Si tu as suivi mes derniers articles, alors tu sais déjà qu’au cours de la première année de bébé Loutre, je suis passé par une dépression post-partum, puis par un burn-out maternel et professionnel. Autant dire que mes relations avec ma fille en ont sérieusement pâtis. A 11 mois, elle était attachée à papa Poule comme une moule à son rocher ; et moi en face, j’étais paniquée à l’idée de m’occuper d’elle seule, j’avais terriblement peur de ne pas faire assez bien. Clairement, nous étions dans un cercle vicieux, et il fallait rapidement trouver une solution.
A quelques jours de Noël, j’ai alors été prise d’une furieuse envie de voir la mer ! Oui, je sais, étrange à cette période. Mais il faut savoir qu’enfant, je passais toutes mes étés dans un appartement de famille en bord de plage, avec mes grand-parents et mes cousins ; je détestais le soleil, le monde, les baignades, le sable qui colle et les vendeurs de beignet qui hurlaient, et pourtant cet endroit a collé à mon cœur, et c’est tout naturellement que j’ai pris l’habitude d’aller m’y ressourcer quand je me sens mal (mais plus jamais l’été, je ne suis pas folle !).
Crédit : photo personnelle
M’est alors venue une idée un peu dingue : j’allais partir quelques jours à la mer, seule avec bébé Loutre ! Et si pour beaucoup ça peut paraître simple, pour moi, qui était encore bercée de craintes et de maladresses face à mon bébé, ça demandait beaucoup de courage. Pourtant je l’ai fait : le lendemain de Noël, j’ai chargé le coffre de ma voiture, j’ai mis bébé Loutre dans son siège, et j’ai conduis. J’ai conduis vers les plus belles vacances de ma vie !
De quatre bras… à deux !
On entend souvent les gens dire, et plus particulièrement les mamans : « attend, je n’ai que deux bras! ». Pourtant, nous prenons vite l’habitude, lorsque nous sommes en couple, de vivre à quatre bras : tiens, prend bébé, moi je déplie la poussette et j’attrape le sac de courses. Evidemment, c’est donc la première chose que je n’avais pas prévu dans mon périple : toute seule, je n’avais que mes deux bras, et toujours un bébé à y placer.
Me voilà donc bien bête, sitôt garée face à l’appartement, avec mon bébé dans les bras et un coffre plein à craquer d’affaires à monter. N’étant pas une adepte du portage, pas d’écharpe pour me libérer les mains. Impossible de la poser, elle ne faisait encore que quelques pas seule, qui consistaient généralement à se rapprocher de cailloux ou de feuilles mortes pour les gober aussi sec. La poussette ne me serait pas d’un grand secours non plus face à la volée de marches à affronter. J’avoue avoir bien passé 10 minutes à trouver une solution : clairement, je ne suis pas Angelo la Débrouille !
Bon, évidemment j’ai fini par trouver, et si un jour tu te retrouves dans cette situation, je te donne mon secret : prend uniquement le bébé dans un bras, le lit parapluie dans l’autre, et tu pourras ainsi poser bébé en sécurité et au chaud dans l’appartement, et te taper en vitesse les quatre aller-retours nécessaire à vider ta voiture. Les doigts dans le nez !
Je ne fus donc pas épargnée, pendant ces quelques jours, par toutes ces situations où j’avais pris la mauvaise habitude de ne pas être seule. Et au final, arriver à gérer fut pour moi une grande fierté. Moi qui m’étais longtemps persuadée que j’en étais incapable, je gérais sans trop de difficultés toutes les journées avec ma fille. S’il me fallait souvent quelques instants de réflexion, je trouvais toujours une solution, et absolument aucun incident ne fut à déplorer de tout le séjour. J’étais capable d’être mère, ne restait plus qu’à être aussi sa maman.
Bébé, à la mer, en plein hiver… Ok mais on fait quoi ?
J’avoue que j’eu à ce moment-là une chance folle : il a fait magnifiquement beau toute la durée de notre séjour, et même plutôt doux pour la saison. Pas besoin de rester enfermées, ou même d’emmitoufler bébé dans une combinaison intégrale pour mettre le nez dehors. Entre les grasses matinées faramineuses de bébé Loutre (20h – 10h30 de nuit, qui dit mieux ?), et la nuit qui tombait somme toute assez vite, nous avons donc tout de même fait quelques activités.
