Aujourd'hui, je vais aborder un sujet encore très tabou : le parcours d'AMP. Le quoi ?? Oui oui, le parcours d'A.M.P, pour Assistance Médicale à la Procréation. Ça pourrait donner aussi « l'Aide Médico Psychologique », ou « l'Action Mondiale des Peuples » (je précise que Google m'a dit que ces autres acronymes existaient)… Mais non, ce n'est pas ça.
AMP, ce sont trois lettres dont je me serais bien passée, mais qui sont entrées dans ma vie il y a deux ans, peu de temps après la rencontre avec mon amoureux…
2010, la rencontre avec l'Amoureux
On s'est rencontrés avec mon homme à un mariage, il était mon voisin de droite (alors qu'il est de gauche normalement) mais moi ça me posait vraiment problème (qu'il soit à ma droite) parce que je n'entends rien de mon oreille droite. Je suis sourde de naissance d'une oreille (ça s'appelle une cophose et ça arrive à pleins de gens biens… la preuve !).
Donc, on se parle… Mais moi, je me contorsionne pour l'entendre. À un moment, avec le bruit autour, je ne comprends pas tout, mais il m'a dit qu'on habitait dans la même ville.
Je ne l'ai compris que le lendemain, quand il m'a proposé qu'on se revoit… Gros soulagement : il ne l'avait pas mal pris que je ne réponde que par monosyllabes parfois. Et au premier rendez-vous, un concert en plein air au bord de la rivière, coup de foudre, je le sens, c'est LUI. Et depuis, c'est l'AMOUR.
Crédits photo (creative commons) : Ryan Polei
Novembre 2011
On a franchit des étapes importantes avec l'Amoureux : on se connait bien, on vit quasiment l'un chez l'autre, on a fait de nos différences une richesse. (« Quoi, tu préfères passer une heure devant ta Playstation plutôt que d'aller voir ce très bon film islandais sous-titré avec moi ?! ») Bref, on s'installe ensemble en septembre, et je fais de la place pour ses jeux et ses consoles dans ma bibliothèque. L'art du compromis.
En novembre, on se fixe le challenge de faire un long parcours à vélo. Un soir, alors qu'on s'endort sous notre petite canadienne (en fait une tente Quechua 2 secondes… mais « tente canadienne », c'est plus Fleur bleue, tu me suis ?)… On se dit qu'on se lancerait bien pour avoir un bébé pour 2012. On pense prénoms, on est tout émus quand on se dit que j'arrête la pilule. On s'endort, et je rêve de la déco de la petite chambre de notre enfant…
Mars 2012 : toujours rien
Rendez-vous chez mon médecin généraliste…
Elle : « Quoi ? Pas de règles de règles depuis novembre ? »
Moi : « Non, rien, j'ai arrêté ma pilule, et depuis plus rien. Mais j'ai fait trois tests de grossesse, tous négatifs. J'aimerais savoir ce qui se passe. »
Elle : « Oh, certainement du stress, mais on va faire quelques analyses. »
Juin 2012
Les résultats sont revenus : ils ne sont pas bons. J'ai des kystes sur les ovaires, ça s'appelle le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). On n'y peut rien, c'est peut-être héréditaire, ça ne s'opère pas, ça bloque ou ralentit l'ovulation.
Moi : « Mais on peut quand même tomber enceinte avec ça ? »
Mon médecin généraliste : « Oui, mais il faut aller au CHU, au service de l'AMP. »
J'étais tellement sonnée que je n'ai pas demandé ce que ça voulait dire, AMP.
Fin juin 2012 :
Je me rends pour la première fois à l'hôpital, au service d'Assistance Médicale à la Procréation, qui se trouve…. je te le donne en mille… à la maternité.
C'est donc parmi les femmes enceintes que je fais mes premiers pas dans cet univers ultra-médicalisé qu'est le service de l'AMP. Ici on parle dates, cycles, traitement, don de sperme, etc…
Je suis prise en charge par une petite équipe, donc petit à petit, on se repère. Oui « on », parce que l'Amoureux a choisi de venir le plus possible avec moi aux consultations, prises de sang, échographies. Même si c'est un utérus vide que l'on voit pour l'instant et pas de battements de cœur en vue (tu sais, comme les moments hyper émouvants qu'on voit dans les films).
