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A la une / Témoignage

La peur du sexe de mon bébé, ou pourquoi on a décidé de garder la surprise

Eh oui, quand on voit le titre, on peut penser que je suis complètement maso : je sais, je sais, ça ne paraît pas bien logique tout ça ! Si j'avais tellement peur du sexe de mon bébé, pourquoi s'être torturée jusqu'au bout ? Ça te paraît contradictoire ?

Mais en fait, ce choix avait pour moi une vraie vertu thérapeutique.

Je m'explique. Depuis le plus jeune âge, je me suis imaginée maman, dorlotant et cajolant, éduquant mes hypothétiques enfants, les accompagnant dans les découvertes de la vie, etc… Oui, je sais, on n'est pas bien loin du cliché de la famille modèle, heureuse et champêtre, qui organise tous les dimanches un pique-nique dans les champs.

Bizarrement, dans mon imagination, je n'étais jamais dans un appartement minuscule de la région parisienne, à devoir galérer avec une poussette dans les transports en commun, ou en train de changer les couches d'un bébé tout rouge pleurant de douleur à cause des poussées dentaires… ! Mais bon, tout ça c'est une autre histoire, je m'éloigne du sujet.

Bref, tout ça pour dire que dans ces beaux rêves, jamais au grand jamais je ne me suis imaginée maman d'un petit garçon ! Pourquoi ? Probablement parce que j'ai grandi entourée de filles (sœurs, cousines, tantes) ? Parce que j'ai entendu plusieurs fois des réflexions d'amies de mes parents ou de cousines éloignées dire combien elles étaient déçues de n'avoir eu que des garçons. Il y a également très peu de fratries mixtes dans mon entourage.

séance photo bébé fille bonnet rose

Crédits photo (creative commons) : Charlotte

Tout cet environnement m'a tellement influencée que je me suis mise à redouter d'avoir un bébé garçon : « Et si je ne sais pas comment le rendre heureux ? », « Et si je me sens isolée au sein de ma famille ? », « Et si je fais un garçon aussi taiseux que son papa, comment vais-je communiquer avec lui ? ».

Bien sûr, toi qui est équilibrée et saine d'esprit, tu me lis et tu réponds à toutes ces questions par un : « Mais c'est exactement pareil avec une petite fille ? Pourquoi faire tant de différences ? ».

Oui, pourquoi ? Moi qui prône au quotidien l'égalité femme-homme, qui répète à qui veut l'entendre (ou surtout à qui ne veut pas l'entendre !) qu'il ne faut pas faire de différences, qu'une grande part des inégalités vient en fait de la misogynie induite par la société, et que les parents ont un rôle essentiel à jouer dans l'éducation de leurs enfants… Moi qui essaie de m'appuyer sur ces grands principes, pourquoi est-ce que je réagis comme ça ? Je ne veux pas ouvrir le débat ici, je veux juste mettre le doigt sur mes incohérences pour expliquer comment je me suis sortie de cette impasse.

Autre chose : je me sentais également extrêmement coupable de préférer avoir une petite fille. Comme je me rendais compte au fond de moi que mes raisons étaient assez inavouables, je n'osais pas vraiment en parler autour de moi. C'est là que ce blog m'a sauvée (j'en suis une lectrice assidue depuis !), puisque je suis tombée sur l'article de Miss Pop. Je me suis tellement reconnue dans ce témoignage que je m'en suis sentie soulagée : je ne suis pas horrible d'avoir une préférence, d'autres personnes éprouvent ce genre de sentiment !

J'ai donc réussi à en discuter autour de moi, et je me suis rendue compte qu'il était en fait rare que les personnes n'aient pas (ou n'aient pas eu) de préférences quant au sexe de leur enfant : quel soulagement pour moi, qui m'imaginais déjà en mauvaise mère, en train de rejeter mon petit bébé boy tranquillement tapit dans mon ventre….

Je l'avoue, je n'ai pas réussi dès le début à comprendre d'où me venait ce besoin profond d'avoir une fille. Mon amie de toujours, Cocci, m'a aidé à mettre des mots sur mes angoisses : ce n'était pas tant l'envie d'une fille que la peur de ne pas être à la hauteur avec un petit garçon qui m'étreignait. Et cette peur, si on la décortique, on se sent rend compte qu'elle est complètement infondée, et qu'elle s'appuie sur des clichés contre lesquels je dis pourtant lutter : un garçon va être plus comme ci, une fille plus comme ça, etc.

De son côté, Mister F. avait bien envie de garder la surprise, mais qu'il était aussi conscient de mes angoisses (et surtout comme c'est le plus merveilleux des hommes !), il m'a dit qu'il se rangerait à ma décision : si je veux savoir le sexe on le demandera, si je préfère conserver la surprise, ça lui va aussi.

J'ai longuement réfléchi, et je me suis dit que c'était peut-être le moment de me guérir de cette peur, que ce petit être que je sentais bouger et grandir en moi, que j'aimais déjà plus que tout, allait pouvoir me faire évoluer. Je me suis mise à l'imaginer en petit garçon, et d'ailleurs nous avons très vite trouvé le prénom de garçon (alors que pour le prénom fille, bébé était déjà là que nous n'avions pas encore décidé !).

Nous avons choisi une décoration neutre pour sa chambre : de toutes façons, je n'aurais pas aimé avoir une chambre toute rose ou une chambre toute bleue. Et d'ailleurs, la réaction de plusieurs personnes à ce propos m'a doucement fait rigoler : « Mais comment vous allez faire pour sa chambre, si vous ne savez pas le sexe ?! ».

Finalement, j'ai vécu mes derniers mois de en m'imaginant maman d'un adorable petit garçon, et je l'ai imaginé si intensément que cette image a pris le dessus sur mes rêves d'enfant et d'adolescente.

Pour finir sur le côté maso, j'avais tellement peur de regretter mon choix de ne pas savoir le sexe, surtout les derniers jours, dans l'angoisse des grands bouleversements qui attendent toute primipare qui se respecte, que nous avions demandé à l'échographe de nous écrire le sexe sur un petit bout de papier… Petit papier que je n'ai pas ouvert, jusqu'à la fin !

Et toi ? Tu te projetais uniquement avec une fille ou un garçon ? Tu as réussi à raisonner cette préférence au cours de ta grossesse ? Pour toi, ça nécessitait de connaître le à l'avance, ou au contraire de le découvrir à la naissance ? Raconte !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !