La dernière fois je te disais que tous les maux de grossesse que j'ai subi n'était pas pire que ce que je vais te raconter à présent. Tu meurs d'impatience de connaître le déroulement de mon accouchement ? Alors installe-toi bien et ne prends pas peur.
Pour te remettre dans le contexte, mon terme est le 2 septembre. Nous sommes le jeudi 28 août, et ça fait déjà une semaine que je trépigne d'impatience. Je suis prête moi. Mais a priori, pas le bébé. Alors comme tous les soirs, nous allons faire une balade à pied d'environs 45 minutes avec mon mari. Nous dînons, nous regardons un peu la télévision et nous allons nous coucher.
Je peine à trouver mon sommeil parce que je des grosses douleurs dans le bas du ventre, mais aussi dans le bas du dos, et selon l'intensité, dans les jambes jusqu'aux genoux. À ce moment-là, je commence à penser que ce sont enfin des contractions douloureuses, chose que je ne connaissais pas encore.
Je décide alors de retourner dans le salon pour ne pas réveiller mon mari. Et la nuit est très longue. Vers 2h du matin, je décide de mettre en route le chronomètre, et je constate que j'ai une contraction toutes les 6 à 10 minutes. Je gère plus ou moins mais je ne ferme pas l'œil de la nuit.
Vers 6h, en allant aux WC, je trouve ma culotte mouillée. Tout se bouscule dans ma tête. Serait-ce du liquide amniotique ? Je décide de prendre une douche, de réveiller mon mari et de lui suggérer d'aller à la maternité.
Nous sommes donc vendredi, il est 7h30, et nous sommes à la maternité. La sage-femme qui me reçoit m'examine. Elle constate que mon col est trop rigide et qu'il y a toujours le bouchon muqueux. Elle me fait un test pour vérifier s'il s'agit bien du liquide amniotique que j'ai pu voir dans ma culotte. Mais le test est négatif. Tu vois le topo ? « Vous pouvez rentrer chez vous Madame, c'est encore trop tôt. Je ne vous le souhaite pas, mais vous devriez arriver ici à 4 pattes et en pleurant. À ce moment-là, il sera temps ! » me dit le sage-femme. « Là, vous avez quand même plutôt la forme… » Ok ok, je suis déçue et blasée, mais nous rentrons à la maison.
La journée du vendredi se passe plutôt bien. Mes contractions sont à nouveaux bien irrégulières. J'en profite pour dormir. J'ai même la force de rejoindre mon mari en transports en commun au supermarché pour faire nos courses comme tous les vendredis. Nous rentrons, nous dînons, mon mari file faire sa randonnée roller hebdomadaire, et moi je reste à la maison. Je jongle entre le canapé, le ballon, des promenades dans notre 70m².
Bref, les contractions sont de retour et je passe à nouveau une nuit blanche, jonchée sur le canapé, peinant à trouver la position que me soulagera. Mais la douleur restant « gérable » et n'ayant pas d'autres symptômes annonciateurs de l'arrivée du bébé, nous restons à la maison.
Crédits photo : Studio BKT collection
La journée du samedi se passe. Le matin, j'ai beaucoup de contractions. Et puis ça se calme. J'arrive à faire une petite sieste. Ensuite, l'après-midi est assez insupportable. Mais tant bien que mal, je trouve l'énergie pour faire une balade à pied de 45 minutes par 30 degrés… Je dois m'arrêter plusieurs fois en chemin pour faire passer les contractions.
Je teste aussi le bain dans notre mini-baignoire où je tiens à peine assise, les jambes repliées. Mais ça soulage mes douleurs dans le dos. Le Spasfon ne me soulage pas du tout, en revanche.
Le soir arrive et les contractions s'intensifient en douleur et en temps. La seule manière pour moi d'être un poil soulagée, c'est debout, penchée en avant, appuyée sur une chaise/mon mari/une poignée de porte/tout ce que tu veux, mais debout ! Je suis au bout du rouleau, je suis épuisée, je m'effondre.
Nous dînons et nous partons à la maternité. Il est 22h quand nous arrivons. Sur les 10 minutes de trajet en voiture, j'ai 3 énormes contractions, évidemment incontrôlables en position assise. Horrible !
