Voilà, après quelques mois de pause pour pouponner, j’ai enfilé ma plus jolie robe, fait une magnifique coiffure compliquée, et suis partie, fraîche, pimpante, laissant derrière moi un délicat sillage de parfum. J’ai pris le train et d’un pas élégant de working girl, je suis retournée au bureau où tous mes collègues m’attendaient avec un gros bouquet de fleurs et une banderole de bienvenue.
[le réveil sonne]
Premier jour de boulot depuis six mois et demi ! J’enfile mon plus beau jean, mon plus beau t-shirt et me fait une queue de cheval avec un élastique sophistiqué. Numérobis me régurgite dessus. Je change de t-shirt. Et je me rend compte que mon jean aussi a été pourri. Je change de jean. Heureusement, mon élastique est intact, je n’ai pas besoin de me laver les cheveux. Au moment de partir, l’air apaisé de Numérobis et l’odeur douteuse autour de lui m’indique que ma veste sur le dos, mes baskets aux pieds et le sac sur l’épaule ne justifient pas un départ immédiat. Une partie de catch s’engage pour changer sa couche. Avec le pas léger d’un éléphanteau de 6 mois, je dévale les escaliers, Numérobis sur un bras, Choupinette sur l’autre, mon sac à dos rempli à ras sur le dos. Je sens mon t-shirt coller à mon dos. Bref, un morning run classique multiplié par deux !
[08h45] J’arrive au boulot, avec des chouquettes. Premier bureau, personne. Deuxième bureau, personne. Ooooh ils sont trop mignons, ils ont du tous se réunir dans la salle de réunion et me crier SURPRIIIIIISE façon anniversaire. Je passe la tête dans la salle de réunion. Personne ne crie surprise. Par contre, 20 paires d’yeux dont une bonne partie totalement inconnus me scrutent façon inquisition espagnole. Je grommelle une excuse, et sors. Je mange une chouquette de consolation. Je continue à inspecter les bureaux. Mon chef n’est pas là, son adjoint n’est pas là. Bon bon… Visiblement, ils ont tous décidé de prolonger un peu les vacances. Je branche mon PC au réseau. Je le démarre. Et là… rien. Enfin si : écran blanc « hard disc failure ». Je démarre en mode sans échec avec prise en charge réseau. J’ouvre Outlook « vous n’avez pas la licence microsoft ». J’inspire. Je mange une chouquette de patience en regardant les photos des enfants prises pendant les vacances. Mon portable pro vibre. Message de mon chef « tu étais très attendue !Sur ta boite mail, la liste des trucs à faire. Bon retour parmi nous ! ». Le PC a fini de redémarrer. Il replante. J’appelle le service informatique. Un nouveau PC sera livré demain. Sans configuration. Pour la configuration, il faut prendre RDV avec le service informatique. 10j de délai. J’inspire, mange une chouquette de colère.
[11h32] Je me suis fait piquer TOUS les stylos qui étaient sur mon bureau, même le 4 couleurs machouillé. Je suis outrée. Je vais chercher de quoi écrire dans l’armoire à fournitures. Un gougnafier a profité de mon absence pour faire disparaître l’armoire à fournitures. Je me renseigne. L’armoire à fournitures a migré près de l’imprimante. Dont l’adresse réseau a été changée. Ah Ah Ah. Je n’ai plus d’ordinateur, pas grave, pas besoin de l’imprimante. Je mange une chouquette pour le déplacement.
Crédit photo : JESHOOTScom
Ca aurait pu être moi. Sauf que je n’avais pas de crayons Quelle veinarde !
[11h48] J’arrive à ouvrir ma boite mail depuis le PC des stagiaires. Seulement 405 mails en mon absence. En fait, en deux mois, puisque je les lisais depuis la maison entre 2 biberons. En supprimant les spams du service communication, j’arrive à en éliminer la moitié.
[12h10] L’heure de la bouffe. Voilà, autant il n’y a personne pour bosser, autant tout le monde se trouve bien dans la salle qui nous sert de réfectoire. Je récupère les potins, exhibe des photos de mes enfants en précisant à chaque fois « prépare toi à dire « ohh qu’ils sont mignons » », ce qui les fait tous rire. Au final, ils en conviennent tous : oui, la grande sœur et le petit frère sont très mignons (les plus mignons enfants du monde, à dire vrai, selon mon objectivité de mère).
[13h10] Retour à mon bureau. Un paquet de trucs à trier m’attend. Je suis joie. Je ne peux pas manger de chouquette de motivation, il n’y en a plus.
[13h29] Je n’ai pas avancé sur mon tri de papiers mais j’ai trouvé une victime à qui déléguer. Oui, j’optimise les ressources en exploitant développant les compétences des stagiaires. De toutes façons, ils savent déjà utiliser la photocopieuse infernale.
[14h16] Appel de l’adjoint de mon chef
[15h42] Je raccroche le téléphone
[15h42 et 38 secondes] Le téléphone re-sonne.
Je crois qu’ils commencent à savoir que je suis rentrée.
[17h46] Je vois partir mon train. Je peste. Je vais arriver en retard à la crèche (et payer ces foutues heures supp’). La troisième journée va bientôt débuter. Je suis épuisée ! Courage plus que quelques heures avant de retrouver ma couette adorée !
Comment s’est passée ta reprise ? Ou comment l’envisages-tu ?