L'angoisse qui m'étreignait pendant le premier trimestre s'est naturellement évaporée au fur et à mesure que ma grossesse avançait, grâce aux premières (vraies) images de mon bébé, mais aussi grâce à plusieurs personnes du corps médical qui ont su m'épauler quand j'en ai eu besoin.
Le début des allers-retours à l'hôpital m'a beaucoup aidée également. Ça m'a permis de me projeter plus facilement : je n'ai jamais eu la phobie des hôpitaux (c'est peut-être parce que plusieurs personnes de mon entourage proche travaillent à l'hôpital), et je suis donc plutôt soulagée d'apprendre que dès le 4ème mois, tous mes rendez-vous médicaux auront lieu au même endroit que l'accouchement. Je ressens le besoin de me familiariser avec les lieux, d'y passer du temps pour que je ne m'y sente pas étrangère. Tout ça pour que pour que le jour J, j'arrive en terrain connu, histoire d'avoir au moins quelques repères à un moment où tout le reste est extrêmement stressant.
Le choix de cette maternité s'est également fait à partir de critères purement de confort : le petit jardin avec les vignes et les arbres fruitiers, le bâtiment neuf, lumineux et accueillant, le calme de la cour intérieure… Bref, plein de critères non médicaux ! (Bon, je te rassure, c'était également une très bonne maternité par ailleurs ! Le confort oui, mais pas à tout prix.)
Une autre option a également validé mon choix de maternité : les cours de préparation à la naissance avec l'option sophrologie. J'avais déjà eu l'occasion de faire de la sophrologie enfant, puis adolescente, pour gérer mon anxiété de manière ponctuelle, et cette méthode m'avait beaucoup aidé à l'époque. Du coup, j'ai été enthousiasmée à l'idée de retrouver ce soutien pour ma préparation à la naissance.
En comparaison des cours plus traditionnels proposés par la maternité, les cours de sophrologie permettent de commencer bien plus tôt la préparation (dès 6 mois et demi), la durée des cours est 2 fois plus longue (entre 2h et 2h30), et les groupes de mamans sont deux fois plus petits (pas plus de 8 à 9 mamans par cours, ce qui est très peu, en plein Paris !).
Crédits photo (creative commons) : Torsten Mangner
La sage-femme qui nous prépare est géniale : elle assure pratiquement uniquement le côté psychologique du suivi de grossesse. C'est justement le genre d'interlocuteur dont j'ai besoin : tellement de questions se bousculent dans ma tête ! Je vois tant de modifications dans mon corps que je n'arrive plus à suivre, je suis perdue quand je m'imagine maman, j'ai peur de la douleur, etc. Enfin bref, toutes ces questions si naturelles pour la pauvre naïve primipare que je suis !
Dès la première séance, la sage-femme instaure un climat de confiance, nous encourage à nous livrer et à raconter aux autres nos angoisses, nos petites joies et nos grandes frayeur. On est toutes assises en cercle avec nos gros bidons, et chacune à notre tour, on raconte notre grossesse. La sage-femme pose les questions qu'il faut pour délier les langues : « Est-ce un bébé surprise ou un bébé longuement désiré ? », » Est-ce qu'il a eu besoin d'une aide médicale pour s'accrocher ? », « Est-ce un petit garçon, une petite fille ? Et est-ce que vous en êtes contente ou déçue ? », « Comment a réagi le reste de la famille ? », « Est-ce que tout est prêt pour l'accueillir, ou reste-t-il encore tout à faire ? », « Et vous, comment vous sentez-vous ? Heureuse et fière, ou parfois aussi lourde et pleine d'appréhension ? ».
Nous nous racontons naturellement, chacune notre tour, nous apprenons à nous connaître : on se croirait vraiment dans un Club de Futures Mamans Anonymes ! Ça peut paraître un peu ridicule raconté comme ça, mais ça me fait un bien fou. Je ressors de chaque séance requinquée et rassurée : partager les bonheurs et les désagréments des autres permet de relativiser et de se sentir comprise.
Notre sage-femme insiste également sur l'après accouchement : quand le suivi médical s'estompe et que toute l'attention est focalisé sur le petit bébé d'amour, il faut veiller sur les jeunes mamans, warrior certes (pas bien le choix en même temps !), mais épuisées aussi ! Elle profite du jour de la venue des papas pour insister : ce sont les seuls à voir l'évolution de leur compagne avant et après la naissance, à vivre au plus près les bouleversements propre à l'arrivée de leur petit bout dans la famille. Et du coup, ils sont les mieux placés pour détecter un éventuel baby blues, voire une dépression post-partum. Les témoignages des femmes enceintes déjà mamans sont également très précieux, que ce soit en ce qui concerne l'accouchement, l'allaitement, ou même la dépression.
