2019. A cette époque, il était hors de question de prendre un congé parental : travailler était trop primordial pour moi. Comme quoi, les priorités changent avec le temps, puisque je suis aujourd’hui en congé parental.

Je reprends donc mon poste en septembre, ma fille va à la crèche. Mon binôme a changé, mes responsabilités évoluent trop peu à mon goût et je sens que je commence à ronger mon frein, rêver d’autre chose, sans savoir vraiment quoi. Vers octobre ou novembre 2019, Papa Clown a une opportunité de travail dans l’Oise. Il faut penser à déménager et moi, de trouver un nouveau travail.

 

La période de transition

Et c’est ainsi que commence une grande période de grand n’importe quoi, entre octobre et décembre 2019.

Très (trop?) rapidement, je trouve un travail dans une grande ville en tant que formatrice en centre de formation. Ils me veulent « tout de suite, maintenant, c’est très urgent ». Je démissionne de mon centre social des Yvelines, un peu triste, mais heureuse de cette nouvelle opportunité.

Dans le même laps de temps, je dois trouver un moyen de garde pour ma fille de 7 mois à l’époque. J’appelle une liste immense de crèches, de MAM, de RAM, d’assistantes maternelles. J’apprends même des sigles que je ne connaissais pas avant. Et personne n’a de place. Rien. Nada. Enfin si, peut-être une place en septembre prochain. Je désespère. Jusqu’à réussir à caler des rendez-vous avec trois assistantes maternelles le samedi suivant.

Ensuite, nous enchaînons les visites d’appartements et de maisons à louer dans le coin. Heureusement, nous n’étions pas très exigeants et nous trouvons une petite maison en location dans la campagne de l’Oise. Nous avons commencé les cartons de notre appartement des Yvelines, tout d’abord très organisés (un carton par thème), puis de manière désorganisée (il faut juste que ce soit prêt !).

Nous avons eu deux semaines éprouvantes où j’avais commencé mon nouveau travail, et j’enchaînais les heures de route, pour aider mon chéri resté seul à la maison avec la petite et les cartons qui restaient à faire.

 

Janvier se passe et février arrive ou le pétage de câble.

Je ne sais comment, mais nous avons réussi à tout faire: déménager, nettoyer et rendre l’ancien appartement, rompre le contrat avec l’ancienne crèche, faire garder Miss Chat par une assistante maternelle, commencer nos nouveaux jobs tous les deux…Sans oublier notre bébé et la nourrir, la changer, faire des courses, arrêter l’allaitement parce plus gérable…

Lorsque j’étais dedans, j’étais dopée à l’adrénaline. Je ne réfléchissais plus, il fallait agir pour que cela avance et que les choses se fasse. Mais une fois les choses faites, je suis tombée.

J’avais la sensation de ne plus réussir dans rien. Je ne savais pas pourquoi je faisais ce travail et pourquoi je m’infligeais deux heures de trajet par jour pour ne pas faire grand-chose devant mon ordinateur. J’avais l’impression de passer à côté de ma fille, qui avait tant besoin de moi. Et quand j’étais avec elle, je me comportai selon moi trop comme ci ou trop comme cela. La maison croulait sous les cartons que je n’avais pas la force de vider. Et ne parlons pas du ménage. Papa Clown et moi commencions à nous embrouiller pour des bêtises. J’avais de plus en plus de mal à sortir du lit le matin et du mal à me coucher le soir. Je n’avais goût à rien. J’étais fatiguée. C’est ce qui est sorti de ma bouche, un matin en me levant: « Chéri, je suis fatiguée ». J’ai explosé en larmes. Je n’en pouvais plus. Ce sont les seuls mots qui ont pu franchir mes lèvres mais ce sont ceux qui m’ont sauvés. Je suis fatiguée.

 

Ce que j’ai fais pour m’en sortir

Tout en le sachant tout au fond de moi, je me suis enfin avouée que cela n’allait pas. Et je l’ai dit (très important) à Papa Clown. Qui ne savait pas trop où se mettre ce matin-là, mais qui, je l’ai vu, a eu les larmes aux yeux.

Cette première étape m’a poussée à consulter une psychologue afin de pouvoir avoir un instant de respiration dans ma semaine. Un moment rien qu’à moi, où je pouvais dire ce que je voulais et pleurer toutes les larmes de mon corps si j’en avais besoin. C’est un travail de longue haleine et je la vois toujours à l’heure où je vous écris, mais elle m’a beaucoup aidée à voir plus clair dans le brouillard de mes pensées.

Heureusement aussi, avec ma mutuelle santé Groupama, je bénéficiais de plusieurs séances de remboursées, ce qui a permis d’alléger la note finale.

Ensuite, j’ai demandé un temps partiel à mon employeur. Et il en a fallu du cran, de demander mon mercredi pour m’occuper de ma fille, alors que je venais juste d’arriver dans ce nouveau travail. Cette demande a été entendue et j’ai pu avoir du temps seule avec ma fille, mon trésor, ma terreur.

Et enfin, comme vous le savez, en mars 2020, le premier confinement était décrété, dû à la situation sanitaire et du COVID 19. J’ai été mise en chômage partiel. Et étrangement, ce confinement a été (outre le stress généré par la « fin du monde »!) assez bénéfique pour moi. Je n’ai pas travaillé pendant près de deux mois. Mon seul rôle a été d’être une maman. J’ai finalement pu m’occuper de ma fille et un peu moins ressentir le manque d’elle et la culpabilité de courir toute la semaine.

Aujourd’hui, cela a pris du temps, mais je vais mieux. Ma fille a deux ans et n’est plus ce petit bébé qu’il me faut à tout prix protéger en gardant près de moi. Je suis enceinte de mon deuxième enfant, un petit garçon. Je sais que ma peut être dépression post-partum tardive est le résultat de plusieurs facteurs (déménagements et ruptures brusques), mais je ne souhaite pas recréer cela dans ma vie. C’est pour cela que j’ai pris la décision de prendre un congé parental au sortir de mon congé maternité. Je ne peux plus répondre à ce diktat disant « Fais des gosses et repart bosser ». J’ai besoin de prendre du temps pour moi et pour mon futur enfant (sans oublier la première et mon chéri). Je sais que cela ne sera pas simple tous les jours, et à tous les niveaux (moral, financier…). Mais je pense que j’ai pris la bonne décision, pour moi et toute ma famille.

 

Et toi, as tu déjà vécu une dépression post partum? Toi aussi, tu as l’impression de courir toute la semaine et de ne pas profiter ?