Les douleurs dans mon bas-ventre étant toujours aussi fortes et persistantes, l'angoisse s'installe peu à peu, en attendant cette fameuse première échographie, prévue à 8 SA. Le jour J, je suis tellement anxieuse que je ne peux pas m'empêcher d'y penser toute la journée. J'arrive bien en avance au rendez-vous, mais Mister F. est en retard, et je suis si angoissée que je refuse d'entrer dans le cabinet sans lui. Il finit par arriver en sueur, juste au moment où l'échographiste m'appelle.
Nous rentrons dans la salle d'examen, tout anxieux. Sans nous jeter un regard, l'échographe me dit de me déshabiller et commence son analyse. Mister F. ne sait pas où se mettre, il n'y a pas de place pour lui, comme si aucun papa ne venait jamais assister aux rendez-vous ! Déjà qu'on n'est pas très à l'aise, cette situation finit de nous indisposer.
Après quelques minutes silencieuses qui nous paraissent interminables, la sentence tombe : « Madame, l'embryon a trois semaines de retard de développement. » Pardon ?! Vous pouvez répéter ?! Donc sur ses 6 minuscules semaines de vie, notre petit haricot se serait mal développé ?! Mais c'est quoi cette histoire ?!
Nous n'aurons pas plus d'explication de la part de ce charmant échographiste. Juste une petit précision ultime avant de partir : « Vous avez un kyste sur un ovaire. »
Bon ok. On fait quoi ? On panique ? On attend d'avoir plus d'explications ? Après tout, on n'y connaît rien… Du coup, forcément, comme tu l'imagines, notre émotion devant les toutes premières images de notre petit bout a été un peu détournée par toutes ces questions bouleversantes.
Heureusement, après avoir passé la soirée toute sonnée par ces nouvelles, j'ai rendez-vous dès le lendemain chez ma gynéco. Et là, tout s'éclaire ! L'échographiste ne sait pas lire un dossier : petit haricot est tout à fait normalement développé, l'opérateur a juste mal rempli la date des dernières règles (merci pour la frayeur !). Quant au kyste ovarien, apparemment c'est bénin et très courant en début de grossesse, ça résulte simplement de l'ovulation : bon à savoir ! Merci pour les précisions !
Enfin bref, beaucoup de peur pour rien, finalement. Mais tout ceci n'explique pas mes fortes douleurs, et surtout ne résout rien. Mais comme ma gynéco est parfaitement rassurée d'un point de vue médical, pas de raison pour elle d'aller explorer plus loin cet aspect. À chaque fois que je tente de lui parler à nouveau de ces douleurs qui m'inquiètent et qui m'épuisent, elle passe rapidement à autre chose.
Crédits photo (creative commons) : Jason Corey
Au bout d'un moment, fatiguée de n'être pas entendue ni aidée, je finis par aller voir mon médecin généraliste. Enfin, quelqu'un se pose trois minutes pour m'écouter ! Après m'avoir auscultée, il m'oriente vers un confrère gastroentérologue. Ce dernier me pose tout un tas de questions sur mes habitudes alimentaires, puis m'installe sur sa table d'examen. À peine ai-je soulevé mon t-shirt, il voit mon bas-ventre gonflé, le tâte et me déclare : « Ah ben effectivement, ça ne m'étonne pas que vous souffriez, vous êtes une vraie bonbonne de gaz sans soupape de décompression ! »
Alors oui, je te l'accorde, il y a plus glamour comme déclaration. Mais à ce stade de mes pérégrinations médicales, cette phrase me soulage : je me dis qu'enfin, j'ai trouvé mon sauveur ! Je repars de chez lui avec de nouvelles consignes alimentaires (comme si je n'étais déjà pas suffisamment restreinte ! Et encore, comme tu le verras plus tard, je n'étais pas au bout de mes restrictions !) et une liste de médicaments à prendre pendant toute ma grossesse. Eh oui, même pas trois mois de gestation, et déjà gavée de médocs… !
En quelques jours, les douleurs s'apaisent. Quel soulagement ! Je comprends mieux également pourquoi j'ai tant enflé dès les premières semaines. Ah la la, l'image de soi et de son corps pendant la grossesse : pour moi, ça a été une vraie désillusion, d'un bout à l'autre de cette aventure par ailleurs merveilleuse. Mais j'ai tant à dire à ce sujet que je réserve ce thème pour un prochain article !