1/ En route pour la plage !
Evidemment, pas question d’être à la mer sans profiter un peu de la plage. Balade au coucher du soleil, course avec les vagues, atelier découverte du goût du sable, observation passionnée des mouettes, nous avons pris un bon bol d’air marin, et nous nous sommes régalées.
Crédit : photo personnelle
2/ Petits et gros poissons
Même si Bébé Loutre est encore petite, elle a toujours eu une fascination pour les animaux : ça bouge, ça fait du bruit, et quand on a de la chance, ça se laisse même caresser. J’avais donc bon espoir qu’elle apprécie aller à l’aquarium, voir passer quelques poissons et requins : ça bouge, c’est coloré, et y a plein de lumières partout.
Crédit : photo personnelle
Je ne m’y étais pas trompé, bébé Loutre a adoré notre sortie : elle était littéralement scotchée aux aquariums, à essayer de suivre les poissons des mains. Elle en a profité pour crapahuter partout dans l’aquarium, faisant de plus en plus de pas toutes seules. Ce fut vraiment un moment magique !
3/ A dos de maman !
Et puis, avec ce beau temps, il était difficile de passer à côté de quelques balades. Habituée des randonnées depuis ses 6 semaines, bébé Loutre aime beaucoup le porte bébé. En général, elle peut passer plusieurs heures à chantonner et à baragouiner dans notre dos, sans soucis. La configuration était donc idéale pour que moi aussi, je puisse me faire plaisir, et faire un peu de tourisme culturel avec la demoiselle sur le dos. Et hop, en avant pour un petit tour des remparts d’Aigues-Mortes !
Rempli d’activités, notre séjour a donc filé à une vitesse dingue, et nous avons bien profité l’une et l’autre. D’autant plus que je m’étonnais à gérer le quotidien d’une main de maître.
Mais, est-ce que tu m’aimes encore ?
Cependant, ma plus grosse appréhension sur ce voyage ne se situait pas dans la gestion technique, pour laquelle je me doutais que des solutions existaient. Ce que je redoutais par dessus tout, c’est que bébé Loutre refuse de se séparer de papa Poule. Cela faisait des semaines qu’elle me repoussait, qu’elle n’acceptait de câlins et de réconfort que de la part de son père, et je craignais de ne pas être en capacité de gérer ses besoins affectifs, ses petits chagrins de nuit ou ses grosses crises de larmes.
C’était un risque à prendre, mais aussi une opportunité. Sans papa Poule dans son champ de vision, il n’était pas impossible que bébé Loutre accepte que je m’occupe d’elle. Elle restait généralement sans problèmes chez ses grand-parents, il y avait donc fort à parier que le problème ne vienne pas directement de moi, mais de la possibilité qu’elle avait au quotidien de se tourner vers Papa Poule plutôt que vers moi. Et je ne m’y étais pas trompé.
Dès le premier jour, je fus comblée de petites victoires : un moment dans mes bras, un câlin sur mon épaule, un réconfort nocturne collée serrée contre moi. Toutes ces moments d’amour dont j’avais perdu l’habitude, elle me les redonnait sans réserve. Elle ne me détestait pas, nous avions juste besoin de nous retrouver, toutes les deux.
Crédit : photo personnelle
Ces quelques jours ont alors littéralement changé notre relation. Ils m’ont redonné confiance dans ma capacité à être mère, à gérer le quotidien avec ma fille sans avoir besoin d’aide. Et surtout ils nous ont permis de renouer ce lien mère-fille qui s’était un peu effacé avec les difficultés que nous avions traversées. J’étais une maman aimante, et surtout une maman aimée, et c’était amplement suffisant pour enfin tourner la page. J’allais pouvoir retourner affronter le quotidien, sereine, apaisée, et remplie d’amour.
Allez, viens là mon bébé Loutre, c’est l’heure du câlin !
Et toi, est-ce que tu es déjà partie en solitaire avec tes enfants ? Est-ce que ça a permis de renforcer vos liens ? Quelles astuces as-tu trouvé pour gérer au mieux le quotidien ?