À chaque fin de séance, nous faisons la partie sophrologie : allongées sur le dos ou assises, les yeux fermés, nous nous laissons porter par la voix de notre sage-femme, qui nous permet de nous détendre en prenant conscience de chaque partie de notre corps. Elle nous encourage à nous projeter dans l'avenir : pendant les premières séances, nous devons nous imaginer dans les semaines suivantes, imaginer les nouvelles modifications de notre corps, de notre état d'esprit. Sa voix est apaisante, et comme j'enregistre chacune des séances, je peux les ré-écouter pour m'apaiser au cours des nombreuses insomnies qui se mettent à m'assaillir en fin de grossesse.
Au fur et à mesure de l'avancée des séances, nous devons nous imaginer avoir les premières contractions, prévenir le papa, nous rendre à l'hôpital. Vient enfin la séance où nous devons nous imaginer en plein travail, en train de pousser, d'avoir mal aussi, puis de découvrir notre petit bébé. Elle nous décrit les soins à la maman et au bébé.
Elle insiste également pour faire une séance de sophrologie où l'on doit imaginer notre accouchement avec une césarienne en urgence au bloc opératoire : j'avoue que sans ça, je n'aurais jamais envisager cette situation, et je n'aurais probablement pas eu les armes pour avoir le courage nécessaire en cas de complications le jour J.
Pour finir, elle nous propose également une séance décrivant le retour à la maison et les premiers jours avec notre bébé.
Ces cours sont bien sûr aussi l'occasion d'avoir de nombreux conseils. En ce qui me concerne, je me sens surtout angoissée par l'après accouchement : « Vais-je être capable de gérer mon bébé ? », « Est-ce que ça ne va pas être trop difficile, fatigant ? », « Est-ce que l'allaitement va bien se passer ? », « Et si ça ne va pas, à qui est-ce que je peux demander de l'aide ? ».
Celles d'entre nous qui ont déjà des enfants nous racontent comment se sont passés les premiers temps avec leurs aînés, quels ont été leurs échecs et leurs réussites, et ce discours me rassure : oui, tu vas avoir du mal au début, parce que c'est difficile et extrêmement fatigant de s'occuper d'un nouveau-né, alors que tu te remets tout juste de l'épreuve physique la plus éprouvante de ta vie. Mais en plus du bonheur que va t'apporter ton bébé, tu as des gens sur qui t'appuyer ! Le papa en tout premier lieu, mais aussi ta famille et/ou ta belle-famille (mais attention à fixer des limites pour ne pas te laisser envahir par leurs conseils et leurs critiques).
Notre sage-femme nous encourage également (voire nous oblige !) à prendre contact avec une sage-femme libérale qui passera à la maison 2 ou 3 fois dans les jours qui suivent la naissance, pour s'assurer que le bébé se porte bien, que la maman tient le coup, se remet doucement de son accouchement et que l'allaitement se passe sans problème.
Bref, je ne regrette absolument pas d'avoir passé tout ce temps à l'hôpital pour parler de mes humeurs entre copines de bidons : je pense que ces moments de calme, en-dehors de l'agitation quotidienne qui nous emprisonne – surtout quand on va jusqu'à la fin de sa période de travail (tout de même 8 mois et demi !) – m'ont permis de répondre à toutes mes angoisses concernant ma fin de grossesse, mon accouchement, et surtout le retour à la maison. C'est vraiment ce que j'attendais de ces cours de préparation à la naissance, et quand je discute autour de moi des autres formules, je me rends compte que mes amies jeunes mamans n'ont pas forcément été aussi bien entourées et préparées.
Bien sûr, comme tu l'imagines, j'ai gardé contact avec la plupart des jeunes mamans de mon groupe, et ça aussi, ça a été un vrai soutien dans les premiers temps (et encore maintenant !). Qui d'autre qu'une toute jeune maman peut répondre à ton texto de 4h du mat' « Au secours, il refuse de téter et je n'arrive pas à le calmer ! » par un simple, mais si salvateur « M'en parle pas, ça fait 2h qu'il pleure, je ne sais plus quoi faire… » ?
Et toi, tu as suivi une préparation à la naissance ? Quelle « formule » as-tu choisi ? Est-ce que ça te convenait bien ? Ça t'a aidé pour la suite ? Raconte !
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !