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A la une / Récit de grossesse / Témoignage

« Je ne suis pas une statistique, je suis une femme qui a fait une fausse-couche »

Le pourquoi du comment : ma petite intro

J’aimerais vous parler d’un sujet douloureux pour moi. Un sujet que j’ai voulu malgré moi, minimisé pour ne pas souffrir « trop longtemps » et passer à autre chose. Parce que l’on pense qu’il y a toujours pire que soit, plus douloureux on se protège en occultant certains sentiments. J’ai donc fait abstraction de ma douleur pendant cette période que beaucoup de femmes avant moi et après moi vivront. Cet épisode de ma vie que je n’oublierais pas est  Ma fausse-couche précoce.

Le commencement : le top départ.

Nous sommes en mai 2019, mon mari et moi avons pris la décision de nous replonger dans l’aventure d’une seconde grossesse. Je suis toute excitée par cette idée, c’est un rêve pour moi, notre fils à 6 ans et je sens qu’il est plus que temps d’agrandir la famille.

En juillet 2019, après avoir eu un retard de règle et surtout après avoir eu une « prédiction » de mon fils « maman, tu as un bébé dans ton ventre, je le sais » j’ai la confirmation de ma grossesse. C’est un véritable feu d’artifices dans ma tête, je saute littéralement de joie.

Première rencontre : mon échographie de datation

Après quelques semaines, je me rends chez ma gynécologue pour la fameuse échographie de datation, mon mari m’accompagne. Nous commençons l’examen, un silence (interminable) s’installe. Il n’y a rien à l’écran ou du moins pas grand-chose, une poche est là mais, impossible de distinguer un embryon. Ma gynécologue me demande de revenir dans 2 semaines (avec sa consœur) , pour un second examen et que ma grossesse était certainement trop récente pour pouvoir distinguer quoi que ce soit. Nous sommes déçus et nous rentrons chez nous avec une once d’inquiétude.

Deux semaines plus tard : deuxième rendez-vous (un mardi d’août)

Je me rends cette fois-ci seule, mon mari est resté à la maison avec notre petit bonhomme. Sur le chemin, j’ai un mauvais pressentiment, je me sens de plus en plus inquiète. J’essaye de garder confiance, après tout pourquoi il y aurait un problème. J’ai des nausées, je suis plus fatiguée que d’habitude et j’ai mon petit ventre qui se dessine timidement. Arrivée sur place, je commence l’examen, et la mauvaise nouvelle tombe.

La grossesse s’est arrêtée d’elle-même, il n’y à pas eu d’évolution je suis à 8 sa et il n’y à qu’une poche vide. Les larmes coulent à flot, j’ai du mal à reprendre mon souffle. La gynécologue est froide, elle me console à sa façon en me disant que cela arrive à 1 femme sur 10. Que c’est presque une étape de la vie pour une femme et que si cette grossesse n’a pas suivie son cours, c’est que c’est « la sélection naturelle de la vie ».

Après son discours, elle m’annonce que je dois régler ma consultation et me rendre aux urgences gynécologique vendredi. En sortant, je téléphone à mon mari, toujours en pleurs, il ne s’attendait pas à une nouvelle pareille.

Personne ne s’y attend.

Les aller-retour aux urgences

Le vendredi, je me rends à la première heure à l’hôpital, tellement tôt que les urgences ne sont pas ouvertes, je dois donc aller à l’étage au niveau de la maternité. Si j’avais su, j’aurais attendu une heure de plus. J’ai dû attendre que l’on m’appelle juste en face, des salles de travail de la maternité. J’étais chamboulée, bouleversée, attendre ici que l’on me confirme l’arrêt de ma grossesse tout en entendant un bébé pousser son premier cri et voir des futurs papas se presser dans le couloir menant à leurs compagnes. C’était vraiment très dure, je n’ai pas pu retenir mes larmes.

C’est à mon tour, enfin, je vois un interniste qui me confirme l’arrêt et qui m’indique la marche à suivre. Je dois prendre un traitement, des cachets un maintenant, un second en rentrant pour déclencher des saignements et expulser ma fausse-couche. Une fois cette « étape » faite, je dois revenir le lundi qui suit.

