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Récit d'accouchement

Mon premier accouchement : l’attente, et le début du travail…

J'ai plutôt mal vécu ma grossesse, j'étais une vraie boule de nerf. J'étais très angoissée pour  l', et surtout pour l'arrivée du bébé…

J'imaginais LA boucherie pour l'accouchement. Une phase d'expulsion qui dure et dure et dure. Du sang partout. Une épisio horrible et/ou une césarienne. Et ensuite un bébé qui pleure tout le temps. Qui me bouffe tout mon temps et mon énergie. Qui m'épuise. Et moi qui ne tient pas le choc.

Donc ça, c'était le tableau initial (ouah, ça fait vachement rêver !). En pratique, ça a donné tout autre chose.

Les prémices

La semaine qui a précédé l'accouchement, je voulais le faire venir, vraiment. Enfin, je n'étais pas trop pressée, c'est vrai, puisque je paniquais un peu à l'idée de l'accouchement et devoir gérer ce petit être. Mais à côté de ça, pour des raisons pratiques (la famille qui vient de loin exprès et qui a déjà prévu le voyage), je me disais qu'il fallait qu'il sorte, au moins pour eux !

Donc je fais des marches, je prends la voiture, je fais même quelques pas chassés et une micro-course. Je vais en forêt, en ville, promener le cheval. Rien à faire. Pas de contraction. Rien à l'horizon.

J'ai accouché un dimanche. Mais le vendredi, je recevais déjà ma famille. La date prévue d'accouchement était le lundi qui suivait. Ils avaient tous espéré arriver avec le petit déjà sorti, mais, hélas, Mère Nature décide par elle-même !

Finalement, nous sommes allés nous promener (je soupçonnais d'ailleurs cette famille félonne de vouloir accélérer le processus). C'est ainsi que nous sommes partis pour une virée au parc. Ça monte, ça descend, je fais 36 000 pauses pipi, bref, c'est la fin de la grossesse ! Après deux tours de parc, nous voilà enfin de retour chez nous. Mine de rien, j'ai un bébé plutôt imposant (je le sais d'avance grâce aux échographies), et ça pèse.

Pendant que nous buvons le café, j'ai le droit au fameux « alors ? ». Et alors… « ben toujours rien ». Ils repartent dormir à 2h de chez moi, et je me retrouve seule avec mon mari, et ce petit qui ne veut pas sortir. Ils doivent repasser le dimanche. Je me que d'ici là, il faut qu'il sorte !

photo de grossesse

Crédits photo (creative commons) : Phalinn Ooi

À 21h30, le vendredi, enfin, le début des contractions douloureuses, celles qui annoncent le travail. Je le sais, c'est un premier bébé, ça peut prendre du temps. Je décide d'aller tranquillement prendre un bain. Dans le bain, les contractions sont toujours douloureuses, et je sens que ça travaille bien. En plus, elles deviennent régulières. Je reste dans la baignoire, clapotant dans l'eau.

Au bout d'une heure, je sors enfin et je vais télécharger l'application pour chronométrer les contractions. Ça peut toujours être utile, me dis-je, et j'ai des amies qui s'en étaient servies. Évidemment, c'est à ce moment-là que les contractions redeviennent anarchiques. Je prends 2 Spasfon et un Doliprane.

Toute la nuit du vendredi, les contractions vont et viennent. Elles s'espacent toutes les 7 minutes, puis finalement redeviennent anarchiques, etc. etc. etc. Je décide de me refaire couler un bain. David, le futur papa, est toujours réveillé. Il sait que ça travaille, mais bon, il n'y a rien à faire à part attendre bien sûr ! Du coup, il part se coucher. Malgré le bain et les spasfons, la douleur reste, et les contractions durent entre 40sec et plus d'une minute pour les plus longues. Je tiens le bon bout !

Le jour de l'accouchement

Samedi matin, je n'en peux plus. Je me doute que c'est encore tôt, mais elles sont là, elles font mal, j'ai chronométré toute la nuit, je veux qu'on me dise ce qu'il en est. Je réveille David et je lui dis « On va y aller. ». Il me répond « Hummm ok. » et se rendort. « Euh. A la maternité hein ! » « Ah !!! OK, je prends ma douche ! »

Pendant qu'il prend sa douche, se sèche les cheveux, s'habille, prend son temps, je prépare les affaires. Je prends juste le sac accouchement, pas la valise. J'ai déjà fait plusieurs allers-retours « inutiles » (où les contractions cessaient pile devant la porte d'entrée des urgences maternité), et je sens que ce n'est pas encore pour maintenant.

A 10h30 nous arrivons à la maternité et… j'hésite à appuyer sur le bouton de la sonnette des sages-femmes. Je SAIS que c'est encore une fausse alarme. Je SAIS que je vais me sentir mal d'avoir encore dérangé tout le monde pour rien. Et même si cette fois, j'ai encore des contractions (alléluia !) non, je ne le sens pas. Je reste avec mes contractions à l'accueil.

La dame de l'accueil me regarde, regarde David et dit « ben il faut sonner si vous avez des contractions ». Je suis de méga mauvais poil. J'ai mal, mais en même temps j'ai peur qu'on me dise que c'est encore rien. Finalement, David va sonner et une sage-femme vient me chercher. Elle me fait patienter en salle d'attente. Une femme est sous monitoring, et il n'y en a qu'un seul. On attend donc… et mes contractions s'espacent. Repartent à 20minutes d'écart.

A 13h, je suis enfin placée sous monitoring, et du coup évidemment, y'a UNE contraction sur toute la durée de l'enregistrement, j'ai envie de pleurer de rage. Ils vérifient quand même le col : 1,5. Au moins un bon point, elles ont commencé à être efficaces. Elles me renvoient chez moi avec un conseil : dormir.

« Reposez-vous. Ça ne saurait tarder et dans le « pire » des cas, lundi vous venez, et a priori le col ne va pas se refermer, donc on va probablement vous le déclencher. »

A 14h30, on sort de la maternité. J'ai envie de me filer des baffes, encore, pour être venue pour rien. Et puis merde. J'ai super faim. « On va manger un bout ? ». J'ai toujours des contractions douloureuses, mais elles sont toujours espacées. Nous partons manger au restaurant, un plat bien copieux, et au milieu du repas, David reçoit un coup de téléphone pour le boulot.

Il faut qu'il y aille et je l'accompagne. Les contractions sont toujours là, toujours douloureuses, mais bon, toujours anarchiques, j'arrive à les gérer, même si elles sont longues. David doit aussi faire sortir son cheval, nous faisons donc un nouveau détour. Je compte pouvoir marcher tranquillement à côté du cheval et aider le travail.

Arrivés là-bas, les contractions sont trop fortes pour que je puisse faire la petite marche à laquelle je pensais. Nous vérifions juste que va bien, nous rentrons à la maison.

Il est 18h, je suis crevée. David me dit d'aller me coucher. Qu'après tout je n'ai pas dormi la nuit dernière et que bon, il faut quand même que je me repose. Je décide de prendre un bain. Évidemment les contractions se rapprochent quand j'y suis. Évidemment, le Spasfon ne fonctionne toujours pas. Je sors de la baignoire et dodo. Trop crevée. Toutes les 45 min, je suis réveillée par une contraction longue et douloureuse. Mais je me rendors direct, épuisée.

Ça y est, c'est parti mon kiki ! Ou le faux départ…

Puis 20h30, THE contraction. Celle qui dure, dure, dure. 40 sec. 50 sec. 1 minute. 1 minute 10. Ça ne passe pas. J'ai envie de pleurer de douleur. Je me traine aux toilettes, je me dis « Je suis constipée, ou je ne sais pas quoi. Forcément, ça bloque, c'est pour ça que c'est si douloureux ! ». 1 minute 30 de contraction, j'hallucine. Je me traîne aux toilettes, à 4 pattes, seul moyen de me déplacer. J'arrive à me hisser et… SPLASH !

