Premier enfant, grossesse de rêve. À quelques jours de mon accouchement, je n'ai aucun doute sur le fait que je vais allaiter mon bébé. Je me suis beaucoup documentée et je suis consciente des difficultés qu'on peut rencontrer. Mais j'ai noté que tout ça n'était que momentané, et j'ai bien l'intention de m'accrocher.
Voilà le jour J, après un accouchement que j'ai qualifié sur le moment de « vraie boucherie ». Je me retrouve dans ma chambre, avec ma petite nouvellement née et de sacrées douleurs post-accouchement. (Petite parenthèse hors-sujet pour signaler que, pour le coup, je n'imaginais pas du tout qu'on pouvait autant souffrir après l'accouchement.)
Crédits photo (creative commons) : Dave Herholz
Les premières tétées se passent plutôt bien : ma fille reste beaucoup au sein, et quand elle n'est pas au sein, elle tète littéralement dans le vide… à croire qu'elle avait une tétine dans mon ventre ! J'ai de belles crevasses. Je ne me formalise pas sur la douleur, je suis préparée psychologiquement.
Les quinze premiers jours se passent, ma fille prend du poids, le personnel de santé ne remet donc pas en cause mon allaitement. Mes crevasses sont toujours bien présentes, ça fait sacrément mal, mais je prends mon mal en patience. Je vais y arriver.
J'essaie la crème, les seins à l'air le plus possible, des pansements cicatrisants conseillés par ma sage-femme, et les bouts de sein. Après un long mois, je dirais, la cicatrisation est totale.
Cependant, ce n'est pas fini ! Je me réveille une nuit entre deux tétées avec de très grosses douleurs dans le sein, et 39 de fièvre… Ce sera la première d'une longue série de canaux bouchés. Grâce à l'aide de ma sage-femme, je commence à prendre le pli des positions acrobatiques pour placer ma fille afin de les déboucher.
Les suites de couches difficiles, et un allaitement à la demande très prenant, ne font pas bon ménage avec la remise sur pied de la maman. Plus je suis fatiguée, plus j'ai des soucis d'allaitement, plus je suis fatiguée. Au bout d'un mois et demi, tout finit par s'arranger, et l'allaitement devient le vrai bonheur que j'imaginais.
Cependant, ma fille pleure encore beaucoup : le passage des « coliques du nourrisson » s'éternise. Encore une fois, je prends mon mal en patience, pensant que les bébés sont plus ou moins rapides à trouver leur rythme. Pour moi, si elle prend du poids et qu'elle n'a pas de fièvre, il n'y a pas lieu ni de s'inquiéter, ni de consulter mon pédiatre.
À 2 mois et demi, le papa donne un premier biberon. Je suis dans la pièce d'à côté, l'estomac noué. La nuit suivante, ma fille pleure pour sa première tétée de la nuit (elle en a encore deux par nuit à cette époque). Je me lève pour lui donner le sein, et elle le refuse en se mettant à hurler. Je finis, à contre-cœur, par lui donner un biberon. Elle ne prendra plus jamais le sein.
Finalement, je pensais avoir le cœur brisé par un arrêt si brusque, mais après toutes ces galères, et aussi celles provoquées par un sevrage si soudain, je me sens très bien de pouvoir retrouver mon corps. J'aime à dire que j'ai aimé allaiter, mais que j'ai autant aimé arrêter.
Quelques mois plus tard, nous avons compris que ma fille était intolérante au gluten, qu'elle recevait par l'intermédiaire de mon lait quand je l'allaitais. Les pleurs incessants des premiers mois avaient enfin une explication. En revanche, moi qui pensais donner le meilleur à mon enfant, j'ai été un peu déboussolée.
Néanmoins je suis toujours une pro-allaitement et souhaite allaiter mon prochain bébé. Et cette fois, je n'écouterai pas les livres qui disent qu'un nourrisson, ça doit pleurer… Certes, probablement avec parcimonie, mais certainement pas plusieurs heures par jour sans raison.
Pour toi aussi, l'allaitement a été difficile au début ? Tu as arrêté brusquement ? Tu connais l'intolérance au gluten ? Dis-nous !
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