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A la une / Vie de maman

L’allaitement

« Tu le nourris ? » Cette phrase absurde, combien de fois l'ai-je entendu ? J'ai bien du répondre deux ou trois fois de façon un peu agressive « non, je le laisse crever de faim » (dûment mis sur le compte des hormones aléatoires de la jeune maman par mon interlocuteur). Pendant la grossesse, ton corps est public (qui se permettrait de te faire des commentaires sur la taille de ton ventre ou ta prise de poids, en dehors de cette période si particulière ?). Après la naissance, ton corps est encore un peu public, puisque certains (et plus souvent certaines, il faut l'admettre), s'arrogent le droit de te demander des comptes sur l'utilisation de tes seins.

Non, je n'allaite pas mon bébé. Non, ce n'est pas parce que j'ai eu un problème particulier avec l'. Non, je n'ai pas l'excuse d'avoir eu un accouchement compliqué, non, mon bébé n'a pas du être nourri au biberon dès sa venue au monde, et a ensuite refusé le sein. Non, en fait, je n'ai AUCUNE excuse habituellement valable pour justifier pourquoi je n'allaite pas. Mais alors, pourquoi je n'allaite pas ?

Crédit photo : jessicaerichsenkent

Par esprit de contradiction

Je déteste qu'on me mette la pression. Vraiment, quand on cherche à me contraindre, il y a de bonnes chances que je fasse le contraire, par pur esprit de contradiction. La tendance du moment, après des années à encourager le biberon (merci les lobbies agro-alimentaires), c'est l'allaitement. Parce que c'est meilleur pour le bébé, parce que tu lui transmets tes anticorps blablablabla. Je connais le discours. Oui, l'OMS préconise un allaitement exclusif jusqu'aux 6 mois de l'enfant. Parce que dans PLEIN de pays, un allaitement est sur, en terme de sécurité sanitaire, parce que l'eau est contaminée (et biberon à l'eau contaminée = catastrophe pour le bébé). Parce que les bébés doivent être nourris avec du lait, et que comme le lait coûte cher, des mamans donnent des bouillies de façon précoce. Sauf qu'en France, le discours est de commencer la diversification vers 4 mois, pour limiter les problèmes d'allergie. Bref, on s'y perd dans ces recommandations. Oui, allaiter assure du lait toujours disponible, et à bonne température, n'importe où. Super. Personnellement, ma petite expérience avec Choupinette m'a montré qu'être une maman tout-terrain, ça n'est pas mon truc. J'aurais aimé pouvoir dire « oooh mon bébé, je le met dans un porte-bébé, et je vais n'importe où avec. Quand on veut, on peut ». En fait non, je suis flippée, je me trimballe avec la moitié de la maison quand on va en promenade ou en week-end. Vu mon champ d'action, et mes modes de déplacement, vraiment, ce n'est pas compliqué de prendre un sac avec un petit thermos, un biberon et du lait en poudre, en plus des couches dans le sac à langer.

La possession de mon corps

Ahhh !!!! C'est de loin la raison la plus égoïste. Je le conçois. Je n'ai pas aimé être enceinte. Et lors de ma première grossesse, j'ai été choquée de voir mes seins tripler de volume lors de la montée de lait, alors qu'en fait, les sages-femmes m'avaient assuré que je n'en aurai pas, vu que j'avais juste fait une micro tétée d'accueil avec Choupinette, et tenté de tirer un peu de colostrum. SCOOP ! Rien ne garantit que tu n'auras pas de montée de lait même sans stimulation. Il m'a fallu 2 semaines, des brassières compressives et des poches de glace pour calmer tout ça. Pour Numérobis non plus, je ne souhaitais pas allaiter. J'ai réussi à endiguer la montée de lait en une semaine, avec un arsenal de méthodes douces (sans ces méthodes, visiblement, la montée de lait passe seule en 7 jours… les méthodes naturelles donnent l'illusion de ne pas rester les bras croisés !). Je n'avais pas plus envie que pour Choupinette de me retrouver avec un petit bébé tétant goulument et me faisant mal. Je n'avais pas envie de sortir mes seins, que ce soit à la maison ou dehors. Certaines arrivent à allaiter sans qu'on ne voit un seul bout de leur poitrine, d'autres se cachent derrière un grand châle. Bref il faut du talent ou de l'ingéniosité. Ou se cacher, ou s'en moquer. Moi je voulais juste ne pas me prendre la tête sur ce sujet. J'ai prêté mon corps pendant 9 mois à chacun de mes enfants, et j'avais besoin de me retrouver. Me retrouver moi toute seule dans mon corps à moi toute seule. Ne plus me partager. Ne plus avoir à surveiller mon alimentation, mes boissons. Ne plus avoir un petit être dépendant intégralement de moi, et pouvoir déléguer un peu de cette responsabilité. Pouvoir dormir une nuit complète parce que quelqu'un d'autre que moi assure. Pouvoir sortir, seule. Egoïstement. Pour cette raison, tu peux me jeter des tomates mais pas des cailloux.

Le jugement

Forcément il y a du jugement. Quels que soient nos choix, nous seront jugées. Bah oui. Des amis de mon mari m'ont dit « moi, ma femme a allaité », avec de la fierté dans les yeux. Un ami à moi m'ont dit « franchement, l'allaitement c'est top ! pas besoin de me lever préparer un biberon la nuit. Et comme on a un berceau de cododo, je n'ai même pas à me lever », un autre m'a dit qu'il adorait les seins de sa femme et que je devrais penser à mon mari (!). Oui oui, je suis contente pour vous les gars. Mais en fait, je m'en moque. Mais alors complètement ! Ma mère m'a fait la pub totale pour l'allaitement (coucou maman ! tu te rappelles combien de temps tu m'as allaité, moi, bébé millenial ? Même pas trois semaines !). Le personnel de la maternité m'a mis beaucoup de pression pour Choupinette. Et beaucoup moins pour Numérobis. L'avantage d'être sûre de ses choix et de les assumer. Une maman qui allaite c'est beau. Une maman qui biberonne, c'est beau aussi. Dans les deux cas, les enfants sont aimés, nourris et grandissent.

Dans un prochain article, je viendrai te parler du combat pour trouver le lait et le biberon adapté !

Tu as opté pour l'allaitement ou le biberon ? Tu as du batailler pour imposer ton choix ou faire face à des remarques déplacées ?