Je tenais à faire ce témoignage aujourd'hui, pour apporter plus de connaissances aux futures mamans, sans les alarmer. Mon cas est bien sûr rare, mais pas si marginal que les médecins peuvent laisser penser.
Une grossesse sans problèmes
En mai 2015, nous commençons, avec mon mari, les premiers essais pour un premier bébé. Quelques semaines après, j'apprends que ça a tout de suite fonctionné. Nous sommes très heureux.
Les trois premiers mois sont difficiles : nausées, vomissements, perte d'appétit, extrême fatigue… Bref, des aléas que beaucoup d'entre nous connaissent. En dehors de ça, aucun signe clinique problématique. Je suis suivie par ma gynéco jusqu'au quatrième mois, et ensuite, par la maternité où je me suis inscrite. À chaque rendez-vous, tout est nickel.
Au deuxième trimestre, je me sens bien. J'ai même une promotion au travail. Je bouge pas mal, car je suis commerciale, et j'ai toujours plein de choses de prévues les weekends. Je suis SUPER HEUREUSE…
Quand l'impensable se produit…
À 5 mois et demi de grossesse, après de vives douleurs, je suis emmenée en urgence dans une maternité de niveau III, où on m'explique que je vais accoucher, car je suis complètement dilatée, avec une poche des eaux engagée. Je suis bouleversée, persuadée que je fais une fausse-couche tardive, ne connaissant rien à l'extrême prématurité.
Je témoigne d'ailleurs aussi pour ça, pour dire à toutes celles qui, comme moi alors, ne le savent pas : à 5 mois de grossesse, on accouche bien d'un bébé vivant et viable, un extrême prématuré.
Une nuit horrible, une nuit de choc, où je vais mettre au monde un petit garçon de 910g.
Crédits photo (creative commons) : Joshua Smith
Le cauchemar continue
La suite se passe au service de réanimation néonatale, où on m'explique que mon bébé a été automatiquement réanimé, car je suis à pile 26 SA (c'est la règle : si j'avais accouché la veille, il n'aurait peut-être pas été réanimé…).
Je le vois évoluer, régresser, repartir… impuissante face à sa souffrance. Je participe juste aux soins (lavage des yeux, changement des couches…). Et puis, je le vois cracher du sang à cause d'une hémorragie pulmonaire. Les bips des machines me hantent encore aujourd'hui.
Huit jours après sa naissance, l'équipe médicale décide de stopper les soins. Mon bébé arrête de respirer dans mes bras.
Une tragédie qu'on m'explique deux mois après par… une béance du col
La béance du col est un col de l'utérus trop ouvert. On parle aussi d'incompétence cervicale (qui est souvent détectée au deuxième trimestre de grossesse). 75% des touchers vaginaux ne permettent pas de détecter une béance du col.
L'échographie du col aurait pu les jours/semaines avant mon accouchement détecter une béance, mais cette échographie ne m'a jamais été proposée. Si on avait pu voir à temps que mon col commençait à s'ouvrir, j'aurais été mise au repos, et j'aurais pu éventuellement accoucher un peu plus tard. Mais on ne refait pas le passé avec des « si ». Je n'ai aucun ressentiment contre le corps médical, car tout a été fait selon les recommandations actuelles.
Cependant, je déplore qu'on ait fait beaucoup de progrès dans les échographies pour voir d'éventuels problèmes sur le fœtus, mais qu'on ne vérifie pas assez le verrou de l'utérus qui, par son ouverture trop rapide, peut transformer la vie des parents et celle de leur bébé à tout jamais. Le traitement de la béance du col existe et consiste en un cerclage du col en début de grossesse.
Cette expérience est encore très douloureuse pour moi, mais je souhaitais témoigner. Durant ma grossesse, je connaissais tout des risques liés à la toxoplasmose, alors qu'on a plus de risques d'accoucher très prématurément que de choper cette maladie.