Le gros splash (je te rassure : ce n'était pas le bébé). Oui, je viens de perdre les eaux. Et d'un coup, plus de douleur. Plus rien. Le soulagement total. J'ai un doute. Je sors et je préviens David « je crois que je viens de perdre les eaux ». Il me dit de téléphoner à la maternité. Je téléphone, un peu désorientée…

« Je suis passée ce matin… Je crois que je viens de perdre les eaux.
— Ben vous croyez que je peux vérifier ça par téléphone ?
— Euh… Oui, effectivement, j'arrive. »

Cette fois-ci, on décolle. Je prends la valise. La trousse de toilette. Le sac de bouffe/eau, j'ai tout prévu ! Cette fois-ci, je pense que c'est la bonne : quand je rentrerais, j'aurais mon bébé dans les bras.

A 21h, nous y sommes. Le futur papa fait de l'humour : « t'as pris la carte de fidélité ? ».

Ils me font patienter en salle d'attente, me posent des questions. Apparemment ça ne serait pas la poche des eaux. Non, pas possible, pas encore une fois. Ils vont vérifier tout de même.

On me place dans la chambre d'examen, je monte sur la table et… oui. Le verdict est bon, c'était la poche des eaux. Ils vont me garder. La sage-femme branche le monitoring et… c'est Waterloo morne plaine. Rien de chez rien. Et le col n'a pas bougé.

Maintenant, je sais. Je resterai dans ma chambre 12h, et si rien n'a changé, si le travail n'a toujours pas commencé, ils me déclencheront l'accouchement. J'ai lu que c'était très douloureux, je n'ai pas envie de ce déclenchement. Je croise les doigts et j'attends. David hésite à repartir dormir chez nous. « Si le travail ne commence pas, si je dors, je serais plus en forme pour le vrai travail ». Là je dis non. Je n'ai pas envie de rester toute seule. Il s'installe et somnole et moi…

Moi, j'attends.

Bon, cette fois-ci, c'est la bonne !

22h30, enfin les contractions reviennent. Aussi intenses que la nuit précédente, mais plus régulières. Je passe 15 minutes dans la chambre, puis je décide de sortir, pour ne pas déranger David. Et parce que ça m'aide à gérer mieux. Je marche dans le couloir. J'écoute de la musique. Je respire bien. Finalement, je trouve ma position : assise sur le rebord d'une chaise, les bras sur l'arrière, le dos cambré. Et je gère comme ça.

A 00h45, je suis revenue en chambre. Les contractions font vraiment mal et elles sont maintenant assez rapprochées pour que j'aie du mal à les gérer parfaitement. Pas le temps de finir une chanson que la 2e contraction est déjà sur sa lancée. Il en vient une particulièrement douloureuse.

Je demande à la sage-femme de vérifier le col. Elle obtempère et… il est à 3 ! On peut poser la , vous la voulez ? « OUI ! » Je comprends celles qui veulent profiter des sensations… mais si ça me permet d'avoir quelque chose qui empêche la douleur, j'avoue que je prends !

Ça y est, ils m'installent en chambre de travail. C'est là que je vais accoucher. L'anesthésiste arrive, les sages-femmes font sortir David et il commence son affaire. J'appréhende un peu, parce que j'ai lu que la pose de la péridurale pouvait être désagréable, voire douloureuse.

Je sens qu'on me pique et… rien. En fait, c'est seulement l'anesthésique local. Il m'insère le tube, me scotche tout au long du dos, et sort le petit bout par le haut. Là, je me dis « Cool, la prochaine, je ne la sentirai pas ! » Mais lors de la fameuse « prochaine », je douille encore ! Forcément, il n'a toujours pas inséré le produit, c'est normal !

Il attend que cette contraction passe et m'injecte le produit, puis s'en va. La sage-femme me dit « Vous allez voir, 10 minutes et ça agira, vous pourrez même dormir ! ». J'attends … 10 minutes… 20 minutes… Euh… c'est normal si j'ai toujours mal ? Elle vérifie, appelle l'anesthésiste, et on me réinjecte une dose.

Ça y est, maintenant, j'ai plus mal. Je sens bien les contractions. Mais plus la douleur. Ô joie !

David me dit de me reposer. Je stresse un peu mais OK. Je ferme les yeux.

Au bout d'une heure, je commence à ressentir la douleur à nouveau. La sage-femme vient pour vérifier le col. Il est à 5. Elle m'injecte une nouvelle dose de péridurale. « Maintenant, le col devrait s'ouvrir plus rapidement. »

Elle vérifie le bébé. Regarde mon ventre. « Bon, il se positionne pas super bien. Il n'a pas la tête comme il faudrait… » Mon ventre est en diagonale, tout relevé à droite, mais pas du tout centré. Elle me fait pencher à droite.

Le rythme cardiaque du bébé descend à 100, 90, 80, 70. Et ne remonte pas. Elle vérifie… c'est bien son rythme à lui, et pas le mien. Elle me remet allongée sur le dos. Le rythme remonte instantanément.

« Il n'aime peut être pas le côté droit ?

— Ben… pendant la grossesse, non, il n'aimait pas ce côté-là, il tapait tout le temps.
— Il faut qu'il se recentre. »

Elle me fait me coucher à gauche. Me donne un coussin de grossesse. Je somnole.

Toutes les heures à partir de là, je commence à ressentir la douleur à nouveau. Et toutes les heures, la sage-femme vient vérifier le col. Toutes les heures, le même constat : le col s'ouvre très doucement, à peine 1cm par heure.

Toutes les heures, elle essaye de le remettre dans l'axe, sans trop y parvenir. Il ne se présente vraiment pas idéalement, pas dans la ligne qu'il faudrait, mais il peut sortir quand même.

Et toutes les heures, une fois qu'elle repart, j'angoisse, je panique. J'ai soif, j'ai faim. Et j'ai peur, même si je n'arrive pas à le formuler. J'ai envie d'arracher les fils et de partir. Je demande de l'eau, du sucre. Heureusement j'ai eu l'accord préalable de mon anesthésiste pour pouvoir en avoir un peu. Je rationne. Toutes les heures, je tremble, je prends un peu d'eau, un peu de sucre, et j'essaye de me rassurer sur ce qui m'attend. C'est là, maintenant. Je vais bientôt avoir un bébé. A vie.

David prend beaucoup de recul. Il prend son ton de censeur. Me refuse de l'eau « parce qu'il faut éviter ». Je m'énerve. Il est trop détaché et je n'aime pas ça. Il se comporte comme s'il n'y avait rien d'exceptionnel et ça m'angoisse plus encore.

Mais dans l'ensemble, ça va. Mises à part les crises, je n'ai pas mal, et bien sûr c'est long, vu que ça ne dilate que de 1 toutes les heures, mais ça va. Je pensais que ça serait plus douloureux.

À 8h, la sage-femme qui m'a accompagnée toute la nuit vient me voir. Son service se termine. Elle ne pourra pas me voir accoucher, alors qu'elle m'a accompagnée tout du long. Elle me dit que c'est sa collègue qui viendra pour la dose de péridurale et pour vérifier le col, et elle me souhaite bon courage.

La sage-femme n°2 prend le relais. D'instinct, je ne l'aime pas. Mais c'est simplement parce que je suis embêtée d'avoir une tête nouvelle si près du but. Une qui n'a pas vu toutes mes crises d'angoisse. Et j'ai peur qu'il n'y ait pas assez de compréhension pour la phase qui me fait le plus peur : la phase d'expulsion. D'ailleurs, elle vérifie le col : il est à 10. C'est le moment. Je demande, inquiète :

« Ça dure combien de temps ?
— Ben… pour une primipare… au moins, facile… 15 minutes.
— 15 MINUTES ?! »

Le soulagement est total. Seulement 15 minutes ? Je peux le faire ! J'imaginais bien pire !

L'équipe se met en place… Mais l'arrivée du bébé, je te la raconterais la prochaine fois.

Et toi ? Comment imaginais-tu ton accouchement ? Tu as eu de bonne surprises ? Tu as eu plusieurs faux départs avant que le travail commence vraiment ? Raconte !

Toi aussi, tu veux témoigner et raconter ton accouchement ? C'est par ici !