Aujourd’hui, je vais te parler d’un problème qui a bouleversé un temps notre nouvelle vie à quatre…
Mon deuxième enfant est né en septembre. Tout s’est bien passé. À la maternité, en journée, mon fils était adorable, tout le temps contre moi en peau à peau, car il n’arrivait pas à réguler sa température… Mais la nuit venue, quand j’étais seule, commençait alors un véritable calvaire. Oui oui, un calvaire !
Une fois que je le posais dans son berceau, il commençait à pleurer, impossible de le calmer… J’étais dépitée, je passais mes nuits à essayer de calmer mon bébé. Les auxiliaires passaient régulièrement car elles entendaient le petit pleurer à l’autre bout du service ! Je me disais que tout allait s’arranger en rentrant à la maison, au calme, comme ça s’était passé avec ma première. Je me réconfortais comme je pouvais…
C’est donc confiante que je suis rentrée à la maison. Mais mon fils ne s’est pas calmé, le problème a même empiré ! Il pleurait sans cesse. Son seul moment d’apaisement (et encore pas toujours) : quand il était au sein, dans les bras et avec la chaleur de sa maman…
Crédits photo (creative commons) : Upsilon Andromedae
Je me suis mise à douter de mon allaitement, mon mari aussi, et notre famille aussi… Je te passe les réflexions (« Tu n’as pas assez de lait… » etc.). Tout ça accumulé, et avec la fatigue en plus, j’ai laissé tomber l’allaitement et je suis passée au biberon, en pensant bêtement que tout allait s’arranger.
Les jours ont passé, puis les semaines. Lors des visites chez le médecin, chez le pédiatre, rien du tout : mon bébé se portait bien (Dieu merci !). Je ne comprenais pas, j’étais perdue. J’ai beaucoup pleuré, et je me suis beaucoup remise en questions : « Je suis une mauvaise mère, j’ai dû rater quelque chose… »
Je crois avoir tout essayé : un lit plus petit, un lit plus grand, l’emmaillotement, un tee-shirt avec nos odeurs, et j’en passe… Mais non, Monsieur ne dormait que sur moi, ventre contre mon ventre, et il fallait que je tapote délicatement ses fesses pour qu’il trouve le sommeil… Autant dire que moi, je ne dormais pas beaucoup !
J’ai vu le temps passer, ma reprise du travail arriver, et j’ai pris peur, car j’étais exténuée… J’essayais de préserver mon mari, qui lui bossait la semaine. Il essayait de prendre le relais le weekend, mais je ne dormais pas pour autant.
La première pédiatre que j’ai vue m’a même sorti : « Mais Madame, vous avez déjà eu un enfant, vous savez ce que c’est ! » Merci Docteur, je ne suis pas débile, un bébé, je sais que ça pleure ! Mais je sais aussi qu’un bébé, ça ne pleure pas tout le temps ! J’étais déjà exténuée, au bord de la crise de nerfs, et Madame m’enfonce un peu plus ! Je suis sortie de là en pleurs, me sentant minable de ne pas réussir à calmer mon enfant…
Entre-temps, on a soigné mon fils pour ses coliques, puis pour un RGO. En voyant que tous ces médicaments que mon enfant engloutissait ne faisaient rien, je les ai finalement stoppés : visiblement, ce n’était pas ça…
Sur le conseil de ma « formidable » pédiatre, je l’ai laissé pleurer… Mon Dieu, quel supplice ! Je ne pouvais pas continuer cette méthode ! Mais j’avoue que ce moment où je l’ai laissé pleurer m’a fait le plus grand bien (ouh la, tu dois te dire que je suis une mauvaise mère !).
J’ai repris le boulot. Ça faisait trois mois que je n’avais pas fait une nuit. Et quand je dis « nuit », je te parle de seulement quatre heures d’affilée ! Mais quand tu dors avec ton enfant sur toi, tu ne dors pas du tout, car tu as trop peur de l’écraser… Au boulot, j’étais une loque : j’exécutais mon travail, point final.
Et puis un jour, j’ai rencontré au travail un médecin, et j’ai fini par lâcher le morceau. J’ai pleuré avec elle, et ça m’a fait du bien. Elle m’a alors conseillé un super pédiatre dans la ville où je bossais… J’ai donc appelé pour prendre un rendez-vous en urgence.