Revenons à nos moutons. Nous voilà (presque) rassurés, Mister F. et moi. Noël approchant à grands pas, nous décidons d'annoncer la grande nouvelle à nos familles respectives, avant même d'avoir eu la fameuse écho des 3 mois, barre fatidique dans mon esprit, après laquelle j'espère pouvoir enfin me projeter sans appréhension dans ma grossesse. Pour l'instant, les choses ont l'air tellement fragiles : tant de bonheur et de joie anticipés alors que tout peut basculer d'un jour à l'autre ! Mon amie Minstinguette qui, comme tu le sais si tu as suivi mes articles précédents, est également enceinte, tente de me rassurer comme elle se rassure elle-même : « Si un petit haricot a réussi à venir se nicher dans ton bidou, il n'y a pas de raison qu'il ne s'y sente pas bien ! Et quand bien même, ce petit haricot ne serait pas suffisamment vaillant pour s'accrocher, je suis sûre qu'un petit remplaçant serait ravi de venir combler le nid dès que possible. »
Mouaif, pas si convaincant, mais bon, il faut bien apprendre la patience… et le début des angoisses ! Je crois qu'être parent, ça veut aussi dire s'inquiéter pour ses petits en permanence, mais naïvement, en bonne primipare que je suis, je ne pensais pas que ça commençait si tôt !
Nous avons donc prévu d'annoncer la grande nouvelle, de partager enfin notre beau et grand secret avec nos familles. Qu'est-ce que je suis angoissée ! Non pas parce que j'ai peur de la réaction de mes parents ou de celle de mes beaux-parents, mais plutôt parce que je suis une grande timide pour tout ce qui est intime et émouvant. Enfant, je n'imaginais pas une seconde raconter mes amourettes à ma maman. D'ailleurs, je suis une grande rêveuse, et il peut m'arriver de vivre tout un tas d'émotions et d'aventures dans mon monde intérieur sans que jamais je n'ose en parler à quiconque, pas même à Mister F. Mais comme lui aussi, il est très secret, il comprend et respecte tout à fait cette tendance à la rêverie.
Du coup, pour l'annonce, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre : on est un peu gauches et stressés, on hésite, on ne trouve jamais le bon moment, puis on finit par sortir les premiers clichés du petit haricot (oui, ces fameux clichés à 8 SA, autant dire qu'on ne voit vraiment pas grand chose !). Les réactions nous vont droit au cœur : entre mon père surexcité qui ne tient pas en place, ma sœur qui fond en larmes, mes beaux-parents sans voix et tremblants de bonheur et ma mère scotchée par l'émotion, on n'est pas déçus !
Les fêtes passent tranquillement, entre nausées et restrictions pour moi, puis la nouvelle année arrive, avec la plus belle des attentes. À la fin du mois de janvier, on a enfin droit aux vrais premiers clichés. Cette fois-ci, on fait les choses bien : pas question de retourner à l'autre cabinet de ville pour retrouver cet échographe froid et limite incompétent. Du coup, on se fait conseiller un cabinet par la maternité. L'accueil est tout autre : on rentre dans un cabinet chaleureux et feutré, couvert de faire-part avec des bouilles de petits choux tous mignons. Bon, j'avoue, le retard de plus d'une heure quand on a la vessie pleine, c'est pas des plus confortables, mais bon, c'est pour la bonne cause !
Je ne me sens bizarrement pas à ma place dans cette salle d'attente, entourée de gros bidons tout ronds et de futures mamans épanouies. Puis vient l'instant magique où, installée sur la table d'examen, Mister F. confortablement assis dans le « fauteuil des papas » (ah ben quand même, c'est pas si étrange que ça, alors !), nous voyons apparaître à l'écran un petit profil magnifique, tout en rondeur et en délicatesse. Les larmes me montent aux yeux, Mister F. me serre la main très fort et nous n'osons plus rien dire. L'échographiste est géniale : elle réalise le check up complet en nous expliquant tout, en nous rassurant à chaque étape. Enfin un professionnel qui sait parler aux futurs parents angoissés que nous sommes !
Nous sortons de ce rendez-vous avec des étoiles plein les yeux, des listes de prénoms qui défilent dans nos têtes. Ça y est, nous y sommes, nous nous projetons enfin dans cette belle et passionnante aventure ! Et là, entre deux sourires béats, Mister F. m'avoue timidement : « Tu sais, je me sentais un peu comme un imposteur dans la salle d'attente tout à l'heure, comme si malgré les tests positifs et les premières images, tout ça n'était encore qu'un rêve un peu lointain et qu'on risquait de se réveiller… »
Et toi ? Tu as eu des désagréments gastriques pendant ta grossesse ? Tu as passé 9 mois blindée de médicaments divers ? Tu as annoncé ta grossesse avant la fameuse échographie du 3e mois ? Raconte !
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !