Hermy et Die Franzoesin ont toutes les deux accouché en novembre 2014. Et ce n'est pas leur seul point commun : elles ont toutes les deux décidé de prendre un congé parental d'un an environ pour s'occuper de leur bébé. À la fin de cette période, la première comptait les jours avant de reprendre le travail ! La seconde, à l'inverse, aurait beaucoup donné pour pouvoir prolonger un peu son congé…
Aujourd'hui, elles reviennent toutes les deux sur leur expérience et font le point. Pour peut-être aider celles qui hésiteraient à se lancer, elles te confient ce qu'elles ont aimé – ou pas – pendant cette année particulière.
Crédits photo (creative commons) : ND Strupler
Pourquoi avez-vous décidé de prendre un congé parental d'un an ?
Die Franzoesin : En Allemagne où j'habite, l'État permet aux parents de prendre un an de congé parental après la naissance (indemnisé à 60% du salaire initial). En contrepartie, il ne met presque pas de places de garde à disposition avant cet âge-là.
Certains couples décident de partager ce temps en deux (six mois pour la maman/six mois pour le papa), mais la plupart restent sur un modèle plus traditionnel : la maman prend un an. Dans notre cas, la question s'est posée, mais je tenais vraiment à rester un an avec mon bébé, ce que mon mari a accepté. Il me semblait que ça m'aiderait à m'investir dans ce nouveau rôle (qui m'était, à l'origine, un peu étranger).
Hermy : J'ai la chance de travailler dans un grand groupe, qui propose dans sa convention collective un congé maternité un peu plus long que la normale, et grâce à de nombreux autres avantages (en particulier le Compte Épargne Temps), j'ai pu cumuler assez de jours pour prolonger de plusieurs mois ce congé maternité sans diminution de salaire.
Je savais également qu'il serait plus facile de trouver une place chez une nounou ou d'obtenir une place en crèche si la garde du Choupi ne commençait qu'en septembre.
Dans quel état d'esprit étiez-vous avant ce congé ?
DF : J'avais confiance en ma capacité à m'occuper d'un petit bébé, car j'en avais côtoyé beaucoup dans mon entourage.
Après sept ans intensifs en poste, j'étais aussi ravie de pouvoir faire une pause professionnelle. J'avais une seule vraie crainte, en fait : la solitude et l'isolement. J'avais peur que mes collègues me manquent énormément. Je vis à l'étranger, de surcroît, et mon travail constituait jusqu'alors mon seul réseau social.
H : Au contraire de Die Franzoesin, je n'avais pas beaucoup d'expérience avec de petits bébés, et je savais encore moins comment bien m'occuper d'eux. Je n'avais pourtant aucun doute sur le fait que j'y arriverais.
Après un début d'année assez difficile au boulot (plusieurs personnes de mon équipe étaient parties et j'avais dû former les nouveaux arrivants), j'étais ravie de pouvoir faire une longue pause, même si je savais que mon boulot et mes collègues allaient très certainement me manquer.
Qu'est-ce que vous avez aimé ?
DF : Je dis souvent que mon congé parental a été une révélation, et c'est vrai. J'ai adoré prendre soin de mon fils au jour le jour, le soigner, le nourrir, l'admirer sans fin, adapter les journées à nos besoins. J'ai eu l'impression grâce à ce temps passé ensemble de pouvoir faire intimement connaissance avec lui et – je ne m'étais pas trompée sur ce point – de rentrer dans mon « rôle ».
J'ai aussi aimé les rencontres, nombreuses, que j'ai pu faire avec d'autres mamans. Du fait qu'en Allemagne, presque toutes les femmes prennent un congé parental d'un an, je n'ai pas eu de mal à en trouver d'autres très sympas dans ma situation. Et nous sommes devenues inséparables !
Enfin, j'ai découvert à cette époque la blogosphère parentale, et j'ai renoué grâce à elle avec l'écriture, une passion qui depuis ne me quitte plus.
H : La première année passe tellement vite ! Je suis vraiment contente d'avoir pu profiter pleinement du Choupi et d'avoir vu ses nombreuses évolutions sur cette période. Je pense (et j'espère) que nous avons tissé un lien fort durant ces quelques mois (même si des fois, j'en doute quand je vois comment il m'ignore au profit de son papa !!).
Je me suis vraiment épanouie dans mon rôle de maman, et j'ai acquis une certaine légitimité auprès des gens qui m'entouraient. Dans l'absolu, cette reconnaissance n'est pas vraiment importante, mais ça m'a fait énormément de bien moralement.
Qu'est-ce que vous n'avez pas aimé ?
DF : Je pense que cette période de congé parental n'a pas été la meilleure pour mon couple, et je pense que pour ma vie dans son ensemble, il était préférable qu'il ne se prolonge pas indéfiniment. Ce que je veux dire par là, c'est que j'ai mal vécu de ne plus gagner « suffisamment » d'argent : je tiens beaucoup à mon indépendance financière.
Par ailleurs, j'ai eu tendance durant cette période à ne plus vraiment prendre soin de mon apparence (par manque de temps et de motivation), et peut-être à un peu trop me focaliser sur mon fils (je suis de nature anxieuse et sans autre centre d'intérêt, j'imagine qu'à la longue, je serais devenue étouffante pour lui).
Enfin, le retour au travail ne se fait pas forcément sans douleur après une année d'absence : j'avais forcément loupé beaucoup de choses, et j'ai dû dans un premier temps me remettre à niveau.
H : Les premiers mois avec le Choupi ont été très difficiles physiquement et moralement. L'avant-diversification (les coliques et le refus des biberons) a clairement pesé sur mon moral et mon humeur, et ça a également mis à mal mon couple. Je suis une personne très (voire trop) organisée, et le manque de rythme des débuts m'a clairement empêchée de faire certaines choses (même si je pense que je me suis mise des barrières toute seule).
J'ai aussi un boulot où je suis dans l'interaction quasi constante, et le quasi zéro contact pendant plusieurs mois a été très difficile à gérer.
Pour finir, même si c'est plus futile, je n'ai pas aimé ma prise de poids pendant cette période. Je ne pense pas qu'elle soit due seulement au congé parental (la reprise de la pilule est fortement en cause également), mais ça me laisse un goût très amer.
Et si un jour, un deuxième bébé venait pointer le bout de son nez, vous prévoiriez quoi, cette fois ?
DF : Parce que j'en garde un souvenir merveilleux, j'économise déjà pour pouvoir rester un peu plus longtemps encore avec un éventuel deuxième bébé. Quinze/seize mois, ça me semblerait idéal pour apprendre à devenir une maman de fratrie.
Par ailleurs, j'aimerais davantage intégrer mon mari dans cette belle aventure – et ne pas faire de mon congé parental la raison pour assurer tout le temps sur tous les fronts. Mais je ne sais pas encore si tout ça pourra se concrétiser.
H : Bizarrement, même si j'étais pressée de reprendre le boulot au bout de dix mois, je pense que si c'était à refaire, je le referais. Alors peut-être pas aussi longtemps, mais comme Die Franzoesin, je suis en train d'économiser des jours sur mon CET pour pouvoir recommencer au besoin.
Je pense également qu'avec un deuxième, je serai mieux préparée à ce congé et que j'arriverai à mieux gérer cette période.
Que conseilleriez-vous à une amie (ou un ami !) qui hésiterait à se lancer ?
DF : Je lui conseillerais de bien réfléchir, notamment financièrement – pas parce que l'argent rend heureux, mais parce que la baisse de revenus du couple peut être délicate à appréhender.
Mais si elle en a l'envie et la possibilité, qu'elle n'hésite pas ! C'est une année merveilleuse, cette année de découverte de la maternité, qu'on n'a pas la chance de revivre une deuxième fois.
H : Clairement, l'aspect financier joue un grand rôle. Cependant, mon cas est différent de celui de Die Franzoesin : j'ai eu un salaire inchangé durant cette période. Et quand je vois ce que me coûte la garde du Choupi, je suis ravie d'avoir économisé sur ce poste.
Il faut aussi avoir conscience qu'en prenant un congé parental, on devient mère et femme au foyer. Les deux vont ensemble, mais ne conviennent pas à tout le monde. Malgré tout, je reste convaincue que c'est une formidable expérience et que si on en a envie, il ne faut pas hésiter.
Et pour ceux qui débutent un congé parental, un ou deux petits conseils ?
DF: Bien s'entourer et ne pas s'isoler me semble essentiel. Il faut parfois lutter un peu contre sa timidité, mais ça vaut le coup ! Il ne faut donc pas hésiter à provoquer un échange de numéros à chaque occasion : en cours de préparation à l'accouchement comme dans la salle d'attente du pédiatre ! C'est souvent dans ce genre de circonstances qu'on rencontre des personnes dans la même situation.
Mon deuxième conseil, c'est d'essayer de conserver un peu de « soi » : par exemple, de s'organiser une activité sans bébé régulièrement, histoire de souffler et de se retrouver.
H : Il ne faut pas hésiter à sortir de chez soi, que ce soit avec bébé ou sans. S'aérer est tout aussi bénéfique pour bébé que pour soi-même.
En cas de gros coup de mou, il faut aussi savoir réclamer de l'aide. Au bord de la crise de nerfs, je suis allée voir mon médecin, qui m'a prescrit des anxiolytiques. Et même si je ne m'en suis servie qu'une fois, les avoir à la maison m'a fortement rassurée. Enfin, il faut éviter de se focaliser sur les problèmes (ils passeront), et profiter à fond du reste.
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Et toi, tu envisages de prendre un congé parental ? Tu appréhendes ? Si tu as fait cette expérience, qu'en as-tu retenu ? Viens nous raconter !