Il m’a reçue dans son cabinet, a vu mon calvaire, et m’a rassurée : ça n’arrivait pas qu’à moi, nous étions beaucoup de jeunes mamans dans ce cas… Nous avons donc commencé par un traitement probiotique pour calmer ses bobos de ventre. Et j’ai tout de suite vu du mieux : il a commencé à faire la sieste chez la nounou, puis à la maison. Même si la nuit était toujours un calvaire, la journée était mieux…
J’ai refait un point avec le pédiatre un mois plus tard. Nous étions en avril, une semaine avant les vacances de Pâques. Et le pédiatre a enfin mis le doigt sur le problème.
Il m’a demandé où dormait mon fils. Je lui ai expliqué que la maison était en travaux et que donc il dormait avec nous. Normalement, il aurait dû aller avec sa sœur, mais je ne pouvais absolument pas le mettre avec elle, car je ne voulais pas la perturber : elle allait à l’école, elle avait besoin de dormir. Il m’a alors dit : « C’est simple : vendredi, c’est les vacances, mettez-les ensemble, tous les deux. Détachez-vous de lui. »
En rentrant, cette idée avait fait son chemin dans ma tête. J’en ai parlé à mon mari, qui lui n’y croyait pas du tout… On a finalement décidé de le mettre seul dans la chambre de notre fille et de faire dormir notre fille avec nous (mon Dieu, encore une bêtise !) le soir-même.
J’avais le cœur lourd en le mettant seul dans cette chambre… Eh bien, figure-toi que nous nous sommes réveillés le lendemain à 7h ! On a sauté du lit et filé dans la chambre : on avait peur qu’il lui soit arrivé quelque chose… Eh non, Monsieur dormait ENFIN ! Monsieur avait trouvé le sommeil…
Pour le pédiatre, j’avais une relation trop proche de mon fils. Dans notre chambre, il étouffait. Il sentait notre stress et ne trouvait pas sa place… Moi, je pense simplement que mon fils avait besoin d’être seul. On a essayé de remettre notre fille avec lui, impossible : ça recommençait.
C’est comme ça que notre fille a dormi avec nous des mois durant (ça, c’est une autre histoire… mais je te rassure, trois ans plus tard, nous sommes enfin seuls dans notre chambre et tout le monde fait ses nuits… YOUPI !).
Et puis un jour, sur un forum, j’ai trouvé les mots : mon fils était un B.A.B.I, un bébé aux besoins intenses…
Aujourd’hui, il va bientôt avoir 3 ans. Il dort très bien, fait des grasses mat’ jusqu’à 11h parfois et des siestes allant jusqu’à 17h… Bref, mon bébé est un grand garçon, mais il reste cependant (et heureusement) très proche de moi. Toujours à me faire des câlins, à me dire je t’aime.
Cette période a bien entendu chamboulé notre vie et celle de ma fille, qui s’est sentie délaissée. C’est vrai, on ne s’est pas occupés d’elle comme on aurait dû. On s’est parfois énervés, alors que la pauvre n’était pas responsable de notre fatigue. Elle nous a d’ailleurs fait une grosse crise de jalousie par la suite. Elle ne trouvait plus sa place et je crois même qu’elle en a voulu à son frère pendant une période : elle était très méchante avec lui. On a dû beaucoup discuter avec elle. Sa maîtresse de l’époque a aussi remarqué son changement de comportement : elle faisait pipi pendant la sieste, elle était plus agressive…
Mais tout est rentré dans l’ordre aujourd’hui. Ils se disputent, mais c’est normal. Je prends plaisir à les voir jouer ensemble, se chercher…
Quand mon mari m’a parlé de faire un troisième enfant, j’ai beaucoup hésité. Ce que j’ai vécu est resté gravé dans ma mémoire. Revivre tout ça, je ne suis pas sûre d’y arriver. Mais qui vivra verra…
Et toi ? L’arrivée de ton deuxième enfant a bouleversé ton équilibre familial ? Tu as déjà eu à t’occuper d’un BABI ? Ton bébé a eu du mal à dormir la nuit (et toi aussi !) durant de nombreux mois ? Dis-nous !
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !