Il est 18h53, tu viens de rentrer de ton marathon boulot-métro-nounou-centre aéré avec tes deux enfants. Avec une main tu allumes le robinet de la baignoire pendant qu’avec l’autre tu déshabilles le grand. Avec ta 3ème main tu lances une lessive, pendant qu’avec ta 4ème tu découpe des champignons et qu’avec ta 5ème tu montes des oeufs en neige pour le soufflé au fromage. Reste plus qu’à mettre le couvert avec ta 6ème main et hop, à 19h02, vous passez tous à table, frais, propres et reposés.
Quoi c’est pas comme ça chez toi ? La bonne blague !
Belle source de stress que les repas qu’on sert à nos enfants, tiraillées que nous sommes entre le côté pratique qui dit qu’il faut faire vite vite toujours plus vite, et l’idéal de la mère nourricière qui fait des confitures au soleil le sourire aux lèvres.
Sans compter la pression qu’on se chope de l’extérieur, avec les pubs pour les 5 fruits et légumes et les couvertures de magazines sur l’obésité infantile qui grimpe.
Bref, comment faire à manger à peu près sainement à ses enfants quand on bosse et qu’on a peu de temps, tout en restant zen ?
Crédits photo (creative commons) : Enric Martinez
Lâcher du lest
Manger 5 fruits et légumes frais bio par jour, bien cuisinés et parfaitement présentés, c’est sûr, c’est l’idéal. Mais la vraie vie étant ce qu’elle est, parfois on rentre tard, parfois on est fatiguée, parfois on est malade, parfois on vient d’accoucher, parfois on a la flemme, parfois on déteste cuisiner…
Alors comme c’est bien dans la vraie vie qu’on fait à manger à nos enfants et pas dans un monde idéal, il faut savoir aussi revoir ses attentes d’un cran à la baisse.
Je pense notamment qu’il faut revenir à du bon sens en ce qui concerne la variété. Non, c’est vrai, ce n’est pas très diététique de manger des pâtes ou des patates à tous les repas. Mais quand j’entends des parents se plaindre auprès de la cantine parce qu’on a servi des betteraves à leurs enfants 2 fois dans le mois, j’ai du mal à comprendre.
Tu sais faire (et surtout, tu aimes faire !) une petite dizaine de plats raisonnablement sains ? C’est largement suffisant ! Le plaisir est une très bonne antidote au stress. Peu importe si vous mangez la même chose tous les lundis.
Accessoirement, ce genre de rituel peut être agréable pour les enfants. Moi-même, je me souviens avec bonheur et nostalgie du “flan du mardi” que faisait ma mère, une sorte de far breton sans pruneaux et presque sans sucre qu’elle nous servait chaque semaine comme plat unique. Elle était seule avec 3 enfants, elle avait lâché beaucoup de lest. Et nous, nous adorions !
Faire les bons choix pour le garde-manger
Quand il n’y a rien dans le frigo et qu’il reste 3 minutes pour préparer à manger, que les enfants chouinent de faim et de fatigue, que ton boss t’a tellement saoulée toute la journée que tu as juste envie de te poser dans le canapé et de dormir jusqu’à demain, la tentation est énorme de se diriger vers le fast food le plus proche ou de sortir illico une pizza du congélo.
Je connais bien cette tentation, pour y avoir longtemps cédé. Le problème, c’est qu’elle coûte cher et qu’elle n’est généralement pas diététique du tout. Au final, on se retrouve avec un ventre trop plein et un niveau de stress encore plus élevé.
Alors pour ce genre de soir, maintenant, je garde des bottes secrètes dans mon garde-manger et mon congélo :
- dans le garde manger : boites de légumes (surtout ceux qui calent bien comme les petits pois) et de légumineuses, conserves de poisson (maquereau et sardine, notamment), bocaux de compotes
- dans le congélateur : fruits surgelés, pain tranché surgelé à faire réchauffer au micro-onde ou au grille-pain.
Ainsi, en 3 minutes max, je peux sortir de mon chapeau un repas de flageolets et de sardines, avec une compote de pomme en dessert. En 4 minutes, un repas de haricots verts avec une salade de lentilles et des abricots surgelés revenus dans du beurre avec un peu de sucre.
C’est bon, c’est sain et c’est même plus rapide que de faire préchauffer le four pour la pizza surgelée.
Préparer un maximum à l’avance
Tu as dû le remarquer, avec des enfants, le moment juste avant de dîner n’est en général pas le meilleur moment pour cuisiner. Tout le monde est fatigué, tout le monde a faim, il faut aussi faire le bain, les devoirs…
Je trouve qu’il est plus efficace (et surtout plus agréable) de faire le gros de la cuisine à un autre moment. Ça peut être le weekend, ou le soir après qu’ils soient couchés. Dans mon cas, puisque j’ai la chance de travailler de chez moi, c’est le matin. Une fois que j’ai déposé tout mon petit monde à l’école et chez la nounou, je passe une demi-heure ou une heure à prévoir et cuisiner les repas de la journée.
Eplucher et cuire les légumes frais, notamment, aide énormément au moment de la préparation du repas. J’aime bien manger des produits frais, je trouve que c’est meilleur, et j’adore cuisiner. Mais éplucher des carottes et émincer du chou avec un bébé morveux qui me tient la jambe en criant « mamô, mamô, mamô » en boucle, pendant que son frère me demande de l’aide pour un problème de maths qu’il ne comprend pas, et que sa sœur m’appelle depuis la salle de bain pour que je la sorte de la baignoire ? Une vraie corvée.
Je réserve donc un moment dans mon emploi du temps pour « dégommer les légumes », comme j’appelle ça, c’est-à-dire les éplucher, les couper en morceaux et si besoin les faire cuire à l’eau ou à la vapeur. En une demie-heure, je peux ainsi dégommer un chou en lamelles pour faire une salade et une potée au lard, une courge butternut en gros dés pour faire une purée et une soupe, un tas de carottes en tranches pour faire une poêlée, un kilo de patates avec leurs peaux pour manger telles quelles et quelques d’oignons en rondelles.
Je stocke ensuite au frigo dans des boîtes et au moment de faire à manger, il me suffira de quelques minutes pour réchauffer ou poêler tout ça, en ajoutant ici quelques oignons, là quelques lardons et là encore un peu de moutarde ou de crème fraîche.
Faire de grandes quantités
Avec la taille de ma famille, cette astuce devient de plus en plus difficile, sauf à passer à une cuisine industrielle avec les casseroles immenses qui vont avec. Mais si tu as une famille de taille plus raisonnable conventionnelle, tu peux facilement doubler ou tripler les quantités lorsque tu fais un plat de façon à avoir de quoi manger plusieurs jours.
Pour que cela fonctionne bien attention à :
- ne faire ça que pour les recettes que tu maîtrises bien. Rien de plus frustrant que de gâcher 2 ou 3 fois plus de nourriture parce qu’on a fait un essai loupé.
- ne pas tout apporter à table. Surtout si certains membres de ta famille sont du genre à manger tant qu’il en reste dans le plat ! Remplis tes tupperware avant de passer à table.
C’est parfait pour les plats en sauce, qui peuvent ensuite se congeler et se substituer à un plat industriel plus tard, mais cela fonctionne également très bien pour tout ce qui est gâteaux. Lorsque je fais un gâteau, je double la recette et je mets le surplus dans des petits moules à cupcakes en papier. Une fois pris au congélateur, je conserve dans des sacs de congélation. Ensuite, il me suffit de les sortir du congélo pour avoir des petits gâteaux faits-maison en quelques minutes de cuisson.
Trouver de l’aide
Les industriels de l’alimentation l’ont bien compris, c’est dur impossible de tout faire toute seule. Pas un jour ne passe sans qu’ils sortent une nouveauté pour aider les mamans (oui, surtout les mamans, pas les papas, étonnant, non ?) dans leur quotidien surchargé.
Mais il n’y a pas que vers messieurs Picards et Thiriet que tu peux te tourner.
- Ta mère adore cuisiner ? Demande-lui de doubler ses recettes et de te faire des plats à congeler.
- Tu as une voisine retraitée qui s’ennuie. Elle sera peut-être ravie de venir t’aider à faire à manger le samedi matin pour profiter de ta compagnie !
- Organise un échange de plats entre plusieurs familles : chacun fait un plat familial en grande quantité et l’échange contre d’autres plats faits maison. Cela permet d’avoir un peu de variété tout en ne cuisinant qu’un seul plat.
- Les enfants aiment aussi cuisiner, juste pas à 18h42. Mais à un autre moment, ils peuvent être ravis d’écosser des petits pois ou d’équeuter des haricots verts. (Astuce : si tu en fais une course, ça marche bien !)
(Je n’ai volontairement pas évoqué ton homme ici parce que je suis sûre qu’il participe déjà à la confection des repas à hauteur de la quantité de nourriture qu’il ingère. Évidemment. Comme tous les hommes. Même pas besoin de le mentionner, n’est-ce pas ?)
Bon et sinon, toi, comment tu fais pour manger sainement avec tes enfants sans tomber dans la pizza tous les jours ou le stress permanent ? Raconte !