Les rendez-vous s'enchainent, leur but étant de déclencher un cycle, de le suivre et de me donner des médicaments pour stimuler l'ovulation au moment même de l'ovulation. Concrètement, une prise de sang chaque matin par une infirmière, suivie d'une échographie faite par une sage-femme et, un coup de fil à midi pour savoir où mon cycle en est et si je reviens en prise de sang-écho-etc. le lendemain.
Crédits photo (creative commons) : Jorge Gobbi
De septembre à décembre 2012 : la pause
Oui j'avoue, j'ai fait une pause dans le traitement.
Pourquoi ? Parce que je voulais m'investir dans mon nouveau poste. Que penser à autre chose qu'au traitement me faisait du bien, et que j'avais besoin de temps pour accepter la situation.
Et tu sais quoi ? Ça m'a fait un bien énorme. J'ai repris de l'énergie pour reprendre le traitement en janvier.
De janvier à juin 2013 : trouver le bon traitement
Il y a des mois où j'ai des règles, des mois où j'ovule aussi (victoire !). Le traitement évolue, un comprimé, puis deux, puis trois. Je sens qu'on tâtonne pour trouver le bon dosage, mais on avance, même si c'est très (trop) lentement à mon goût.
En juin, on prend rendez-vous avec le professeur qui nous suit, qui nous dit que ça fait un an qu'on est suivis et qu'on va passer à l'étape supérieure : l'insémination artificielle. Je me sens fébrile, parce que je ne me serais jamais imaginée devoir concevoir un enfant dans de telles conditions. C'est-à-dire dans un hôpital !!
Juillet 2013 : première tentative
Je découvre la joie des injections dans le ventre que mon Amoureux se charge de me faire lui-même. Puis quelques jours plus tard, j'ai mon rendez-vous pour la première insémination.
Mon Amoureux a rendez-vous 2 heures avant moi pour donner son sperme. Après, le laboratoire trie les meilleurs spermatozoïdes (les winners quoi !). C'est ensuite à mon tour d'aller à l'hôpital, seule, car mon homme a dû aller à son travail. Pourtant, je t'assure qu'il est là avec moi, quand, en position gynécologique, la laborantine apporte la seringue et lit son nom et le mien à haute voix. Je ne peux m'empêcher de verser ma larmichette.
Et là, l'attente commence. Je suis censée reprendre une vie normale, mais toutes mes pensées convergent vers mon ventre. Je suis hyper sensible et me mets à pleurer pour un rien. J'arrête l'alcool (temporairement, hein !) et j'essaie de me détendre, car oui, je suis en vacances !
Mais rien. Je ne sens rien. Au bout de deux semaines, je me rends dans un laboratoire d'analyses médicales pour la prise de sang-vérité. Mais le soir, quand j'appelle au labo pour avoir le résultat et qu'on me dit que c'est négatif, je suis déçue, mais je m'étais préparée à ce scenario. Pas mon amoureux… qui s'effondre et se mure dans le silence.
Les vacances nous font du bien. On se repose, on se retrouve… C'est pile à ce moment-là que l'Amoureux fait sa demande en mariage. Après trois ans de vie commune, de joies et de peines, il me dit qu'il est sûr de lui, que c'est avec moi qu'il veut faire sa vie. Que le bébé arrivera, qu'on doit avancer. Je suis depuis sur un petit nuage. C'est la plus belle preuve d'amour qu'il pouvait me faire. Faire confiance au temps.
Et depuis ?
J'attends encore quelques jours avant de reprendre le traitement. Je suis fixée sur l'organisation du mariage, c'est un sujet beaucoup plus léger que de surfer sur des forums sur l'infertilité (oui, oui j'avais commencé à le faire et c'est très flippant). J'envisage la suite du traitement comme une épreuve, mais comme on l'a fait déjà une fois, on sait désormais comment ça se passe. Et on reste confiants, très confiants.
Et toi ? Tu as suivi le même parcours ? Comment as-tu fait face aux mauvaises nouvelles ? Tu t'étais préparée ? Et ton amoureux, comment a-t-il réagi ? Raconte !
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !