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Comment rester amoureux après 3 enfants ?

Mari-plus-tout-neuf et moi, nous sommes ensemble depuis 7 ans.

Oui, la barre « fatidique » des 7 ans. (Bon, 7 ans et 1 mois : je pense que c’est bon, nous tenons le bon bout !). J’ai entendu dire que l’Amour durait trois ans, et en vérité, c’est la première fois de ma vie que je reste aussi longtemps avec un homme. Autant dire que je nage dans l’inconnu…

Et puis, pour aller dans cette continuité, nous n’avons pas choisi la facilité : en 7 ans, nous sommes devenus parents trois fois. Oui, oui, trois fois. Je vois d’ici tes yeux ronds et ta bouche grande ouverte : ne t’en fais pas, nous avons l’habitude. C’est même devenu une blague dans notre entourage amical. « Ah oui, Sophie ? Elle est tombée enceinte dès que son chéri a posé le regard sur elle ! » (J’en ai eu les larmes aux yeux : cette blague m’a fait rire tellement elle était presque vraie.)

La première fois, notre fils est arrivé 10 mois après notre première rencontre. Notre deuxième fils, 13 mois après la naissance de notre aîné. Et notre petite dernière, deux ans après notre deuxième.

Alors je t’arrête tout de suite : tout n’est pas aussi rose que j’aimerais le raconter.

Nous avons traversé une grosse tempête quelques temps après la naissance de notre deuxième. Une tempête qui nous a séparé, quelques temps. Où j’ai connu la déception, l’amère constat d’avoir complètement raté le coche avec mon homme. Où je me suis retrouvée maman solo de deux petits loulous. Où je me suis posée ÉNORMÉMENT de questions. Où je me suis rendue compte que Chéri et moi, nous nous étions complètement perdus de vue.

Le schéma classique : le soir, après deux épisodes d’une série ou un mini film, nous partions nous coucher, à peine un bisou, on se tournait le dos. Quand il rentrait après 24 h de travail, il ne m’embrassait plus, il commençait à ranger avant de me dire bonjour. Quand moi je rentrais, je pestais après la vaisselle non faite, le repas où il ne me restait rien pour moi… Et petit à petit, nous nous sommes éloignés.

Et pourtant, on s’aimait. Très fort. À tel point que l’on s’est oublié, et que l’on s’est pris pour acquis.

La séparation n’a duré que quelques mois et a fait l’objet d’intenses réflexions, de mon côté comme du sien. C’est, je pense, ce qui a permis notre reconstruction. Se remettre ensemble ne s’est pas fait du jour au lendemain : il a fallu que je mette beaucoup d’eau dans mon vin, et qu’il fasse des efforts pour mieux m’aimer – ou en tout cas, mieux me le montrer. Mais cette séparation nous a fait beaucoup de bien et a été le point de départ de notre « nouveau » couple. Je sais que j’ai beaucoup de chances : généralement, quand un couple se met sur « pause », il y a peu de chances que ça réussisse. Pour nous, ça fait 4 ans que ça dure…

parents de 3 enfants comment rester complices et amoureux

Crédits photo (creative commons) : Travis Swan

Et d’ailleurs, comment mettre toutes les chances de son coté pour arriver à rester un couple quand on est avant tout (et malgré tout) d’abord des parents ?

Parce que je ne veux pas te mentir : devenir maman une première fois, c’est déjà un énorme bouleversement dans ta vie. En positif, bien sûr, mais quand je suis devenue maman de mon aîné, si je n’avais pas été entourée de « multipares », jamais je me serais doutée à quel point ma vie allait être bousculée. Ces changements sont immédiats, et irréversibles (je me rappelle même, à cause de la fatigue, quand mon fils est sorti de mon ventre, avoir dit à mon chéri : « ça y est, je suis foutue ! » ). Mais alors, quand on est maman d’une petite tribu de jeunes enfants, on peut facilement multiplier ces bouleversements par le nombre d’enfants dans la famille… Par trois fois, en 4 ans, je suis passée par les nuits pourries/les dents/les fièvres dus aux rhumes/les colères. Je peux te jurer que ça marque !

Mais l’arrivée d’un enfant bouleverse aussi le couple. Devenir parent n’est pas de tout repos. J’ai connu quelques couples se séparant avant les trois ans de leur enfant. Nous en avons fait partie. Il y aurait le babyclash, terme entendu récemment, pour définir ces séparations. Parce que l’arrivée d’un nouveau-né provoque une modification de l’équilibre du couple. Il devient en quelque sorte le catalyseur de ce qui allait ou n’allait pas dans le couple, avant son arrivée.

