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A la une / Récit de grossesse

Cette deuxième grossesse si différente : le second trimestre

Ou quand les méchants virus s’en mêlent…

Au moment où tout le monde nous dit qu’on va enfin profiter de la grossesse, où les angoisses du premier trimestre s’éloignent doucement et les nausées nous laissent (ou sont censées nous laisser) tranquille, au moment où on s’est dit, Mister F. et moi, qu’on allait pouvoir souffler, une vilaine histoire de virus nous est tombée sur le coin de la figure…

Rappelle-toi, notre ChérieChou est gardée en crèche, et plus précisément dans une crèche parentale (tu verras par la suite que ce détail n’est pas anodin). Un beau soir de décembre, alors que nous avions annoncé à tout le groupe des parents que nous attendions un deuxième bébé, nous avons reçu le mail d’un papa nous indiquant que sa fille était atteinte du parvovirus.

Voilà, ça y est, ce vilain mot était entré dans notre quotidien.

Concrètement, que s’est-il passé ?

Bon, je ne suis pas médecin, et je ne compte pas te donner de cours de virologie, te parler des statistiques et des études scientifiques actuelles concernant les risques pour le fœtus, les chances de transmission de la femme enceinte à son bébé et les conséquences à court et moyen terme pour le développement in utero. Je vais me contenter de te décrire mon ressenti et mon vécu pendant cette période de stress.

Déjà, la première chose que j’ai faite, lorsque j’ai reçu le mail de ce papa, c’est de me renseigner sur cette maladie. J’ai essayé d’éviter les sites grand public pour me concentrer sur les articles scientifiques et les rapports des instituts de recherche.

Premier constat : ça peut être grave. Mais genre très très grave. Mon cœur s’emballe à lire les mots « fausse couche spontanée », « mort fœtale in utero« ,  « anémie sévère entraînant des malformations cardiaques ».

Deuxième constat : il n’y a pas de consensus dans la communauté scientifique. Je trouve certaines recommandations, mais qui ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, ou même d’un établissement à l’autre.

Bien sûr, cette information nous étant arrivée un vendredi soir, impossible de joindre ma gynécologue dans la foulée. J’appelle tout de même mon médecin traitant, le lendemain, et lui demande la marche à suivre. Sa réponse ennuyée « Oh ben vous savez, il n’y a pas grand chose à faire, dans ces cas-là » me laisse, comme tu peux l’imaginer, dans la plus grande angoisse. Elle me conseille tout de même d’appeler ma gynécologue lundi, ce que je fais à la première heure. Sa réaction est à l’opposé, et elle me fait venir en urgences à son cabinet le soir même, pour me donner une ordonnance pour une sérologie. Elle ne partage pas l’avis de mon médecin traitant, et voudrait vérifier la présence ou l’absence du virus dans mon sang. L’idéal serait que je l’ai déjà contracté auparavant, ce qui, sans donner une véritable immunité, diminue grandement les risques d’une contamination du bébé, quand bien même je l’attraperais à nouveau.

Cet épisode étant survenu à quelques jours des fêtes de Noël, tout se fait de manière bousculée : prise de sang le lendemain à la première heure, demande des résultats par mail, histoire de pouvoir les transmettre directement à ma gynéco. Et au milieu de tout ça, des vacances de Noël mouvementées à organiser, comme chaque année.

Bref, je vais te passer les détails, mais en résumé, les premiers résultats nous parviennent alors que nous sommes déjà chez mes beaux-parents : pas d’immunité ancienne pour moi, mais pas de contraction récente. Donc on fait quoi ? On attend trois longues semaines, dans l’angoisse, à guetter l’apparition des symptômes chez ChérieChou et à respecter scrupuleusement les mesures d’hygiène, et on recommence.

Et ce premier épisode marque le début de sérologies à répétition, pendant presque tout le second trimestre. Le temps d’être sûr. Que tout va bien. Qu’aucun autre enfant de la crèche ne déclare la maladie. Que l’on peut recommencer à respirer normalement, à dormir sans cauchemar, à se projeter dans cette seconde grossesse.

Et dans la tête ?

Ben dans la tête, clairement, c’est la panique. Je souffre énormément des problèmes de communication qu’engendre notre situation particulière, et notamment le fait d’être dans le cadre d’une crèche parentale. Déjà, le manque de protocole à suivre est particulièrement anxiogène : doit-on retirer ChérieChou de la crèche ? Faut-il exclure les enfants malades ? Dois-je éviter toute activité dans les locaux ?

Et puis, bien sûr, les autres parents s’en mêlent. Notre implication dans l’organisation de la structure étant tout à coup remise en cause (sur les conseils de ma gynéco, j’évite à tout prix de remettre les pieds dans la structure sans avoir l’assurance qu’aucun autre enfant n’a déclaré le parvovirus), chacun y va de sa propre analyse de la situation pour nous convaincre de ne pas nous en faire : « Tu sais, l’année  dernière, mon médecin m’avait dit qu’il n’y avait aucun risque », « Non, mais de ce que j’ai compris, les études récentes disent que les risques sont minimes », etc etc… Comme tu l’imagines, le genre de discours qu’une femme enceinte angoissée adore entendre rabâcher.

Je suis d’autant plus perdue que le discours est également changeant au sein du corps médical : entre ma gynéco alarmiste qui veut que je prenne mille précautions, quitte à retirer ChérieChou de la crèche et à observer une abstinence stricte avec Mister F. le temps que les risques d’épidémie soient complètement écartés, les avis médicaux des puéricultrices et des autres parents confrontés à ce virus (nous sommes plusieurs femmes enceintes à la crèche en ce moment), je me sens complètement perdue.

A cela se rajoute nos vacances en famille, où il faut faire le choix d’en parler… ou pas ! Après une première semaine dans ma belle-famille où nous avons cru devenir fous à devoir rassurer ma belle-mère qui voulait remuer la Terre entière ou à entendre les discours se voulant rassurant de mes belles-sœurs, nous avons fait le choix de ne pas en parler à ma famille. Je ne me sentais pas d’ajouter leurs angoisses aux miennes, et encore moins d’entendre leurs discours sur la surmédicalisation de la grossesse, de nos jours.

Bref, on rentre de vacances abattus et un peu perdus. Je fais des crises d’angoisses régulièrement. Je ne veux plus me projeter, Mister F. encore moins, mais il faut bien continuer à avancer et se protéger. Je fais (ou j’essaie de faire) abstraction de cette grossesse : je ne veux plus en parler, je limite les rendez-vous médicaux au minimum (ce qui laisse le temps à ma vilaine sciatique de se réinstaller), et je tiens en apnée jusqu’à la date de ma prochaine sérologie. C’est d’autant plus dur qu’il devient difficile de le cacher, ce ventre qui se faisait si discret mais qui a décidé de sortir tout à coup, et dont tout le monde veut à présent me parler : les collègues, la pharmacienne, la voisine dans le bus ou la boulangère…

Heureusement, au milieu de toute cette histoire, je commence à être suivie à la maternité et je change donc d’interlocuteur : au lieu de ma gynéco au discours alarmiste, je passe à une sage-femme plus rassurante et pragmatique, qui me propose de m’en tenir à la marche à suivre. Je réalise donc les deux sérologies suivantes (et oui, un nouveau cas ayant été déclaré à la crèche, on est reparti pour trois nouvelles semaines d’angoisse…) avec elle, puis, mes sérologies continuant à s’avérer négatives, elle finit par me dire qu’on peut mettre de côté cette angoisse, et passer à autre chose.

Je crois que mon déclic n’est pas immédiat. Sur le moment, je n’ose pas y croire.

Et finalement, il me faut encore un peu de temps avant de pleinement investir à nouveau cette grossesse. Ce n’est qu’à quelques jours de la fin de mon second trimestre que je commence doucement à réaliser que MiniChou est installé durablement à demeure et qu’on peut rêver plus sereinement à la suite. Dans les jours qui viennent, je commence doucement mon journal de grossesse, où je prends le temps, enfin, d’écrire à ce petit bébé qui est dans mon ventre.

Côté physique

A côté de toutes ces angoisses, j’ai été bien peu attentive aux changements physiques survenus pendant ce second trimestre. D’ailleurs, les photos de moi sont rares : je n’osais plus en prendre…

Mais ce que je retiens surtout, c’est un ventre qui prend de l’ampleur soudainement, début janvier, et m’oblige à passer à la vitesse grand V pour ma garde-robe de grossesse. Même si je mets un peu de temps à assumer ces nouvelles courbes, je profite de cette occasion rêvée pour me faire plaisir et jouir des aspects plaisants et futiles de la grossesse. Nous nous organisons, Madame Fleur et moi-même, une petite virée shopping extrêmement salutaire !

Et dire qu’à l’époque on avait l’impression que nos bidons étaient déjà bien ronds…!

Sinon, mes amies les nausées sont TOUJOURS au rendez-vous ! Bien qu’atténuées, elles ne sont font pas oublier, et elles s’accompagnent encore d’une grande fatigue qui persiste et que n’arrange pas un déménagement tout début janvier. Et oui, on cumule, on est des fous ! Et je paie ce déménagement au prix fort, avec beaucoup de douleurs physiques (sciatique, ventre lourd et peau qui tire), notamment en fin de journée. J’ai de plus en plus de difficultés à m’occuper de ChérieChou, qui le sent bien et en est toute perturbée. Du coup, ce ventre naissant que j’avais adoré la première fois, me pèse déjà et ce second trimestre me paraît s’étirer en longueur.

Pour résumer : G1 versus G2

C’est un bilan plutôt négatif, pour ce second trimestre. J’en ai été d’autant plus perturbée qu’au-delà du discours général (déjà bien souvent culpabilisant !), c’était vraiment le trimestre qui avait pourtant correspondu à l’apogée de ma grossesse, la première fois.

En même temps, ma situation était complètement différente : il y a deux ans, je m’envolais pour la Guadeloupe, afin de profiter de trois semaines de vacances avec Mister F., pour nos dernières vacances en amoureux, juste tous les deux (et demi !), fière d’exposer l’arrondi naissant de mon bidon. Alors que cette fois-ci, au cœur de l’hiver et avec ces angoisses de virus, impossible de profiter et de se projeter sereinement, avec cette désagréable impression de vivre une grossesse en sursis, au milieu d’un déménagement qui nous accapare énormément.

Bref, cette fois-ci, au match grossesse 1 versus grossesse 2, c’est clairement la première grossesse qui l’emporte !

Et toi, tu as vécu des frayeurs pendant ta grossesse ? Tu as déjà eu à subir la pression d’avis médicaux pas forcément contradictoires, mais pas cohérents non plus ? Est-ce que ton second trimestre a été serein, et tu as pu en profiter pleinement, ou toi aussi, tu l’attends toujours, l’épanouissement tant promis ?

Toutes photos : photos personnelles