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Témoignage

Comment gérer son adolescent en crise

Maintenant que je t'ai dressé le tableau peu réjouissant de ce qui t'attend, je vais essayer de te donner quelques pistes pour t'aider à passer cette épreuve haut la main, sans que tu y laisses des cheveux blancs, des poches sous les yeux et surtout sans laisser ton petit sur le bord du chemin.

Car oui, la principale difficulté de cette période c'est de faire en sorte que tout le monde s'en sorte indemne. Lui, toi, ton couple et le reste de la fratrie. Tu vois un peu le challenge ? Non, non, tu ne peux pas t'enfuir ! Tu es enfermée dans Fort Boyard et Melindra va lâcher les tigres !

adolescents

Crédits photo : lusi

Alors, premier conseil : faire face. Ne pas céder mais surtout surtout ne pas vouloir se battre sur tous les fronts.

Erreur à ne jamais commettre et qui est bien trop souvent le cas avec son petit premier.

Tu vas t'épuiser, perdre de la cohérence, lui donner un sentiment de harcèlement, creuser le fossé et perdre tout semblant de communication avec lui. Et ça c'est le pire. Car c'est ça qui te (vous) sauvera.

Communiquer.

Et ce n'est pas simple du tout de pouvoir discuter avec cet « inconnu connu » qui a surgi sous ton toit, qui est retord par principe à tout ce que tu lui dis… quand tu as le temps de lui parler avant le claquement de porte de sa chambre. Mais il faut insister. Des fois, il n'entendra rien, et d'autres il retiendra des bribes de ton monologue. Oui monologue, car ne rêve pas, le dialogue, ce n'est pas encore à l'ordre du jour. Mais cette petite bribe-là, rien que ça, c'est déjà une belle victoire !

Par contre, deuxième conseil : quand tu es particulièrement mal lunée car tu as passé une journée épouvantable au boulot ou que ton mari a transformé ton pull cachemire en taille layette, oublie l'idée d'aller discuter avec ton ado. Tu es au summum de l'épuisement et de la saturation. Tu as envie de te défouler sur tout ce qui bouge. Ou pas.

Et scoop : un ado n'a aucune valeur apaisante. Donc ton message ne passerait pas et épargne-toi de vouloir t'en rajouter une couche. Garde-la pour demain ! T'inquiète, tu auras aussi sujet à bataille, discussion et recadrage le lendemain ! Ça aussi, c'est la magie de vivre avec un enfant ado, jamais de routine, pas de train-train. Tu ne sais pas quelle belle surprise il te réserve H24 !

Troisième conseil : lui redonner confiance en toi (mais surtout en lui) et le rassurer sur l'amour que tu lui portes toujours, mais qui a évolué… avec lui.

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Oui ok, parfois ton amour tu le perds complètement de vue et filerais bien ton marmot à la SPA. Oublie ça aussi. Ils ont assez affaire avec des bêtes bien moins dangereuses.

Mais surtout, plus que tout autre chose : il faut prioriser ses objectifs. Le mien était le respect. On n'est pas des potes, on nous parle sans nous agresser quand on demande de nous passer le sel, on n'a pas le même langage à la maison qu'au collège. Et puis on continue à participer à la vie familiale.

Déjà rien que ça, crois-moi c'est du boulot et ça va devenir une bataille au quotidien. Mais une bataille bénéfique pour eux, leur avenir mais aussi pour l'équilibre de tout le reste de la famille.

Alors qu'il se mette du gel dans ses cheveux en se transformant en porc épic, qu'il porte son jean comme un pingouin, qu'il ait écrit avec du blanco « Sexion d'assaut » sur son beau sac noir Eastpack tout neuf, c'est franchement moins grave.

Oui, tu lui rappelleras de temps en temps que sa coiffure fait mauvais genre, tu lui expliqueras l'origine de la mode de porter les pantalons aux genoux, le prix que tu as payé son sac à dos. Mais tout ceci avec parcimonie et tact. Ce n'est pas ce combat qu'il te faut mener. L'essentiel est loin d'être là. Tu ne peux pas être sur tous les fronts, tous les jours 24/24. C'est impossible. Tu vas y laisser la peau, ta santé psychique et au final, rien ne s'arrangera voire même ça empirera.

Il faut y aller step by step. Car ton gosse il est intelligent (forcément, c'est le tien !). Avec des recadrages qui ont du sens ça va bien finir par lui rentrer dans le ciboulot. Un jour… ou l'autre !

On ne le dira jamais assez : il leur faut des réactions justes, de l'écoute et de la communication à ses petits. Ils souffrent de ce chamboulement (bon ok, tu sers de punching ball), ils sont perturbés, ont la pression au collège de la part des profs, des autres ados qui « eux, ont tout ce qu'ils veulent et font tout ce qu'ils veulent ».

Oui, c'est comme ça.

Alors il y aura des moments où tu baisseras les bras, auras besoin de ceux de ton mari pour te consoler et t'écouter et où tes beaux sentiments disparaitront devant un énième repas de famille se terminant avec un de moins à table. Mais soit tu ne t'y fais absolument pas et tu vas vivre de sales moments, soit tu acceptes au fond de toi que oui, les choses ont changé, que non tu n'étais pas préparée à ça et que ça va bien finir par passer.

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Attention, ne surtout pas démissionner face à La Bête du Gévaudan. Même si c'est très tentant par moments, j'avoue. Mais justement c'est parce que tu l'aimes, ton petiot, que tu veux l'accompagner dans cette épreuve, que tu veux l'aider en recadrant les choses, en lui expliquant que oui, c'est vrai il y a des règles à la maison, mais que dans la vie c'est pareil. Même pire. Qu'on ne lui fera pas de cadeaux et que tu es là pour lui éviter le maximum de « claques » qu'il pourrait se prendre au risque de lui en donner une petite s'il pousse trop loin les limites. Même si tu es absolument contre. Personne n'est parfait. Ni toi, ni lui. Ni l' que tu lui donnes. Et c'est tant mieux !

Je peux te dire aujourd'hui qu'avec 5 enfants entre 23 et 16 ans, nous avons passé des périodes agitées, affreuses même. Les nuits blanches, les maux de ventre, les angoisses, les cris à s'égosiller, le couple au bord de l'explosion, on a donné. Ça, entre autres joyeusetés que je préfère t'épargner. Mais tu vois, la crise d' de mon petit dernier est en train de se carapater et quand je vois nos enfants, je me dis qu'on s'en est pas si mal sorti que ça ! Chacun a choisi sa voie (sauf mon aîné qui continue à se poser des questions existentielles) et même si ce n'était pas celle que nous voulions pour eux à la base, ils sont heureux, nous aiment et auront un avenir tout au moins professionnel. L'ambiance est plus sereine à la maison, les calins et rires bien plus nombreux, la complicité et le lien familial sont là. Même dans notre famille recomposée et particulièrement « hors du commun » (je t'en dirai plus dans une autre chronique).

Ils ont grandi. Nous aussi. Et tout le monde s'en est sorti sain et sauf ! Donc toutes ces années difficiles nous les avons affrontées et déglinguées haut la main. Et nous sommes heureux de voir le résultat presque chaque jour sous nos yeux. Et ça, vois-tu, ça n'a pas de prix ! Et toi, tu vas forcément y arriver aussi !

Et crois-moi que lors de cette longue période, tu auras probablement une pensée pour ta mère qui te disait (hurlait) « Je te souhaite d'avoir un ado comme toi ! Tu verras quand tu y seras ! Tu penseras à moi ! »

Message reçu Maman ! Tu avais raison, je pense sacrément à toi en ce moment…