En rentrant, je m’exécute, les saignements ne sont pas très importants, j’ai mal au ventre, j’ai surtout le cœur en miettes.

  • Le lundi

Après, une nouvelle échographie, le verdict tombe, le traitement n’a pas fonctionné, je dois en faire un second et revenir mercredi.

  • Le mercredi

Cette fois, je suis un peu plus confiante mes saignements, ont été beaucoup plus abondants ainsi que les douleurs qui vont avec (de très grosses règles)

Je refais une échographie, je tombe cette fois sur une personne qui est adorable, elle se soucie de ses patientes et me pose pour la première fois depuis le début de toute cette histoire ces questions.

« Et vous ? Comment vous allez ? Vous tenez le coup ? »

Cela fait un bien fou de se sentir importante, écoutée. Tous les médecins rencontrés jusqu’à là, font de ma fausse-couche une banalité, une personne, un chiffre de plus à ajouter dans leur statistique. C’est juste incroyable comme le côté humain passe à la trappe. Une nouvelle fois, le traitement n’a pas fonctionné, je dois cette fois-ci passer par l’opération, l’aspiration. J’aurais pu à ce moment-là être triste (encore plus) mais en fait, c’était une bonne nouvelle, j’allais enfin pouvoir arrêter mes allers-retours. Sauf que nous sommes en plein mois d’août, et oui il ne faut pas être malade ou avoir besoin de soins pendant les vacances.

Je dois donc attendre 2 semaines supplémentaires.

  • Le jour de l’opération (fin août)

Le jour de l’opération, je me sens stressée, mais j’ai aussi tellement hâte que toute cette histoire soit derrière moi. Je m’endors puis je me réveille quelques longues minutes plus tard. Je n’ai plus ce poids dans la poitrine, je vais pouvoir rentrer chez moi et commencer mon deuil. Le deuil de cette grossesse, le deuil de ce projet, de cet espoir de cette joie envolée.

Le retour à la maison

Je dois également faire fasse au chagrin de mon bout’chou à qui je n’ai rien voulu dire. Je ne lui avais pas confirmé ma grossesse malgré ses gros soupçons .Mais un jour, où je l’ai senti très mal, triste, et même blessé, je lui ai demandé ce qu’il se passait qu’il pouvait tout me dire que je ne mettrais pas en colère.

Et là, il a explosé « je suis triste parce que tu n’as plus le bébé, que tu es triste, mais je n’ai pas le droit d’en parler. »

Waouh ! Moi qui ne voulais pas l’embêter avec des problèmes de grandes personnes, je l’ai complètement mis de côté lui et ses sentiments.

Après avoir eu une longue discussion avec lui, tout s’est arrangé heureusement.

Et mon couple….

J’ai eu beaucoup de chance d’être soutenue par mon mari, il a était très fort lors de cette épreuve.
Il n’a pas voulu montrer que cette histoire l’avait profondément touchée.
Je n’oublierai pas toutes ses soirées avec lui, à regarder des séries en boucles parce que je n’arrivais pas à dormir.
Cette épreuve de notre vie nous a rapprochés.
J’aimerais soutenir à mon tour toutes les femmes qui vivent une fausse-couche, le personnel soignant minimise les choses et donne un aspect banal à la fausse-couche, car c’est vrai, ça arrive plus souvent que l’on pense, mais est ce une raison pour oublier le côté humain.
Alors je voudrais te dire à toi qui traverses tout ça.
« Tu n’es pas une statistique, mais une femme qui a fait une fausse-couche. »

Mon happyend (début novembre)

Quelques mois plus tard, nous nous sommes remis au travail et nous avons eu beaucoup de chance, car la vie est de nouveau venue s’inviter dans mon ventre.
Aujourd’hui, nous avons un magnifique petit garçon qui a 8 mois, il est adorable et sourit tout le temps.
D’où ses surnoms, « bébé bonheur » et « bébé sourire »
Alors, oui, je n’oublierais pas cette épreuve de ma vie, de notre vie de famille, de couple….
Et je n’oublierai pas les femmes qui passeront malheureusement par cette épreuve, je suis avec vous…