Je t'ai laissée le 12 mai 2015, quand je croyais avoir obtenu l'adoption plénière de mon fils (biologique, mais que ma compagne a porté)…
Il nous restait à faire inscrire notre fils sur notre livret de famille commun, après avoir reçu son nouvel acte de naissance. Cet acte de naissance peut encore être modifié après la demande de changement des informations à la mairie de naissance et les quinze jours de rétractation octroyés au parent adoptant (des fois que je change d'avis et ne veuille plus adopter mon fils…).
Et de fait, les rebondissements ne se sont pas arrêtés une fois le jugement rendu.
Fin juin 2015, nous avons reçu un nouveau recommandé : il s'agissait d'un deuxième jugement, rectificatif du premier, parce que sur le premier, le Tribunal de Grande Instance (TGI) avait oublié de notifier les prénoms de l'enfant (le pauvre n'avait plus de prénoms !). Nous avions vu cette erreur, mais comme nous n'avions pas modifié les prénoms de notre fils, nous n'avons pas pensé que ça aurait une conséquence. Nous avons donc dû encore attendre les quinze jours de rétractation obligatoires, et comme tout ça nous menait à l'été, nous avons laissé passer les vacances.
Début septembre, j'ai appelé le TGI pour savoir où en était notre dossier, et si la demande de transcription du nouvel état civil de Théophile avait été faite. Réponse : « La mairie nous a renvoyé le dossier, car il y a eu une erreur dans le jugement : nous avions mis la ville de naissance de l'enfant dans le mauvais département et ils ont donc refusé la transcription. Mais le jugement va être refait le 8 septembre… »
Patience étant mère de toutes les vertus, nous avons donc attendu de recevoir le troisième jugement, en espérant que ce soit le dernier ! Puis il a fallu attendre encore quinze jours afin que je puisse éventuellement me rétracter. (Note que ça m'a laissé beaucoup de temps pour réfléchir à la question : bah voui, parfois, c'est un enfant un peu pénible, et j'aurais pu ne plus vouloir être sa mère… Ahem…)
Après ce délai, j'ai rappelé le TGI, qui m'a dit (ô miracle !) que l'ordre de changer l'acte d'état civil de mon fils partait le jour même à sa mairie de naissance.
En attendant, nous avons fait une grande fête le 10 octobre. Nous avons invité les amis qui nous avaient soutenus, et nous avons trinqué à la nouvelle famille légale que nous n'allions pas manquer de devenir ! (Il ne faut jamais louper une occasion de festoyer, tu ne crois pas ?)
Crédits photo : Dessin de Théophile
Quelques semaines plus tard, le 22 octobre 2015, j'ai appelé la mairie de naissance de mon fils, pour savoir s'ils avaient reçu l'ordre de modifier l'acte de naissance de Théophile. Je suis tombée sur une charmante dame, qui m'a dit qu'elle était en train de le modifier, justement (c'est ce qui s'appelle un timing parfait) ! J'ai donc immédiatement demandé l'acte de naissance intégral avec mentions de filiation de mon fils sur le site internet de la mairie.
Une petite semaine plus tard, le 27 octobre 2015, j'ai reçu une lettre de la mairie, j'ai ouvert fébrilement l'enveloppe… pour découvrir que l'acte de naissance était complètement faux ! Mon fils était subitement né le 24 janvier 2015 (au lieu de 2011), et les noms des parents n'apparaissaient plus du tout : c'était comme s'il était né de… personne ! J'ai rappelé la mairie, qui m'a dit qu'effectivement, il y avait un problème, qu'ils allaient le résoudre, etc. Moi, j'étais furieuse : ça faisait si longtemps qu'on attendait !
Finalement, nous nous sommes tous les trois déplacés à la mairie le vendredi 30 octobre, munis de notre troisième jugement, de nos deux livrets de famille et de nos trois cartes d'identité. Nous avons été rapidement reçus par une employée de mairie, qui nous a enfin délivré le précieux sésame : l'acte de naissance modifié de notre fils, avec son nom désormais complet, et la mention de ses deux parents : mon épouse et moi-même ! Cette employée, dans la foulée, a inscrit notre fils sur le livret de famille délivré lors de notre mariage, presque deux ans auparavant jour pour jour…
Nous sommes rentrés à la maison, et nous avons pris des selfies de nous trois avec nos papiers à jour. Puis nous avons bu le champagne avec mes parents, qui venaient passer le weekend avec nous.
Cette fois, je crois qu'on peut le dire, nous sommes une famille réelle et reconnue : un enfant et deux parents légaux (deux mamans, c'est vrai !)… Quel soulagement, mais quel parcours du combattant ! Mais quand je vois le sourire de mon petit loup, je me dis que ça valait vraiment le coup de se battre. Vive les familles et vive l'amour !
Et toi ? Tu as dû supporter une longue procédure d'adoption aux multiples rebondissements ? Comment votre histoire s'est-elle terminée ? Raconte !
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !