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Voir la vie en grand et vivre pleinement : ce que mes enfants m’ont appris sur la vie

« Quand je serai grande, je serai princesse. Et j’aurai 8 enfants. », déclare ma fille de 4 ans.

C’est ça, ma fille, c’est ça. Mais bien sûr…

Je trouve sa déclaration bien mignonne, mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est aussi bien ridicule. Et que ça lui passera en grandissant. Comme ça m’est passé à moi.

Puis je me reprends. Après tout, elle a l’air tellement heureuse à cette idée. Qui suis-je pour lui dire que c’est impossible ? Qui suis-je pour savoir qu’elle ne se mariera pas avec un prince ? Il y en a bien qui le font ! Et certes, 8 enfants, c’est beaucoup et complètement hors normes dans notre société, mais cela existe aussi.

Je réfléchis davantage, et je me dis que cette aptitude à rêver en grand format fait partie de ce que j’admire chez mes enfants. Les miens et ceux des autres d’ailleurs. Parce qu’ils ont beaux être chacun uniques et différents, mes enfants ont plus de choses en commun avec d’autres enfants qu’avec nous autres adultes.

Et ils ont tant à nous apprendre !

Les enfants croient qu’ils peuvent tout faire, par exemple. Et ils n’ont pas peur d’essayer.
Nous autres adultes sommes si souvent embourbés dans nos échecs passés. Alors plutôt que de tenter notre chance une nouvelle fois, nous nous cachons derrière des « ça ne se fait pas » et des « je n’y arriverai jamais ».

le jeu de la petite fille et les adultes lointains

Crédits photo (creative commons) : Janis Petranis

Les enfants voient le monde à travers leurs yeux tous neufs, pleins de curiosité pour tout ce qui les entoure.
Nous autres adultes avons déjà tout vu, tout fait, tout entendu. Et nous sommes trop blasés pour reconnaitre le bonheur quand il se présente sous la forme d’un nuage à contempler, une fourmilière à observer ou des dessins à faire dans une purée.

Les enfants ont des rêves fous. Et ils n’ont pas peur d’en changer pour d’autres aussi fous si l’envie leur en prend. Pourquoi ? Mais parce que pourquoi pas !?
Nous autres adultes avons si souvent oublié nos rêves. Parfois, nous avons même oublié qu’il nous était permis de rêver. Après tout, rêver, ce n’est pas raisonnable. Et un adulte se doit d’être raisonnable.

Les enfants partagent leurs joies et leurs peines avec leurs proches sans se censurer. Ils viennent chercher le contact et le réconfort auprès de ceux qui comptent pour eux.
Nous autres adultes éclipsons nos plus belles joies derrière de la fausse modestie et taisons nos peines par honte ou par peur. Nous nous isolons pour nous permettre d’être qui nous sommes en profondeur et ne laissons entrevoir que la surface de nous-même en public.

Les enfants se créent des mondes imaginaires passionnants dans lesquels ils sont les acteurs principaux.
Nous autres adultes avalons passivement sur nos écrans les aventures vécues ou imaginées par d’autres. Trop occupés, trop fatigués ou simplement trop effrayés pour nous lancer dans nos propres aventures. Et nous attendons le jour de la retraite en nous disant qu’enfin nous pourrons faire ce que nous voulons vraiment.

Les enfants marchent le nez en l’air et remarquent les jolis dessins que laissent les avions dans le ciel.
Nous autres adultes regardons par terre pour être sûrs de ne pas marcher sur une crotte de chien.

Les enfants sont là, présents, dans chaque instant.
Nous autres adultes sommes là, absents, devant nos écrans.

Alors que je contemple ma fille, je me demande ce qui se passe entre 5 et 25 ans pour éteindre les aspirations, les rêves et la magie dans le coeur d’autant d’entre nous. Ce n’est pas ce que je veux pour elle. D’ailleurs, ce n’est pas ce que je veux pour moi non plus.

Je veux vivre pleinement comme le font les enfants.

Alors je pose mon smartphone, j’ouvre vraiment les yeux et pendant que je regarde ma fille chausser sa couronne de princesse, si belle dans la lumière du soir, je reprends doucement mes rêves d’enfants.

Finalement ils n’étaient pas si loin.