Par miracle, j'ai à faire à la même sage femme que le vendredi matin, qui me dit immédiatement : « ah oui en effet, vous n'avez pas la même tête ».
Elle m'examine et là, c'est le drame : mon col est toujours un poil rigide, et à peine ouvert à 1. Le monitoring montre bien mes contractions de manière régulière. Je suis incapable de rester allongée tellement je souffre.
La sage femme m'annonce qu'elle me garde, parce que de toute façon, je reviendrai dans la nuit. Dans la foulée, elle me pose un cathéter afin de m'injecter une poche d'un dérivé morphinique pour me soulager, et surtout me faire dormir. A 23h30, je sombre dans le sommeil, je n'ai plus mal, je suis complètement dans le gaz, mais je suis soulagée et c'est tout ce qui compte.
Vers 1h, la poche de morphine est vide, je sombre toujours, mais je ressens à nouveau la douleur. La sage femme vient alors m'examiner et comme par miracle, mon col s'est bien modifié, et même effacé, et il est ouvert à 2 doigts.
Il faut savoir que ce dérivé morphinique peut déclencher un peu le travail. Ça ne marche pas toujours. Mais ça a marché pour moi. Je passe enfin en salle de travail. Je suis prête à recevoir la péridurale. Sauf qu'il met du temps à arriver, l'anesthésiste. En attendant, je sombre toujours, mais me réveille à chaque contraction.
J'essaye de parler, mais je suis incapable d'aligner deux mots pour que ça ait du sens. Et le summum, c'est que j'ai des hallucinations !!! Oui oui ! Je vois Mickey…. Plus jamais je ne verrai Mickey de la même manière ! Évidemment, j'ai conscience de tout ce qui se passe dans ma tête. Mon mari ne sait pas s'il doit rire, s'il doit m'encourager dans mes délires, bref, c'est très drôle.
Vers 3h, j'ai enfin la péri (une belle rachi, en 5 minutes, je ne sens plus mes jambes). Dans la foulée, je me rendors paisiblement. Toutes les heures, la sage femme me met dans une autre position pour faire descendre le bébé.
Vers 8h, après examen du col, je suis à dilatation complète. Super génial. Je me rendors, parce que le bébé est encore trop haut. La sage femme me suggère des exercices de respiration. Je m'exécute, mais je lutte et tombe de fatigue. Mon mari me stimule un peu avec de la musique pour faire les fameux exercices de respiration.
Vers 10h, la tête est engagée. Je pousse une fois pour voir. Ce n'est pas évident, parce que je suis toujours autant groggy à cause de la morphine, et en plus je commence à avoir des nausées. Mais ma poussée est efficace.
Avant de me mettre au travail, nous expliquons à la sage femme que nous ne connaissons pas le sexe de notre enfant, et que nous aimerions le découvrir nous-même, si tout se passe bien.
Je pousse ensuite 4 fois avant que notre bébé soit posé sur mon ventre. J'entends son cri. Au fond de moi, je sais que tout va bien. Nous écartons un peu ses jambes, et nous découvrons alors que c'est une petite fille. Elle est belle, elle est toute rose, elle va tellement bien qu'elle reste d'abord en peau à peau sur moi, avant d'avoir ses premiers soins. Elle est calme, et je ne réalise pas encore ce qui s'est passé. Mon mari voit des bribes de la délivrance, parce que ça a été très rapide. Mais au fond, il n'y a qu'une chose qui compte, l'amour qui règne autour de notre famille.
Elle s'appelle Eulalie, elle est née le 31 août à 10h25, c'est notre petit trésor, et c'est son histoire que je viens de te raconter.
Je n'avais pas imaginé faire un faux travail pendant 48h, mais avec du recul, je n'ai aucun regret sur la manière dont s'est passé l'accouchement. Au final le vrai travail n'a pas duré si longtemps que ça, et je garderai un excellent souvenir de l'effet que ça fait de prendre de la morphine.
Et toi, tu as connu le faux travail ? Ou au contraire tout a été rapide ? Comment l'as-tu vécu ? As-tu pu gouter à la morphine toi aussi ? Raconte !
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Toi aussi, tu veux témoigner et raconter ton accouchement ? C'est par ici !