C’est ce qui m’est arrivé personnellement : mon deuxième a été un bébé très demandeur. Je ne compte pas les soirées que j’ai passées à le bercer. Le nombre de fois où je me suis relevée pour lui. J’ai repris le travail trois mois après sa naissance, et même si c’était un mi temps, j’étais littéralement épuisée. Et mon homme, qui est comme il est, n’a pas su me montrer sa présence dans ces moments difficiles. Nous nous sommes disputés un nombre incalculable de fois sur des choses qui me paraissent insignifiantes maintenant, mais qui, à cette période, étaient capitales pour moi. J’avais le sentiment affreux que je ne le méritais pas, que je ne méritais pas son attention, et son comportement (ou son abscence de comportement) corroborait ce que je pensais de moi-même. Et ça finissait par des cris, des larmes, des plaintes, des chantages… Alors, épuisés par ces disputes, épuisés par nos enfants, nous nous sommes petit à petit éloignés, jusqu’à la remise en cause même de notre couple.

Quand nos bases sont redevenues solides, après le come back de mon mari, notre fille est arrivée par surprise. Nous étions malgré tout heureux. Parce que tout était différent depuis notre séparation. J’ai cette impression encore aujourd’hui que notre couple est un autre couple. Avec des liens plus étroits entre nous.

Nous avons décidé de prendre du temps pour nous. J’avais remarqué aussi que nous ne nous disions pas « bonjour » ou « bonne nuit ». Pourquoi ? Peut être parce qu’il était tout le temps là, que j’avais le sentiment que tout était acquis entre nous. Après tout, après deux enfants, puis trois… Les petites attentions ponctuent notre quotidien. Rien de spectaculaire, par exemple, un épisode de ma série préférée qu’il a pensé à enregistrer. Un album que j’avais dit vouloir écouter qu’il commande. Mon café du matin déjà servi sur la table. De mon coté, j’ai « travaillé » là où je n’étais pas très fortiche : je ne suis pas quelqu’un de tactile. Je ne suis pas bisou, ni câlin. Or, mon homme est un éternel ado avec moi, et a besoin de ces contacts. Alors, je ne me force pas non plus (il ne faut pas exagérer !), mais j’ai remarqué que le prendre dans mes bras me faisait du bien à moi aussi.

La naissance de notre fille et l’année qui a suivi a été une épreuve de plus dans notre couple (je ne sais pas si je vais pouvoir te la raconter… il faut du temps pour digérer certains évènements). Mais une épreuve qui nous a soudés. Une épreuve qui a renforcé notre famille.

Quand j’ai été maman pour la première fois, très vite, j’ai eu envie de retrouver mon homme et de l’avoir rien qu’à moi toute seule. Ma sœur a donc joué la baby sitter. Et même si ça ne s’est pas super bien passé (le petit a beaucoup pleuré, et s’est miraculeusement arrêté quand nous sommes rentrés…), et que je n’ai pas réitéré l’expérience tout de suite, ça nous a beaucoup fait de bien de nous retrouver. Alors bien sûr, nos discussions ont d’abord été nourries par notre magnifique fils, ses exploits et ses nuits pourries, mais nous avons très vite dévié et parlé de tout et de rien.

Après notre deuxième, j’ai sauté sur l’occasion d’un concert à Londres de mon groupe favori pour proposer un weekend avec mon chéri. Finalement, ce qui m’a le plus plu n’a pas été le concert (même si j’ai adoré !), mais bien d’avoir profité de ces deux jours loin de notre cellule familiale, dans une ville dont je suis tombée amoureuse, avec lui.

Même si ça n’a pas empêché notre séparation, qui est arrivé quelques mois après, ce moment hors du temps nous a fait beaucoup de bien.

Et puis, à la naissance de notre fille et malgré ses nombreux problèmes de santé, nous avons continué à sortir. D’abord en famille, dans des minis parcs d’attraction couverts, à Mac Do et cie, avec nos deux grands et la petite. Au restaurant, parce que j’ai la chance d’avoir des garçons qui sont très calmes quand ils sont en société. Et puis que tous les trois (ma fille est un amour qui est d’une patience à toute épreuve), quand les garçons sont à la cantine. J’ai aussi de la chance d’avoir une famille et une belle famille toujours présentes pour leurs petits-enfants. Nous appelons parfois une super baby sitter, pour se faire une soirée. Nous n’allons pas bien loin, mais rien que se promener en se tenant la main fait un bien fou.

Quoi de mieux que des petites attentions au quotidien pour renforcer un couple ? Se montrer que l’on s’aime, pas seulement se le dire (personnellement, mon mari m’a dit peut être une dizaine fois « je t’aime »en 7 ans. Pas un grand bavard, n’est ce pas ?). Parce que le dire, c’est « facile » (quoique), mais le montrer est plus difficile.

Et surtout, j’ai découvert à travers mes lectures et dans ma vie de tous les jours que, dans un couple, nous ne sommes pas deux. Nous sommes quatre :

  • le couple en lui même,
  • les deux personnes qui le composent,
  • et le couple parental.

Le couple parental a un rôle primordial et surclasse tous nos autres rôles dans la société : quand nous devenons parents, nous sommes d’abord et avant tout parents. Le plus important est d’abord notre bébé. Le reste passe après. Rien de plus normal.

Mais je crois qu’il ne faut pas s’oublier soi-même. Je suis une maman, avant tout, et je ne l’oublie pas (de toute façon, je ne pourrais pas l’oublier, même si je le voulais…). Mais je me réserve des temps rien qu’à moi. Pas beaucoup, et tellement moins que dans ma vie d’avant mes enfants. Mais suffisamment pour recharger mes batteries. Parce que j’ai besoin de me retrouver, de me recentrer sur moi-même. Parce que j’ai trois enfants, et même s’ils sont d’adorables enfants en société, à la maison, c’est une toute autre histoire. Je ne suis JAMAIS seule. Je ne sais même plus ce que le mot « intimité » veut dire. Bien sûr, maintenant, mes aînés ont dépassé la petite enfance, et à 5 et 6 ans, ils me laissent maintenant tranquille quand je vais aux toilettes (quoique…). Mais ma dernière me suit PARTOUT. Je ne ferme même plus la porte des toilettes. Sinon, je suis perturbée par des petites mains qui toquent à la porte, et ça finit par des pleurs (on sait jamais, je pourrais tomber dedans !!).

Mon dernier bain remonte à il y a exactement 3 ans. Et encore, j’étais dans un spa, pour mon enterrement de vie de jeune fille, donc, sans enfants. Sinon, mon avant-dernier remonte à deux jours avant la naissance de mon aîné. C’est mon prochain objectif : prendre un bain parfumé. Je vais y arriver !

Me maquiller (j’avoue, je suis dans les stéréotypes : je suis une fille donc je me maquille, mais c’est surtout pour cacher mes horribles cernes) est un vrai casse-tête, et je passe mon temps à arrêter ce que je fais pour aider l’un à boutonner son pull, mettre du dentifrice sur une brosse à dents… Il y a même une fois où je n’ai maquillé qu’un œil, et où je ne m’en suis rendue compte qu’en passant devant la vitrine de la pharmacie. La honte suprême !

Alors, que faire ? Je n’ai pas de solutions toute faite, mais je peux te donner mes solutions qui me conviennent…

Je me suis entourée d’amies dans la même situation : je suis celle avec le plus d’enfants, mais toutes me comprennent et vivent les mêmes choses que moi. (L’épisode des toilettes est je crois récurrent chez tout le monde.) Une fois par mois, nous nous retrouvons chez l’une d’entre nous, et nous faisons la fête ensemble. Nous décompressons ainsi, sans les maris, sans les enfants. J’ai d’autres amies bien sûr, mais toutes sans enfants (j’ai à peine 30 ans, certaines commencent tout juste à penser à faire un bébé), du coup même si elles sont adorables, je ne me vois pas débarquer toutes les semaines chez elles avec mes trois enfants et mon mari… Parce qu’on en prend de la place ! Mais ça n’empêche que je vais les voir également, pour aussi parler d’autre chose que de couches, de trucs à la mode chez les petits, ou du dernier exploit de mon grand… Restée connectée à la réalité quand notre quotidien est ponctué de Trotro et cie (je schématise, mes enfants sont plus passionnés de trains que de Trotro, mais c’est la même galère, je t’assure).

Mon mari, de son coté, a aussi besoin de ses moments de décompression. Avec son travail, il fait pas mal de déplacements et dort beaucoup de fois dans le mois ailleurs qu’à la maison : il va du coup plus souvent manger une pizza avec ses collègues, il se fait même un ciné quand il en a le temps… Mais il a ses moments à lui, aussi.

Ne pas s’oublier soi, pour ne pas oublier l’Autre.
Je ne sais pas si c’est la clef du bonheur, mais pour nous, cette recette-là marche.

Et toi ? Ton couple a vécu des périodes difficiles ? L’arrivée des enfants a été particulièrement bouleversante ? Tu as connu ces périodes où on ne pense même plus à se dire bonjour ? Viens en discuter !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !