Au début de l’année scolaire, Mme Givrée et Mme Gally t’ont parlé de la rentrée des classes côté professeure de collège et institutrice. Arrive le mois de décembre, et au collège et au lycée, c’est la grande période des conseils de classe. Mais pour toi qui n’es pas « dans le système », tu te demandes sûrement comment se passe ce fameux conseil, tant redouté par les élèves et leurs parents.
L’organisation du conseil
Si bien sûr il y a des petites différences d’un établissement à l’autre, les grandes lignes sont les mêmes.
A l’heure dite, dans la salle désignée, se réunissent :
- Le chef d’établissement (CDE) ou son adjoint (selon le niveau de la classe. Par exemple dans mon collège, la principale s’occupe des classes de 6e et de 3e, et son adjoint des 5e et des 4e)
- Le professeur principal (PP) de la classe, qui a bien préparé « son » conseil avant de venir
- Les autres professeurs de la classe. Selon leurs disponibilités, notamment car il y a souvent deux conseils en même temps et qu’il faut donc parfois choisir
- Le CPE (ou Conseiller Principal d’Éducation. Oui, dans l’Education Nationale – EN – on aime les acronymes)
- Les deux délégués des élèves ou leurs suppléants, élus en septembre par les élèves de la classe
- Un ou deux représentants élus des parents d’élèves.
Le conseil commence par une synthèse sur la classe, son ambiance, le travail général, faite par le professeur principal. Puis chaque enseignant (présent ou grâce à un petit mot laissé au PP), le CPE, les élèves et enfin les parents s’expriment à leur tour sur la classe. On passe alors au « cas par cas ».
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Le « cas par cas »
C’est LE moment redouté. Pour chaque élève, dans l’ordre alphabétique de la classe, on fait le bilan du trimestre.
Le professeur principal a lu en amont le bulletin de chacun, et propose une synthèse, reprise telle quelle ou reformulée par le chef d’établissement en bas du bulletin, parfois modulée en fonction des remarques des personnes présentes au conseil. Il propose aussi une récompense (félicitations, compliments, encouragements, tableau d’honneur… Là, c’est très variable d’un établissement à l’autre), un avertissement (travail, conduite/comportement) ou rien (chez nous on dit « blanc »).
Parlons justement de ces récompenses. C’est souvent le plus difficile à comprendre pour les enfants et leurs parents. Pourquoi un enfant, alors qu’il a 15 de moyenne générale, n’a pas eu les compliments ou les félicitations ? Pourquoi un autre enfant qui n’a que 7 de moyenne générale a eu les encouragements ? Parce que, justement ce n’est pas une histoire de moyenne générale… Bien sûr, pour un élève qui travaille et qui est sérieux en classe, le choix des compliments ou des félicitations dépend de cette moyenne. Mais c’est tout.
Un enfant n’a pas eu de récompense alors qu’il a une excellente moyenne ? C’est que dans les appréciations il y a de nombreuses remarques négatives concernant son manque d’implication, ses bavardages, voire son agitation en classe. On ne peut pas féliciter ou complimenter ce type de comportement. Cet enfant n’aura pas d’avertissement, mais il n’aura pas non plus de récompense.
Un enfant a eu les encouragements alors que sa moyenne est très basse ? C’est qu’il a de très grosses difficultés mais que les enseignants le voient faire des efforts, qu’il est sérieux en classe, qu’il se bat pour progresser.
Logique non ?
Et c’est tout ?
Bien sûr que non! Au-delà de ce bilan, entre félicitations et avertissements, c’est aussi l’occasion de proposer des solutions pour aider chacun.
Un élève s’en sort bien à l’oral mais pas à l’écrit ? On va proposer à cet élève et à sa famille un PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Educative) : avec un assistant pédagogique ou un enseignant, à raison d’une heure par semaine pendant quelques semaines, il va travailler pour apprendre à formuler à l’écrit ses idées.
Ce peut être aussi pour des problèmes de compréhension des consignes quand on constate qu’un élève fait souvent du hors sujet, pour l’aider à s’organiser quand on constate qu’il oublie souvent ses affaires ou de faire ses devoirs, et même du soutien en français pour des élèves arrivés récemment en France et dont le français n’est pas la langue maternelle. Ou tout ce qui peut aider un élève en difficulté à ne pas décrocher et à progresser.
Et après ?
Une fois tous les conseils passés, les enseignants ont encore une soirée à passer au collège : la fameuse réunion parents-professeurs. C’est, chez nous en tous cas, le moment où le professeur principal remet les bulletins aux familles, l’occasion de faire un point avec elles « en direct », et là encore parfois de trouver des solutions. Les familles peuvent aussi rencontrer les autres enseignants de la classe pour faire le point dans chaque matière. En tant que prof de SVT (Sciences nat’ ou biologie/géologie), en dehors des familles d’élèves dont je suis professeur principal, je ne vois pas beaucoup de parents !
Mais surtout, en tant que PP, j’ai bien souvent du mal à voir les familles des élèves qui nous inquiètent le plus où perturbent le plus la classe. Je ne leur jette pas la pierre, je sais bien que pour certaines, venir le soir au collège n’est pas évident, entre des horaires de travail tardifs et les frères et sœurs à faire garder. Je comprends aussi que lorsque son enfant est en 4e et que ça fait déjà plusieurs années que les enseignants vous disent que votre enfant est pénible, ne travaille pas, mais que vous ne savez plus quoi faire, on n’ait pas encore envie d’entendre ça.
Malgré tout, il est important pour les enfants de voir qu’il y a un vrai dialogue entre leur famille et les enseignants. Et en général le PP qui reçoit les familles ne les gronde pas, mais cherche des solutions avec elles, pour la vie de l’enfant au collège, mais parfois aussi pour le quotidien. Il peut aussi orienter la famille vers d’autres personnes, comme l’assistante sociale ou le médecin scolaire.
Je vois par contre sans problème les familles des bons élèves, ravis d’entendre que leur enfant réussit, est sérieux, participe. Si au début de ma carrière je trouvais ces entretiens inutiles puisque je n’avais pas grand-chose à dire aux familles, je comprends maintenant que pour les parents de ces élèves c’est important d’entendre ces félicitations de vive voix, c’est rassurant. Alors s’ils me posent de nombreuses questions et que l’entretien dure un peu, je ne les presse pas, c’est qu’ils ont besoin d’être rassurés.
Enfin, je ne te cache pas qu’après ces longues soirées passées au collège, chacun est ravi de voir arriver les vacances de Noël !
Et toi, comment imaginais-tu le conseil de classe ? Tu as déjà été déléguée de classe, ou représentante des parents d’élèves ? Les réunions parents-profs t’embêtent, ou au contraire tu ne voudrais surtout pas les manquer ? Raconte !
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !