Il y a maintenant un peu plus de 3 ans, nous avons décidé, plein d’enthousiasme, de fonder une famille. Le parcours est long, parsemé d’excitation, de doutes, parfois de tristesse…
J’ai longtemps espéré ne pas pouvoir entrer dans ma robe de mariée. J’aurais aimé donner raison a la couturière qui me souhaitait de devenir très grosse… Mais aux derniers essayages, elle serre la taille au maximum, car elle trouve ça plus joli…
Le 14 juillet 2012, entourés de nos demoiselles d’honneur à pois, de nos petits moussaillons en culotte courte et de tous ceux qui nous sont chers, nous passons une journée magique, remplie d’amour et d’amitié. Quelle chance nous avons d’être si bien entoures !
Nous nous échappons quelques jours en amoureux, planifions notre voyage de noces pour l’année prochaine, et nous attelons une nouvelle fois a notre projet bébé…
Mais pour cela, il faut avoir le courage de se replonger dans cette souffrance a la fois physique et émotionnelle. Les prises de sang, les échographies, les piqûres quotidiennes, la médication permanente ainsi que ses effets secondaires… Les opérations, les absences répétées au travail et tout ce que ça implique au niveau professionnel, l’immense chagrin a chaque nouvel échec, et puis l’angoisse terrible de ne jamais arriver a fonder une famille…
Le temps me parait si long, qu’enfin, je parviens a me projeter dans d’autres choses. Je me renseigne pour reprendre des études, organise minutieusement notre voyage de noces, m‘inscris a des cours de langues, et…
… Ô, miracle ! « J’ai une bonne nouvelle pour vous ! », me dit la voix de la gentille secrétaire. « Un taux HCG à 1200. » Apparemment, c’est vraiment beaucoup. Je ne comprends rien, mais je suis heureuse…
Très vite, nous faisons une échographie pour voir si tout se passe bien. Et tout se passe bien.
Un mois passe. Nous nous rendons à la clinique pour vérifier que le petit cœur que nous avons vu battre à la dernière échographie se porte toujours bien. Et il se porte toujours bien. Et l’autre aussi apparemment. Mmmh ?
Crédits photo (creative commons) : Russel Harrison Photography
« Ah oui, c’est des jumeaux. » Je pense même qu’elle n’a pas dit « Ah oui ». Zéro ménagement. « C’est des jumeaux ».
La joie est immense ! Devant l’ascenseur, le futur papa et moi échangeons un regard qui en dit long, et nous serrons très fort dans les bras l’un de l’autre. Quel bonheur…
Alors que la grossesse se passe au mieux (certes, parsemée de quelques désagréments – je suis énorme et gémis au moindre mouvement…), il semblerait qu’ils aient décidé de venir voir ce qui se passe sur la Terre un peu plus tôt que prévu.
Alors que je me prélasse chez ma mère, les premiers signes se font ressentir. Il faut se présenter en salle d’accouchement. Mais le papa est en voyage d’affaires. J’ai peur.
A 32 semaines de grossesse, je reçois nombre de traitements pour retarder l’arrivée des bébés. Il va falloir rester totalement alitée pour mener la grossesse au plus loin. Je suis prête a tout pour les garder encore au chaud, et je m’attends à couver mes poussins encore quelques jours. Le médecin est optimiste : ils ne devraient pas arriver dans les heures qui viennent, mais en médecine, on ne sait jamais…
Le papa remue alors ciel et terre pour nous rejoindre, et 2h20 après mon coup de fil, il fait son apparition dans ma chambre. Paris-Bruxelles en 2h20 un vendredi soir ! Un exploit, mais surtout, un grand soulagement.
Les traitements continuent et mon corps n’y répond pas. Les contractions se rapprochent. Je n’arrive pas a y croire, ils sont si petits…
Samedi matin, 4h30 et 4h31.
« Un peu d’inquiétude, beaucoup d’émotion et un bonheur immense. Max et Louis sont arrivés un peu précipitamment sur Terre ce 27 avril 2013. Papa et Maman sont très émus et les enfants vont bien ! » C’est le message que nous n’avons pu envoyer qu’au bout de 4 jours, tellement nous avions peur qu’il arrive quelque chose.
Max, Louis, vous nous semblez minuscules. Papa et Maman sont à la fois inquiets et remplis de bonheur. Vous etes câblés de partout, mais sous tout cet attirail, on voit bien que vous êtes les plus beaux bébés du monde ! Chaque jour, vous faites des progrès. Chaque fil que l’on retire est une victoire.
A part passer du temps auprès de vous, nous ne savons que faire pour vous. Nous passons des heures et des heures en peau à peau, et vous semblez aimer ça. Maman travaille consciencieusement pour pouvoir vous nourrir au lait maternel des que vous le pourrez.
C’est Louis qui le premier sortira de sa couveuse pour passer au lit chauffant. Lorsque Max n’aura plus sa voie centrale, vous partagerez le même lit et vous réchaufferez l’un-l’autre. J’ai hâte que vous vous retrouviez, vous semblez tellement perdus dans ce nouveau monde. Comme seul point de repère, vous avez nos voix. Alors, je parle, je parle…
Le jour ou l’on vous réunit à nouveau, Max dort profondément et Louis regarde attentivement celui qui se (re)trouve à ses côtés. Nous sommes très émus d’assister à ces retrouvailles et vous photographions sans cesse.
Chaque matin, on vous pèse pour s’assurer que tout évolue bien. Maman passe beaucoup de temps auprès de vous pour que vous appreniez a vous nourrir sans aide. Débrancher, peser, allaiter, peser, rebrancher, tirer du lait… Les nuits sont longues, mais vous progressez sans cesse.
Je finis par connaître tous les enfants du service, je sers même d’interprète pour un couple qui ne parle pas français !
Max et Louis ont passé 5 longues semaines en néonatologie. Certains trouvent que « ça va encore… », certains trouvent qu’ils avaient un beau poids. Ils avaient un beau poids pour des bébés de 32 semaines, mais ils n’étaient pas prêts pour le grand saut. Leur arrivée précipitée et ses conséquences sont pour moi un échec dont je me sens bien malgré moi responsable.
Ils pèsent aujourd’hui un peu plus de 5 kg, et rejoignent petit à petit les courbes des enfants de leur âge.
Leur naissance un peu particulière laisse des traces que je ne parviens pas a effacer, mais chaque jour, je me réjouis de les voir en pleine forme. Chaque jour, je savoure le fruit de notre travail et goûte au bonheur immense d’être devenus parents.
Et toi ? Tu as des jumeaux ? Comment l’as-tu appris ? C’était une bonne nouvelle, ou ça t’a fait peur ? Sont-ils nés très prématurés ? Raconte !
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !